chapitre cinq.

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— Tu fais quoi les week-ends ? Jadon demanda en tendant une serviette fraîche à sa voisine. 

Pratiquement un mois s’était écoulé depuis que Petra avait fait sa rencontre. Ils se voyaient souvent désormais, et avaient noué une amitié qui se solidifiait au fil des jours. Petra se rendait régulièrement chez lui—surtout depuis que ses parents étaient retournés au Royaume-Uni une semaine auparavant—pour s’entraîner au football. En réalité, elle ne jouait pas beaucoup et préférait le regarder faire la plupart du temps. Pour sa défense, Jadon était si monstrueux qu’elle peinait à suivre le rythme.

— Quoi ? Petra rigola tandis qu’il lui faisait une passe. 

— Genre, qu’est-ce que tu fais avec tes amis ? Jadon explicita en se laissant retomber sur la pelouse de son jardin.

— Ah, Petra haussa les épaules avant de s’asseoir par terre à son tour.  Parfois, on va au cinéma, on se balade ou on se rend sur la Westenhellweg, la rue commerçante la plus animée de la ville pour faire des emplettes. Hilde et moi avons l’habitude d’aller au Cotton’s une fois par semaine. Tu sais, c’est ce restaurant qui se situe sur l’Alten Markt ? C’est nos dates hebdomadaires.

Jadon rit en hochant la tête. Petra sourit à cette vision. 

— Tu sais quoi ? On devrait tous sortir un de ces soirs, pour manger un bout et regarder un film. Hilde viendra avec nous, et tu pourras ramener quelques gars de ton équipe si tu veux.

— Ouais, Jadon acquiesça, ça sonne bien. J’en parlerai avec les mecs. 

Petra savait qu’il ne sortait pas beaucoup de chez lui—elle habitait à trois mètres de sa maison—alors cette virée lui ferait sûrement plaisir. Son meilleur ami, Reiss Nelson, vivait à plus de trois heures de route de Dortmund, et comme il était également footballeur, il était difficile pour eux de se voir.

— Super, Petra sourit, satisfaite par sa réponse, puis elle se redressa en prenant le ballon dans ses mains. Allez, monsieur le footballeur professionnel. Plus tu t’entraîneras, plus tu te perfectionneras.

Petra, balle au pied, se précipita ensuite vers les cages. Jadon se leva à la vitesse de la lumière, piqué par sa petite plaisanterie, et récupéra si facilement le ballon que la jeune femme n’eut même pas le temps de réagir. Elle secoua la tête en l’observant tirer un boulet de canon qui trouva directement les filets. Ce garçon était beaucoup trop fort pour son propre bien.

— Quoi, déjà fatiguée ? Jadon arqua les sourcils, provocateur. 

Ils continuèrent de jouer encore un petit moment. Lorsque Petra en eut assez de se faire humilier par des petits ponts, et de tomber à la renverse à cause de ses passements de jambe, ils décidèrent de faire une pause. Jadon l’invita dans sa cuisine, et ils burent des diabolos à la menthe en profitant de la climatisation. La maison était vide depuis le départ de Mae et Sean. 

— Tes parents ne te manquent pas trop ? Petra demanda, alors qu’il se servait de nouveau un verre de limonade. 

— Ça va, je les appelle tous les jours, Jadon haussa les épaules avec un sourire triste. Ce sont surtout Keisha et Shanice qui me manquent, j’ai l’impression que ça fait des années que je les ai pas vus. 

Petra hocha la tête, compréhensive. Jadon lui parlait régulièrement de ses deux soeurs de seize et vingt ans. Elles effectuaient encore leurs études en Angleterre toutes les deux, c’est pourquoi les Sancho avaient décidé de rester à Londres. Petra savait qu’il était très proche d’elles, et que leur complicité battait tous les records. 

— Vous avez prévu de vous retrouver bientôt ? 

— Non, Jadon secoua la tête avec une moue déçue. Ma famille vient passer les vacances de Noël à Dortmund. C’est dans quatre mois, faut que j’arrive à tenir le coup d’ici-là. 

— Je te trouve vraiment courageux, Jadon. Je voulais m’inscrire à l’Université de Madrid Espagne avec Erasmus l’année prochaine, mais j’ai peur de ne pas avoir la force de me séparer de ma mère, ou de Hilde.

— C’est sûr que c’est évident pour personne de déménager aussi loin de chez lui. Mais si tu crois en toi, et que c’est pour te permettre de t’épanouir, alors tu dois foncer sans trop te poser de questions. Emménager en Allemagne ne m’a pas trop dérouté, parce que je suis certain que c’est ce que je veux faire à long terme. Ma famille et mes potes me manquent évidemment, mais pour être footballeur professionnel, il faut faire des sacrifices.

Petra était suspendue aux lèvres de Jadon tandis qu’il descendait du plan de travail sur lequel il était perché depuis tout à l’heure.

— Si tu penses que faire tes études en Espagne pourra te rendre heureuse, alors vas-y, Jadon l’encouragea avec un sourire. De toute façon, dis-toi que tu pourras toujours revenir si la distance est trop difficile à supporter.

VOISINS┃j.sancho (✓)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant