chapitre neuf.

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La tension entre Petra et Hilde continua de croître après leur dispute au cinéma. En rentrant chez elle, Bernie lui avait demandé la raison pour laquelle elle rentrait si tôt. Petra lui avait menti en prétendant être malade, ne souhaitant pas que sa mère lui fasse la morale. Elle aimait énormément Hilde, et n’aimait pas que les deux jeunes femmes se disputent trop longtemps. Bernie aurait été capable de forcer Petra à parler avec sa meilleure amie le soir-même. Sauf qu’elle n’avait plus de patience pour faire cela une nouvelle fois. 

Petra descendit du bus et grogna lorsque le soleil éclatant l’éblouit une nouvelle fois. Il faisait réellement chaud aujourd’hui, ce qui était peu commun pour une fin du mois de septembre. Tandis que son car scolaire s‘éloignait, Petra déposa son sac par terre et ôta son épais pull gris. Elle le noua autour de sa taille, hissa ensuite son sac à main sur son épaule et commença à se diriger vers son lotissement. Petra en avait pour dix minutes à tout casser, mais avec la chaleur étouffante, elle eut l’impression de marcher dix jours.

Tandis qu’elle s’approchait de sa maison, elle commença à ralentir. Jadon se trouvait sur les escaliers face à sa porte d’entrée, concentré sur son téléphone portable. Il ne portait pas un de ses ensembles d’entraînement habituels, mais un pantalon de streetwear Nike jaune et un tee-shirt blanc qui lui collaient vraiment bien au teint. Petra inspira longuement en comprenant qu’il était sans doute en train de l’attendre, et elle se posta dans son allée. Jadon leva les yeux de son portable avant de sourire. 

— Salut, voisine.

Elle plissa les yeux à cause de la lumière aveuglante du soleil, et s’avança jusque sous son porche. Jadon se redressa en glissant son téléphone dans la poche arrière de son pantalon. Il semblait encore plus beau, ce qui dérouta Petra. Plus le temps passait, plus elle ne pouvait pas décoller son regard de lui. La jeune femme avait l’impression de tomber amoureuse de lui un peu plus à chaque seconde. Cette situation craignait vraiment. 

— Fait chaud, pas vrai ? Jadon lança cette banalité, et Petra acquiesça après avoir déposé son sac à main par terre. J’imagine que tu dois avoir beaucoup de devoirs, et de révisions à—

— Je ne veux pas être impolie, Jadon, mais est-ce que tu as besoin de quelque chose ? Petra le coupa, peinant à dissimuler son embarras.

— Je voulais juste discuter, Jadon se gratta nerveusement la nuque. L’autre soir, tu as quitté le cinéma sans un mot. Quelque chose est arrivé ?

Jadon la regarda longuement, patientant pour une réponse. Il devait déjà se douter de sa nature ; il ne fallait pas être devin pour comprendre que ses yeux cernés et sa mine défaite avaient un rapport direct avec son départ précipité la semaine précédente. Petra se contenta cependant d’hausser les épaules, l’air nonchalant, et de lui servir la même excuse qu’elle avait donné à sa mère la soirée dernière.

— Je ne me sentais pas bien. Est-ce qu’on peut en parler à l’intérieur ? Je suis en train de me dessécher.

Avant que Jadon ne puisse répondre, Petra déverrouilla la porte de sa maison. Elle fit signe au footballeur de s’installer où il le désirait dans le salon, puis elle se dépêcha de monter à l’étage. Dès qu’elle fut enfin dans sa chambre, elle s’empressa de se débarrasser de sa jupe d’uniforme. C’était elle qui lui donnait le plus chaud. Petra enfila à la place un vieux short de sport large, et un tee-shirt à l’effigie des Simpsons. Elle grogna en analysant sa tenue dans le reflet de son miroir ; c’était les seuls vêtements propres dont elle disposait.  

— Désolée, je devais me changer, Petra expliqua lorsqu’elle redescendit. 

Jadon hocha la tête, compréhensif. Ils burent ensuite un verre de Coca frais chacun, profitant du climatiseur qui diffusait un air froid en silence. Au bout de quelques secondes, Petra finit par se racler la gorge. Elle savait bien que Jadon attendait pour qu’elle lui donne la véritable raison de sa fuite, et bien que réticente à lui avouer—car elle ne tenait pas spécialement à répondre à des questions gênantes—, sa bouche parla pour elle. Petra détestait le mensonge, la dissimulation. Elle se sentait toujours coupable, même si elle ne faisait rien de mal en soi. 

— Écoute, pour être totalement honnête avec toi, je suis partie parce que j’ai eu une dispute avec Hilde. 

A sa confession, Jadon esquissa un sourire, comme s’il savait déjà tout. Petra fronça automatiquement les sourcils.

— Tu trouves ça drôle ?  

— J’ai parlé avec Hilde, moi aussi. Au début, elle a juste, tu sais, roulé des yeux et refusé de m’expliquer. Mais après avoir déposé Reiss à la gare, elle a tout laissé exploser, Jadon marqua une courte pause et Petra palit. Elle m’a racontée pourquoi vous vous êtiez disputés. 

VOISINS┃j.sancho (✓)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant