chapitre vingt-cinq.

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– Petra, dis-moi ce qui t’arrive, Bernie supplia, s’asseyant sur le lit de sa fille. Ça m’inquiète, tu ne t’es pas levée du week-end, tu n’as rien avalé non plus. 

Petra hoqueta alors que les larmes roulaient abondamment sur ses joues. Le coeur de Bernie se serra en sentant le désespoir dans lequel la chair de sa chair était plongée. ne savait pas ce qui avait pu se passer pour que sa fille se retrouve dans un état pareil. Elle fronça les sourcils, avant de poser une main réconfortante sur la couette sous laquelle elle se terrait depuis deux jours maintenant. 

– Je veux mourir maman. J’ai… J’ai fait quelque chose d’horrible. 

– Mon ange, parle-moi. Est-ce que tu as tué quelqu’un ? Est-ce que tu as mis en danger la vie de quelqu’un ? Non ? Eh bien, je ne vois pas ce qui pourrait être plus horrible que ça. 

Après quelques minutes d’un silence insoutenable, Petra finit par avouer, la voix blanche et les lèvres tremblantes : 

– Jadon m’a embrassé vendredi. 

Bernie écarquilla les yeux, surprise. Petra se remit à pleurer de plus belle, la honte et la cupabilité ravageant ses traits. 

– Je l’ai laissé faire, maman. J’ai même aimé ça. Je suis une personne abominable, je me dégoûte. Je ne sais pas quoi faire, maman, aide-moi. Je sors avec Jacob, je l’apprécie vraiment. Il compte pour moi, tu sais. Il me fait confiance, et moi, j’ai osé le trahir, je… je… Je n’ai même pas réussi à décrocher le téléphone, il essaye de me joindre depuis vendredi, mais je me sens si coupable, si sale, je… Je ne peux même pas lui en parler. Jadon et lui ne sont pas qu’amis, ils sont aussi collègues de travail, ils se voient tous les jours aux entraînements, doivent jouer les matchs ensemble. Je ne peux pas lui dire ce qu’il s’est passé, ça créerait trop de problèmes, je… Il a déjà eu une petite amie infidèle, je ne peux pas lui faire ça. Et Margaret, maman, Margaret… 

Petra était complètement paniquée. Ses prunelles embuées de larmes, son nez rouge et les tremblements de son corps étaient des appels à l’aide. Elle renifla, avant de se remettre à sangloter :

– Maman, je te jure, je m’en veux, c’est horrible. J’aimerai revenir en arrière et tout effacer. 

– Petra, Bernie prit sa fille dans les bras, tentant de la raisonner, puis elle lui frotta le dos pour la calmer. Arrête de pleurer, écoute-moi. 

Petra s’accrocha à sa mère comme un marin à une bouée de sauvetage. 

– Premièrement, tu n’as pas embrassé Jadon, c’est Jadon qui l’a fait. Et ça change pas mal de choses. Il savait que tu étais en couple avec son ami, ça ne l’a pas empêché de le faire. Crois-moi, tu n’as rien à te reprocher sur ce point-là. Deuxièmement, je comprends que tu te sentes coupable, que cette situation te fasse souffrir et que tu aies peur de blesser Jacob. Mais tu ne penses pas que ignorer ses appels et ses messages, te terrer dans ta chambre en refusant de lui parler soit la meilleure solution pour arranger les choses ? 

Petra savait que sa mère avait raison. Jacob ne devait rien comprendre en ce moment, elle repoussait toutes ses tentatives de contacts. Bernie passa une main dans ses cheveux roux, dardant un regard compatissant sur sa fille :

– A mon avis, tu devrais essayer d’en discuter avec Jacob le plus rapidement possible, même si ça risque de créer des tensions entre Jadon et lui. Tu sais pourquoi ? Parce que la confiance et l’honnêteté sont les piliers d’une relation saine, quelqu’elle soit. Si Jacob finit par l’apprendre, parce que tôt ou tard, tout finit toujours par se savoir, et par une autre personne de surcroît, comment est-ce que tu penses qu’il réagira ? Parle-lui, explique-lui calmement la situation, et je ne doute pas un seul instant qu’il comprendra, Bernie termina, et Petra approuva d’un hochement de tête.

Elle ignorait si elle était capable de le faire, mais elle se promit d’essayer.

– Allez, Bernie se redressa, l’encourageant à en faire de même. Tu vas prendre ta douche, tranquillement. Je vais te préparer un bon petit plat, puis on regardera la télé toutes les deux, d’accord ? Un bon film de Noël familial. 

Petra sourit pour la première fois depuis trois jours.

– Merci maman. 

– Ce n’est rien de grave, Petra. Même si tu penses que tout est contre toi, qu’aucun problème n’a sa solution, il faut que tu te persuades que les choses finissent toujours par rentrer dans l’ordre. Je suis là pour toi, mon ange. Je le serai toujours. 


VOISINS┃j.sancho (✓)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant