chapitre seize.

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— Salut, voisine.

Petra sourit en voyant Jadon sur le pas de sa porte. Son coeur s’emballa contre son gré lorsqu’il passa une main dans ses cheveux crépus. Ce garçon finirait par la mener à sa perte un jour.

— Hey, Jadon. Quoi de neuf ?

— Tu aurais du sel, s’il te plaît ? J’en ai besoin pour faire cuire des pâtes.

— Ouais, je dois avoir ça dans mes placards, Petra acquiesça, et elle ouvrit la porte en plus grand pour l’inviter à entrer. Tu ne voudrais pas manger autre chose que des pâtes ?

— C’est le seul truc que je suis certain de pas trop rater, Jadon haussa les épaules, un sourire flottant sur ses lèvres.

Depuis le départ de sa mère, il essayait de manger des produits sains pour maintenir la forme. Sauf qu’il ne savait pas cuisiner, alors il commandait des plats préparés quand il avait le temps, ou alors se nourrissait de pâtes, de riz et de tous les autres aliments qui ne nécessitaient pas beaucoup d’efforts de cuisson. Petra le savait, car cela arrivait souvent une Jadon l’appelle ou balance des cailloux à sa fenêtre pour lui demander des conseils culinaires.

— Je peux te faire à manger, si tu veux, Petra proposa, très sérieuse. Et puis tu sais bien que si tu veux venir dîner à la maison avec ma mère et moi tous les soirs, ça nous ferait très plaisir. Ma mère n’arrête pas de te le répéter en plus. Il faut que tu te nourrisses correctement. L’alimentation, c’est une chose super importante pour un athlète.

— Merci, Petra, Jadon la railla, quand même touché par ses mots. Tu veux pas devenir mon agent après tes études ?

Petra ignora sa pique, se contenant de rouler des yeux alors qu’ils entraient dans la cuisine.

— Kartoffelsalat, ça te tente ?

Jadon hocha la tête, les yeux brillants. Il s’installa confortablement sur le plan de travail—car au cours de ces dernières semaines, monsieur avait pris ses petites habitudes—et regarda son amie s’activer. Il la fixait peut-être avec un peu trop d’intensité, étant donné que Petra finit par se retourner vers lui, lui lançant un regard interrogateur. Jadon humidifia ses lèvres, sourcils froncés, avant de déclarer avec nonchalance :

— Jacob m’a demandé ton numéro la semaine dernière.

Et d’après les dires de Jacob, ce dernier avait dû ramer pendant des heures à l’entraînement pour que Jadon accepte de lui donner son numéro de téléphone. Petra lui offrit un sourire gêné, ne voulant pas trop s’attarder sur ce sujet avec lui. Jadon savait que Petra était amoureuse de lui, même si c’était devenu un sujet tabou. Ça aurait été trop compliqué de lui expliquer qu’elle fréquentait un de ses amis à présent. Ainsi, elle préféra rester évasive :

— Oui, je sais.

Ce n’était pas tout ; ils étaient même sortis au Westfalenpark de Dortmund quelques jours auparavant. Malgré son flegme apparent et sa façade de froideur, Jacob s’était révélé être assez timide. Ils avaient passé un moment agréable malgré tout, et ils parlaient régulièrement par messages depuis leur rendez-vous. Ils avaient prévu de remettre cela dès que l’emploi du temps chargé de Jacob le leur permettrait. Il passait la plupart de ses journées au centre d’entraînement quand il ne jouait pas les matchs, et les jours de repos que le club lui accordaient étaient justement faits pour qu’ils se repose. Comme Jadon, en fait.

Jadon haussa les sourcils, et Petra baissa les yeux sur les pommes de terre qu’elle venait de laver :

— Alors, lui et toi, vous êtes... ?

— Amis, Petra le coupa, trop vite pour que ce soit la vérité. On est seulement amis, Jadon. On a sympathisé durant la soirée au Kremler’s et on a décidé de se revoir, histoire de faire un peu plus connaissance. C’est un garçon sympa.

Jadon esquissa un sourire, un peu ironique.

— Ouais, je sais bien. Il peut sembler un peu froid au début, mais Jacob est un super mec.

Petra se pinça les lèvres tout en continuant de préparer la salade. Elle espérait de tout son cœur que Jadon trouve un autre sujet de discussion, car elle ne supporterait pas longtemps de devoir parler de sa vie sentimentale avec lui. Malheureusement, le sujet qu’il décida d'aborder par la suite ne valait sans doute pas mieux que l’ancien.

— Au fait, Margaret vient me voir à Dortmund dans deux semaines. Elle a eu une semaine de vacances, alors elle a voulu qu’on en profite pour passer du temps ensemble. Elle est tellement merveilleuse, si tu savais. Je lui parle beaucoup de toi, elle est super impatiente à l’idée de connaître la première amie que je me suis fait en Allemagne.

Petra s’était figée pendant que Jadon parlait, le cœur fissuré et le cerveau en vrac. Il avait cet air béat sur son visage en évoquant la visite de sa petite amie, ce qui la plongea un peu plus dans la tristesse. Cependant, elle s’efforça de ne rien laisser paraître, comme si ce coup de massue ne l’affectait pas du tout. Petra réussit même la prouesse de sourire :

— Oh, c’est super ! Je suis vraiment contente pour toi ! Tu dois avoir hâte.

Jadon approuva d’un drôle de hochement de tête.

— Je fais qu’y penser depuis que je sais qu’elle va venir. J’ai surtout hâte que tu la rencontres.

VOISINS┃j.sancho (✓)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant