Les rêves dont on est le héros sont des scénarios où l'on est soi-même dans une position prééminente, cruciale, où la survie de l'univers ne tient qu'à nous. En résulte une tension dramatique et émotionnelle forte, un rêve surtout centré sur la course poursuite, souvent face à des obstacles du style sables mouvants ou labyrinthes, qui nous résistent mollement mais sûrement, et qui sont là pour incarner notre sentiment de vaine lutte au quotidien contre un ordre mondial qu'on sent injuste, contre lequel on veut se rebeller, mais combat dans lequel on se sent au final impuissant et responsable ou complice de l'inaction soumise au système qu'on désapprouve.
Aujourd'hui, c'est mon rêve un peu loufoque de la nuit que je vais raconter.
Avec quelques connaissances difficilement identifiables, je suis redevenu une sorte de collégien/lycéen en mode commando, et on passe le rêve entre progression furtive et course contre la montre à traverser une ville lambda via un métro aux allures d'aire de jeu pour enfants labyrnthique, avec par exemple une entrée dont les escaliers sont réduits à une pente raide qu'il faut descendre sur les fesses, la première glissade entraînant le revêtement mal collé, où une orientation permise par des bandes striées dont les alternances de couleur symbolisent les lignes de métro..
Le truc agaçant, c'est que les autres membres du commando semblent sans cesse me distancer et me perdre en ne tenant pas compte de la mission et en se montrant puérils, par exemple en me dissimulant mon sac à dos. Ou que je suis retenu par une envie d'uriner que je ne cesse d'échouer à soulager dans les endroits les plus étonnants - merci la fin de nuit.
Enfin, on arrive à proximité du lieu de la mission : un camping barricadé qui abrite un camp électoral avec les mobile-homes des candidats et de leur staff.
Notre objectif est un gigantesque mobile-home blanc marqué d'un nom/slogan bleu, blanc et rouge à l'américaine. On en espionne les fenêtres et on voit passer l'ombre d'une jeune femme dont je reconnais le profil dessiné par la lampe sur le store : Marine Le Pen.
On réussit à pénétrer, peut-être par une sorte de chatière, et on progresse sans trop rencontrer de résistance. Jusqu'à la chambre où notre cible semble allaiter son fils de six ans dans un grand lit qui semble le seul mobilier de la pièce.
Le "petit" s'enfuit, laissant un caleçon trempé de pisse qui suscite notre dégoût, puis ramène sa nounou, sorte de gouvernante anglonazie, qui demande ses instructions à la mère. Marine Le Pen prétend nous accueillir et vouloir nous parler.
Je m'approche du lit de la blonde, qui est plus jeune qu'aujourd'hui, et elle extirpe avec cérémonie une boîte anonyme en me demandant si j'aime... un certain footballeur dont j'ai oublié le nom. J'acquiesce mollement, partagé entre mon ignorance des joueurs et mon refus de coopérer avec l'ennemi à abattre qui me paraît si pathétique dans sa sordide vie de mère isolée dont le fils semble attardé et glauque, un peu comme sa mère, au final, qui me regarde avec des yeux d'enfant perdue. Puis elle sort de la boîte des petits carrés de papier blanc dont chacun comporte le nom d'un joueur de l'équipe de foot de France, écrit au feutre comme les enfants font de petits jeux de cartes en découpant maladroitement des feuilles.
Enfin, elle me montre la fiche du joueur avec son nom, puis complète son explication en me révélant qu'elle me demande si je le connais et si je l'aime parce que, en général, les gens qui l'aiment, lui, sont hostiles à son coéquipier tout aussi célèbre.
Et c'est sur cette analyse sociopolitique de grande qualité que j'achève mon rêve en sortant du sommeil.
==> Un peu délirant, me direz-vous ? Eh bien, pas tellement, considérant mon pedigree.
Voyez-vous, j'ai le complexe du sauveur. Comme ceux qui me suivent et me lisent ont dû le remarquer.
Observateur du monde depuis toujours, j'en perçois les injustices et les illogismes avec acuité, et je crois en connaître les solutions. De même, je crois percevoir chez la plupart de mes semblables une ignorance et une indifférence qui me donnent le sentiment un peu prétentieux d'être plus lucide que nombre de mes contemporains - et donc de devoir leur sauver la peau, au final.
Ici, ce n'est pas autre chose, puisque la mission d'importance consistant à éliminer la voie de la haine se heurte à l'inconséquence puérile de ceux sur lesquels je suis censé m'appuyer, de même qu'un monde indifférent semble poursuivre sa vaine routine quotidienne tout en me ralentissant dans ma quête.
Néanmoins j'arrive à bon port, tel le Terminator du film prêt à changer l'avenir en modifiant le passé - et je vous recommande, en lien avec ce drôle de rêve fantasque, la lecture de la nouvelle que j'ai écrite en collaboration avec Ambros, et qui emprunte fortement à cette thématique : Le Monstre (https://www.wattpad.com/myworks/146758130-le-monstre), disponible sur mon profil.
Enfin, la manière dont Marine Le Pen mène son interaction avec moi est intéressante, puisqu'elle quitte le champ politique pour le football et les querelles de personnes et de fans, ce qui induit en effet une interprétation très pessimiste de notre société, où la politique n'est plus que sensationnalisme des personnes et de leurs déclarations, des affects, et où les idées et actes, au final, ne comptent pas. Comme en témoignent les études sur l'influence très négative d'Instagram sur l'image que les jeunes ont d'eux-même et sur l'addiction à la mise en scène de leur vie qui les rend dépressifs.
Bref, j'ai encore failli sauver l'humanité.
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Le fil d'Ariane
RandomParce que, quand on tourne en rond dans sa tête, on ne va plus nulle part... Voici mon petit cabinet virtuel pour vous aider à reconnaître votre Minotaure et trouver la sortie de votre labyrinthe intérieur : explications sur le fonctionnement psychi...