Chapitre IV

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« L'histoire est un perpétuel recommencement. » Thucydide

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Cette rentrée aurait pu être banale, comme toutes ces journées au 1er septembre depuis ses onze ans. Harry poussait tranquillement son chariot dans la gare King's Cross, observant d'un regard distrait les moldus se précipiter pour attraper leur train. Parfois, ils reprenaient leur souffle, l'air soulagé d'avoir pu entrer dans le wagon. D'autres n'avaient pas eu cette chance et rageaient sur le quai, se maudissant de n'avoir pas pris plus de marge. Comme chaque année, Harry allait courir jusqu'à percuter un mur, non, plutôt le traverser et se retrouver sur la voie 9:3/4 qui abritait la magnifique locomotive rouge qui emmenait les étudiants sorciers à Poudlard. Tout était habile pour le Survivant, sauf que moldus et sorciers étaient habillés de façon vintage, d'un autre temps. Harry entendait aussi quelques bribes de conversations à propos de personnages illustres du XXe siècle, de guerre froide. C'était une situation à la fois effrayante et excitante, riche en histoire et en culture du passé.

Le cœur du jeune homme était partagé entre joie et peine, le bonheur de retourner à Poudlard et d'avoir l'occasion de connaître sa famille, celle qu'il n'avait jamais eu, celle que Voldemort lui avait enlevée, mais aussi la tristesse de faire cette rentrée seul, sans Ron, ni Hermione. L'esprit tiraillé par cette dualité de sentiment, Harry grimpa dans le train et s'attacha à trouver un wagon vide, ce qui ne fut pas une quête difficile, car tous étaient en train de faire leurs au revoir à leurs proches sur le quai. Harry, cette année, n'avait personne.

Par la fenêtre du train, Harry contemplait les étudiants qui discutaient avec animation entre eux, puis, comme surgie d'un rêve, une chevelure rousse attira son attention. Elle n'était pas comme celle des Weasley, qui tirait sur une couleur poil de carotte, mais plutôt flamboyante, auburn. Il vit la jolie rousse saluer chaleureusement une autre fille. Il n'était pas très loin d'elles. Alors, discrètement, il écouta leur conversation grâce à la fenêtre ouverte du compartiment.

— Tu sembles contrariée.

Bien qu'un sourire étirait les lèvres de Lily, son regard manquait d'entrain et de bonne humeur.

— Ça va passer, dit-elle d'une voix douce.

Harry se demandait ce qui pouvait contrarier la rouquine et surtout qui était cette fille dont elle semblait si proche. À sa connaissance, Sirius et Remus n'avaient jamais parlé d'une amie de sa mère. De là où il était, Harry pouvait la contempler à loisir sans être vu grâce au reflet de la vitre. Elle avait des cheveux longs et blonds qui cascadaient avec grâce dans son dos, les boucles soyeuses et parfaites arrivaient jusqu'au milieu de son dos. Quelques mèches soigneusement placées encadraient un visage magnifique aux traits parfaits, emprunts d'une telle froideur qui plaçait une barrière invisible entre elle et les autres. Elle serait de la famille Malefoy que cela ne l'étonnerait pas, mais un membre de cette famille ne pourrait être ami avec Lily Evans.

— Ta sœur a encore fait des siennes, déclara son interlocutrice.

Bien que Lily soit de dos, Harry un hochement de la tête, affirmant les dires de son amie.

— Elle a choisi ce jour exprès pour inviter mes parents pour, d'après ses mots, leur annoncer une grande nouvelle.

Un soupir franchit ses lèvres.

— Je ne comprends pas comment elle a pu tomber amoureuse de ce gars, Haley.

Alors cette fille s'appelait donc Haley. Harry avait beau chercher dans ses souvenirs, jamais il n'avait entendu son prénom. Un sourire en coin étira ses lèvres, apportant plus de chaleur dans l'expression de son visage malgré l'ironie à peine masquée.

L'Ombre du Passé T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant