chapitre dix-sept.

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Petra aimait beaucoup Jacob. Elle n’était pas amoureuse de lui ; Jadon continuait de lui parasiter l’esprit, et le fait qu’il soit son voisin n’arrangeait pas les choses. Mais petit à petit, au fur et à mesure de leurs rendez-vous et de leurs discussions, elle sentait qu’elle commençait à s’attacher à lui. S’engager dans une relation avec Jacob ne l’effrayait pas, bien au contraire. Il lui faisait du bien au moral, la rendait plus détendue. Les moments passés avec lui la plongeaient toujours dans un état de sérénité extrême. 

C’était ce qu’elle était en train de se dire tandis qu’elle échangeait des textos avec lui. Allongée sur son canapé, en short et dans un tee-shirt que Jacob lui avait donné parce qu’elle le trouvait très beau, Petra riait devant ses messages. Il ne s’entraînait pas aujourd’hui, alors ils avaient décidé de passer la soirée ensemble. Ils étaient en train de décider dans quel restaurant ils allaient se rendre—Jacob sortait des arguments bidons pour manger mexicain tandis que Petra bataillait pour des sushis—, lorsqu’elle entendit toquer à la porte. 

Muée par une flemme monstre de se relever pour ouvrir, Petra se contenta de hurler :

— Entrez ! 

Il s’agissait sûrement de Hilde. Elles étaient supposées se rejoindre pour passer l’après-midi à papoter, manger des cochonneries et regarder des séries jusqu’à ce que Jacob passe la récupérer. 

— Petra ? 

Petra sursauta, lâchant immédiatement son téléphone portable. Ce n’était pas la voix de Hilde qui provenait de l’entrée. C’était celle de Jadon. Elle enfila en vitesse ses pantoufles, détacha ses longs cheveux roux retenus en un chignon moche, puis se dépêcha de le rejoindre. Elle souriait comme une imbécile, mais l’expression sur son visage se fana bien vite en constatant qu’il n’était pas seul. Une jeune femme d’une vingtaine d’années était agrippée à son bras. De longs cheveux châtains, des yeux en amande farceurs et un corps parfait moulé dans une robe blanche à pois. 

— Salut Jadon. 

Petra essaya de paraître enjouée, sauf que le coeur n’y était pas. La bombe qu’elle soupçonnait sans peine être Margaret la dévisageait en silence. 

— Salut, j’espère que je te dérange pas ? Jadon chercha à s’assurer, et Petra secoua la tête pour lui signifier que ce n’était pas le cas. Je suis allé récupérer Margaret à l’aéroport ce matin, je voulais que tu la rencontres avant la fête de demain. So, Maggy, this is Petra, my German best friend. And this is Margaret, my girlfriend. 

C’était tellement douloureux que Petra avait l’impression que son coeur se déchirait en mille morceaux. Elle savait bien que sa petite amie existait, car il en parlait souvent, mais l’avoir devant ses yeux en chair et en os ne faisait que renforcer une pensée horrible ; c’était mort, fumé, enterré entre Jadon et elle. Cependant, elle accepta son sort et se força tout de même à sourire. Margaret ne comprenait sans doute pas l’allemand—langue indigeste et incompréhensible pour beaucoup d’étrangers—c’est pourquoi elle décida de basculer sur le mode anglais. 

Petra se félicita de regarder des séries en langue originale lorsqu’elle lui tendit une main amicale : 

— Bonjour, ravie de rencontrer. 

— Salut ! Margaret lui répondit dans un anglais venu de Londres, et au lieu de lui serrer la main, elle la prit dans ses bras. Je suis vraiment trop contente de te connaître, Jay n’arrête pas de parler de toi ! J’espère qu’il n’est pas trop pénible, il a tendance à se comporter comme un fuckboy en permanence.

— Hey, Maggy ! 

Jadon protesta pour la forme, et Margaret claqua un baiser sur ses lèvres pour le faire taire. Petra lâcha un petit rire, même si les voir aussi complices et heureux lui brûlait la poitrine. Elle devait pourtant être contente pour le footballeur, car même si elle était amoureuse de lui, elle était avant tout son amie. Jadon ne voyait pas sa copine et ses proches souvent depuis qu’il avait emménagé à Dortmund et que ses parents étaient retournés à Londres. Il devait sans doute être fou de joie d’avoir Margaret à ses côtés pendant une semaine. 

— Non, ne t’en fais pas, je le supporte toujours, Petra sourit, et Jadon le lui rendit. 

— Bon, j’imagine que tu dois avoir des choses à faire, on ne va pas t’embêter plus longtemps. Je donne une petite fête chez moi demain, pour que mes coéquipiers puissent rencontrer Maggy. Ça te dit de venir ?

Margaret la fixait avec de grands yeux, comme si elle se doutait de quelque chose. Alors Petra, pour ne pas sembler suspecte, hocha vigoureusement la tête. Elle pria assez fort pour que Jacob l’accompagne. 

Avec lui, tout devenait plus facile.

VOISINS┃j.sancho (✓)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant