VOISINS┃j.sancho (✓)

chapitre vingt-six.

Petra plaça soigneusement ses cheveux derrière ses oreilles, de sorte à dégager son visage. Le miroir dans l’entrée de sa maison lui renvoyait renvoyait une image affreuse d’elle-même. Avant de partir prendre le bus, elle enroula une grosse écharpe autour de son cou, de sorte à affronter le froid hivernal qui secouait Dortmund depuis quelques temps. En effet, une fois dehors, le vent glacé la gifla et elle enfonça ses mains dans les poches de son manteau. Au moment où elle descendait les escaliers de sa porte, Petra remarqua des cheveux crépus sous une casquette, et un regard noisette qui ne la quittait pas.

Jadon Sancho, sur le trottoir, à trois mètres d’elle. 

– Petra, je suis désolé, je–

Mais elle ne lui laissa pas plus le loisir de s’exprimer. Ne pouvait réprimer les sentiments de honte, de répulsion et de culpabilité qui la martelaient depuis des jours, Petra préféra prendre la fuite. Elle lui tourna délibérément le dos, mais Jadon continuait de crier son prénom. Il voulait lui demander pardon, la berner comme il le faisait depuis qu’ils s’étaient rencontrés, lui infliger les pires tourments. 

– Fiche-moi la paix ! Petra pesta, désemparée, alors que le footballeur britannique la rattrapait.

– Je suis désolé, vraiment, cette fois  ! Ne m’ignore pas, je te promets de ne plus jamais t’emb–

– Petra !

Petra leva la tête derechef, soulagée. Accoudé sur sa voiture, Jacob lui faisait signe. Un grand sourire plaqué sur le visage, il ne pouvait pas se douter un instant des troubles qui habitaient sa petite amie. Il avait dû être inquiet ces trois derniers jours, car elle n’avait pas répondu à ses appels ou à ses messages. Le footballeur danois avait sûrement dû vouloir lui rendre visite pour s’assurer que tout allait bien. Petra, en le voyant dans sa grosse parka kaki et son bonnet qui recouvrait ses cheveux blonds, se précipita alors pour le rejoindre. Jacob  ne semblait pas encore avoir remarqué la présence de Jadon, et elle espéra de tout son coeur qu’il ne le fasse pas. Elle aurait été incapable de lui répondre, pire encore, elle aurait pu lui révéler toute la vérité.

– Petra, attends ! Jadon hurla plus fort, et Petra se mit presque à courir.

Une fois qu’elle se trouva à la hauteur de Jacob, elle ferma les yeux et fondit sur ses lèvres. Elle embrassa son copain comme jamais elle n’en avait pris l’initiative depuis qu’ils étaient ensemble. Petra voulait oublier le goût des lèvres de Jadon sur les siennes, comme se nettoyer et se purifier au contact de celles de Jacob. D’abord surpris par cet assaut, ce dernier ne tarda pas à répondre à son baiser. Il enroula un bras autour de sa taille, puis introduisit sa langue dans sa bouche, à la rencontre de la sienne. C’était doux et agréable, mais le coeur de Petra ne s’emballa pas pour autant. Au contraire, une douce quiétude l’envahit, puis elle se pressa davantage contre le torse de Jacob. 

Au bout de quelques minutes, ils finirent par se détacher l’un de l’autre. Jacob, les yeux brillants, la contemplait comme s’il venait de la découvrir pour la première fois.

– Ouah, rit-il, un peu dérouté mais sincèrement heureux. Je voulais te pourrir, parce que je me suis vraiment fait un sang-d’encre pour toi, Petra. Tu ne peux pas imaginer, j’aime même téléphoné à Hilde... Mais après un tel accueil, qu’est-ce que je pourrai dire ? 

Les paupières de Petra se fermèrent, comme pour empêcher les larmes de s’échapper de ses yeux. D’un geste tendre, Jacob prit son visage en coupe dans ses mains. Il l’embrassa de nouveau, et Petra eut la sensation que la détresse disparaissait peu à peu. Pourtant, ce fut bien ces mots-là qu’elle chuchota une fois que leurs lèvres se quittèrent :

– Emmène-moi, Jacob.