Quoi qu'on vive, quoi qu'on rêve, la vie nous soumet par les hasard s des rencontres et des événements à des poussées contraires à nos volontés, à des obstacles, mais aussi à des aides, des élans, des tremplins. Ces deux forces antagonistes qui facilitent ou empêchent notre progression vers nos buts sont générateurs d'angoisses et de stress : stress d'échouer, d'aboutir trop tôt, de s'être trompé. Ainsi, malgré toute la puissance dont est capable chacun d'entre nous, c'est l'impuissance face au hasard et à notre avenir qui, souvent, prend le pas sur l'assurance et la volonté pour paralyser notre courage et notre action. Cela se traduit souvent par des rêves d'impuissance où nos efforts ne mènent à rien. Se heurter à cette angoisse déstabilise mais aide à la dompter en s'y habituant peu à peu...
Voilà, je l'ai choisi ! C'est l'un des plus courts mais il fait aussi partie de mes cauchemars les plus violents !
J'ai fait ce rêve la nuit de mon anniversaire...
==> Tout rêve avec une forte implication émotionnelle traduit un engagement psychique important et suggère qu'il s'y déroule des éléments cruciaux pour expliquer le bouillonnement de notre inconscient. De son côté, un anniversaire est un rite de passage qui incarne le temps qui passe, la mortalité, et qui invite donc à l'introspection pour faire le bilan de sa vie. De là à voir un lien entre les deux, il n'y a qu'un pas !Je ne me souviens pas du début de ce rêve. Je sais simplement que je suis dans une pièce (je n'arrive pas à voir le décor mais j'ai le sentiment d'être dans la chambre de ma grande sœur) avec quelques personnes et mon professeur de physique chimie de cette année. Je ne me rappelle plus de ce qu'il disait mais un des élèves (on était regroupés en rond autour de mon professeur), un garçon qui semblait à peine plus jeune que moi, se met en colère, d'un coup, et s'avance pour frapper mon professeur. Je ne me souviens pas pourquoi. Peut-être ne l'ai-je jamais su. Bref, instinctivement, je prends la défense de mon professeur et arrête le garçon du mieux que je peux. On se bat un peu au corps à corps puis il me repousse violemment et sort en courant de la pièce. J'étais assise par terre. Je me relève rapidement, folle de rage, et je descends les escaliers (car la chambre de ma sœur est à l'étage) à toute vitesse pour le rattraper.
==> Deux lieux sont ici caractéristiques et doublés par deux personnages :
- la chambre de ta grande soeur, qui convoque celle-ci, double à venir de toi, modèle et protectrice, rassurante, qui est un lieu autre que l'intimité de ta chambre, ce qui te permet de faire un pas de côté et de garantir ta sécurité personnelle ; ainsi, tu es sujet et objet à la fois, toi-même et autrui en même temps, héroïne et spectatrice.
- l'école, convoquée par la présence du professeur - il faudrait en savoir plus sur ton lien au personnage et aux matières pour décrypter le sens de sa présence - ; en partant du rôle symbolique de l'école, de l'enseignant et des sciences, on peut voir là un renforcement de l'idée de sécurité.
Reste à savoir si toutes ces apparentes précautions seront suffisantes ou insuffisantes pour la suite ou bien si elles seront dénoncées pour insuffisance ou trahison.
Or, la violence éclate dans ce cercle protecteur qui entoure le professeur dans cet espace protégé et l'adulte dépositaire du savoir est incapable de se défendre face à son jeune élève. Toi-même, qui t'interposes, ne suffis pas à le protéger puisque ton opposition n'aboutit qu'à la mise en fuite de l'assaillant. Néanmoins, tu as empêché l'attaque elle-même. Ta colère, ta poursuite, indique ton désir de vengeance, ton indignation : est-ce la remise en cause de l'autorité, la violence ou l'atteinte au professeur que tu réprouves ? L'absence de paroles et de motifs clairs semble indiquer que l'enjeu est transcendant, pas une querelle en particulier. Tu prends spontanément enfin la posture du héros justicier : des injustices à compenser ?Nous sommes chez moi. (Cette fois, c'est une certitude !) Je cherche le garçon dans la maison et je le trouve dans l'entrée. Immédiatement, je lui saute dessus. Nouveau combat au corps à corps mais, cette fois-ci, j'ai le dessus et je le pousse vers la porte. Je le tiens fermement d'une main, essayant désespérément de déverrouiller la porte d'entrée de l'autre.
Il résiste mais, lorsque je réussis enfin à ouvrir, il disparaît brusquement dans mes bras.
Il s'est enfuit.
Furieuse, je me retourne et cours le chercher de nouveau dans la maison (j'ai une assez grande maison, donc en faire le tour prend un peu de temps !) .
Lorsque je le retrouve, il est de nouveau dans l'entrée, au même endroit que tout à l'heure. Je m'approche, méfiante. Il me regarde et me dit : "Ne viens pas ici sinon je vais disparaître de... "
Je ne lui laisse pas le temps de finir, persuadée qu'il bluffe.
Mais, alors que je me jette encore sur lui, il disparaît aussi brusquement que la première fois.
==> Cette course poursuite impossible est manifeste des angoisses d'échec. On a beau se dépenser sans compter, tout donner, l'échec est assuré et la victoire nous échappe. Ta colère est l'expression de cette frustration rageuse qui monte en nous face à un échec incompréhensible. Un objectif inatteignable que tu t'es fixé ?Soudain, j'ai peur. J'ai l'impression qu'il est partout, qu'il me surveille, qu'il me veut du mal.
Je continue pourtant à le chercher, entre colère et terreur.
==> Si c'est la colère qui s'impose d'abord face à l'inexpliqué, c'est la terreur qui s'installe insidieusement face à l'insolvabilité de la situation. L'omniprésence, l'omnipotence, l'omniscience de l'adversité est l'incarnation de la peur irraisonnée qui t'étreint de partout à la fois : c'est le monde entier qui t'est devenu hostile. Le rêve s'initiant sur une chambre d'enfant plus grande et un représentant de l'école, ne serait-ce pas une manifestation de peur de ne pas réussir à l'école ? De ne pas trouver ta place dans ce monde d'adultes effrayants ? De ne pas savoir quel adulte tu seras ?Il y a un poupon de plastique posé sur le canapé.
(Étrange, car il n'y était pas avant, et je n'ai pas de frère et sœur en bas âge. Cependant, dans mon rêve, je ne suis pas étonnée.)
D'un coup, je suis persuadée que c'est lui, que ce poupon de plastique, c'est le garçon.
Alors je le prends et je le frappe violemment contre le coin de la table basse en bois. Je recommence, encore et encore, complètement perdue, folle d'une rage incompréhensible. Du sang commence à gicler de la poupée. Je suis horrifiée mais je ne peux plus m'arrêter de peur que le garçon vienne me le faire payer.
Alors, je cours dans la cuisine avec une seule idée : brûler le poupon.
La première allumette s'éteint. Je regarde autour de moi pour guetter le garçon. Personne.
J'enfonce l'allumette noircie dans la bouche de la poupée, en allume une autre et l'enfonce elle aussi, encore brûlante.
Le visage de plastique du poupon commence à fondre. J'ai peur. Je sens que le garçon arrive vers moi ...
Et je me réveille.
J'ai tellement peur que je suis obligée d'allumer la lumière pour voir si le garçon n'est pas là, dans l'obscurité de ma chambre.
==> Le poupon est un jouet de l'enfance qui s'impose à toi, peut-être vestige nostalgique de l'enfant que tu étais, mais ce peut être aussi - et le sang qui en gicle ensuite en témoigne - une incarnation de ta parentalité à venir, un bébé qui n'a pas sa place dans ta vie car - retour au début - il brise tes rêves simples d'accomplissement scolaire. Ta violence contre lui clame à quel point ce garçon/poupon cherche à nuire à tes projets, et donc comme il t'effraie.Voilà ! Je dois préciser que je ne regarde JAMAIS de film d'horreur : je n'aime pas ça ; en plus, je ne les supporte pas ! Par conséquent, je n'en connais aucun et m'en porte mieux ! ^^
==> Ne pas en regarder ne t'empêche pas ou, plutôt, renforce l'aspect traumatique des extraits, images et fantasmes qui constituent la totalité de ton expérience de l'horreurDis-moi ce que tu en penses. Ce rêve-ci est assez spécial puisqu'il figure comme l'un des rares rêves qui se déroule dans la réalité et, de surcroît, chez moi ! Habituellement, je fais des rêves à base de loups qui sont en fait des êtres humains, de titans qui tentent de m'écrabouiller et d'énigmes impossibles à résoudre. De plus, j'y retrouve souvent un membre de ma famille, ma grande sœur y est toujours !
Voili voilou ! J'ai hâte de voir ce que ça va donner ! ^^
==> Le rêve a une fonction de tri de l'expérience et on y retrouve comme ressource principale le matériau qu'on récolte au quotidien. Si tu te nourris de fantasy, tu retrouveras son imagerie dans tes songes. Le fait que ta grande sœur y soit toujours représentée indique un rapport étroit entre vous, de l'ordre de la fusion, et toutes les complications que ça implique (perte de l'identité, oubli de soi, empathie, concurrence, jalousie, construction parallèle ou inverse...).
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Le fil d'Ariane
RastgeleParce que, quand on tourne en rond dans sa tête, on ne va plus nulle part... Voici mon petit cabinet virtuel pour vous aider à reconnaître votre Minotaure et trouver la sortie de votre labyrinthe intérieur : explications sur le fonctionnement psychi...