chapitre onze.

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— Hilde ne va pas le croire quand je vais lui dire que tu as une petite amie.

Jadon rit avant de faire une jolie passe à sa voisine. Ils jouaient au football dans son jardin depuis quelques minutes maintenant, et plus la jeune femme y pensait, moins elle parvenait à le croire. Cela faisait pratiquement deux mois que Petra fréquentait Jadon, et ce dernier n’avait au grand jamais mentionné de Margaret dans une de leurs conversations. C’était probablement parce que leur relation était récente et secrète. En faisant des recherches sur Internet, Petra n’avait rien trouvé au sujet de la copine de Jadon. 

— Je lui ai déjà dit, en fait. Elle le sait depuis la soirée au cinéma, je lui ai parlé de Maggy après que tu sois partie et qu’elle m’a expliqué les raisons de votre dispute, Jadon explicita, et Petra se décomposa. J’aurai pensé qu’elle te l’aurait dit… 

— On est en froid, en quelque sorte. Les filles ne s’entendent pas quand elles apprécient le même garçon. Et surtout quand elles se disputent à propos de lui, et que l’une laisse en plan l’autre dans une salle de bains, Petra haussa les épaules, comme pour se donner un air nonchalant. 

Mais la situation lui pesait énormément. Sa meilleure amie lui manquait plus qu’elle ne l’aurait imaginé. Hilde était exubérante, envahissante, adorait se faire remarquer et avait un caractère bien trempé. Cependant, Petra l’adorait telle qu’elle était, ne l’aurait changé pour rien au monde, et même si elle ne voulait pas l’avouer, souhaitait recoller les morceaux avec elle. Jadon dut remarquer sa tristesse étant donné qu’il lui offrit un sourire réconfortant : 

— Ça va s’arranger, Petra. Vous êtes les meilleures amies du monde, je crois même que vous nous dépassez, Reiss et moi. Vous ne pourrez pas rester fâchées l’une contre l’autre éternellement. 

Petra hocha la tête avec un petit sourire, pourtant pas convaincue. Jadon attrapa son téléphone portable, et jeta un coup d’oeil à l’heure que son écran affichait. Il se lécha ensuite la lèvre inférieure, l’air concentré. Petra se fit violence pour ne pas baver sur lui. C’était difficile de réfréner son attirance—l’excuse des hormones ne fonctionnaient plus—pour une personne dont on était amoureux, alors elle se répéta qu’elle ne pourrait jamais l’avoir. Le footballeur britannique appartenait à Margaret. 

— C’est seulement quatorze heures, tu n’as pas cours cette après-midi, je me trompe ? Jadon souligna, et Petra acquiesça. Cool, qu’est-ce que tu dirais de téléphoner à Hilde, pendant que moi, j’appellerai mes amis du BVB pour aller manger un bout ? Tu n’as pas encore mangé je suis sûr, vous déjeunez super tard en Allemagne. 

Petra était trop fatiguée des cours, de la chaleur insupportable, et des heures de sommeil qu’elle avait perdu durant cette semaine pour être en mesure de sortir. Elle ne désirait pas non plus affronter Hilde tout de suite. Petra avait peur que Hilde n’ait pas encore digéré leur querelle, et qu’elle lui en veuille. A contrario d’elle qui ne se considérait pas vraiment comme une personne rancunière— la preuve, elle avait déjà oublié les paroles blessantes que sa meilleure amie avait eu à son encontre—, Hilde était capable d’en vouloir à quelqu’un pour une chose futile pendant plusieurs semaines. 

— Peut-être une autre fois, je ressemble à un démon et j’ai trop la flemme de m’arranger, Petra s’excusa, et Jadon approuva d’un signe de tête compréhensif.

Pour se rattraper, elle lui proposa de préparer le repas du midi après avoir pris une douche. Jadon n’eut pas d’autres choix que d’accepter son offre ; ça faisait tellement longtemps qu’il n’avait pas mangé de plats faits maisons qu’il aurait presque tué pour une soupe chaude. Tout content et pressé de goûter à sa cuisine, il commença à marcher en direction de la maison de Petra, et cette dernière le suivit en riant. Elle était heureuse de le voir aussi excité par un truc banal, même si l’étau qui lui enserrait le coeur à chacun de ses éclats de rires ne faiblissait pas. 

Jadon avait déjà quelqu’un, après tout. Petra devait se faire une raison à présent. 

En saisissant son téléphone portable dans la poche de son bas de survetement, elle commença à taper le prénom de Hilde parmi ses contacts. Lorsqu’il apparut, elle se mit automatiquement à taper un message. Sauf qu’avant de l’envoyer à sa meilleure amie, Petra suspendit tous ses gestes, se mordit l’intérieur des joues. Mieux valait attendre encore un peu, n’est-ce pas ? Elle n’allait tout de même pas l’inviter à sortir avec les amis de Jadon comme si rien ne s’était passé entre elles, ce serait beaucoup trop bizarre et donnerait sans doute lieu à une autre dispute—ou pire, une situation gênante. 

Petra n’eut pas le temps de cogiter plus longtemps. Jadon l’attendait pour déjeuner. 

VOISINS┃j.sancho (✓)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant