Chapitre II

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« Dieu vous a donné un visage, et vous vous en fabriquez un autre. »  William Shakespeare

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La nuit d'hier fut fatale pour Harry qui s'était réveillé avec tous les symptômes d'un rhume pour le moins carabiné. Le jeune homme avait appelé le Magicobus, évidemment, mais ce dernier avait tardé à arriver. En effet, de nombreux sorciers avaient appelé le bus ce soir-là, de façon quasi-simultanée. Harry renifla puis soupira bruyamment en jetant une boule de mouchoir à la poubelle dévoreuse, qui avala le déchet d'un trait avant d'éternuer. C'était un objet magique bien pratique, surtout lorsque quelqu'un voulait faire disparaître définitivement des documents, mais en cas d'erreur, c'était tout de suite plus problématique.

Seul dans une chambre du Chaudron Baveur, Harry tentait de se créer une nouvelle vie. Il avait déjà fait quelques recherches avant de s'aventurer dans le passé, mais créer une histoire de toute pièce n'était pas aussi facile qu'il le pensait. Trouver une famille assassinée début 1977 et qui avait été entièrement décimée fut un jeu d'enfant. Cette année-là, Voldemort était aux prémices de son mouvement et il multipliait les assassinats, notamment politiques. Tous les sorciers connaissaient le Seigneur des Ténèbres et le craignaient. Beaucoup se cachaient. Peu osait prononcer son nom.

Les Drawkins faisaient donc partie de ses familles puissantes, au sang pur, que Voldemort avait cherché à recruter de par leurs postes au sein du Ministère de la Magie. Après leur refus catégorique, les Mangemorts avaient assassiné la famille. Même le petit Elias, 5 ans, avait péri sous les sortilèges. Mais avoir un nom ne suffisait pas, Harry allait devoir expliquer son absence des registres, sa non-inscription à Poudlard ainsi que sa survie. Tant de choses à éclaircir et surtout à rendre crédible.

Quand il était encore à Privet Drive, Harry avait demandé au professeur McGonagall de lui envoyer les registres de l'école depuis 1972 jusqu'à 1980 et Kingsley Shacklebolt lui avait fait parvenir les registres des familles sorcières décimées, dont celle des Drawkins. Harry devait maîtriser leur arbre généalogique. Alors en même temps que ses recherches sur les voyages temporels, il avait appris l'arbre par cœur, se concentrant sur les membres les plus récents et sur une branche plus particulièrement. Sur cette branche, il y avait Matthew Drawkins, un jeune auror qui avait fini ses études en juillet 1976. Il était à Gryffondor alors il était certain que les membres de cette maison le connaissaient. Cet homme sera donc son frère aîné, le frère de Nathanaël Drawkins.

Comment avait-il survécu ? Avec sa santé fragile, due à une scrofulite de type trois, il était parti à l'étranger pour trouver un guérisseur, un mage vaudou, de la tribu Maasaï reconnu en Afrique pour ses guérisons miraculeuses. Le massacre avait eu lieu alors qu'il était toujours sur le continent africain. Cette histoire était plus ou moins crédible, Harry n'était pas très corpulent, son teint était naturellement blanc. Dans son regard et ses paroles, on pouvait ressentir une certaine maturité que l'on pouvait associer à la perte de sa famille toute entière. Lorsqu'il était revenu, guéri, avec pour seule trace de sa maladie cette cicatrice en forme d'éclair, il avait trouvé la maison vide et sollicité désormais la protection d'Albus Dumbledore en réalisant une année à Poudlard.

Pour expliquer son absence des registres du Ministère et de Poudlard, l'excuse de l'administration était idéale. Harry avait également une autre idée, celle de la naissance. Le bébé ne respirant pas à la naissance, la magie n'avait pas opéré. Et étant à l'étranger lorsqu'il avait onze ans, l'inscription à Poudlard était caduque.

C'était parfait ! Enfin, parfait pour une histoire baratinée. Mais il y avait un autre problème : Dumbledore lui-même. Harry doutait de pouvoir duper le vieil homme, ce sorcier qui avait vaincu Grindelwald, qui l'avait remarqué sous sa cape d'invisibilité en deuxième année, mais qui restait malgré tout humain. Il avait fait des erreurs, après tout comme ne pas repérer la présence de Voldemort dans le corps de Quirrell, ne pas connaître la localisation de la chambre des secrets, ne pas avoir compris lorsque Croupton Junior avait pris la place de Maugrey avec le polynectar et la dernière erreur lui fut fatale, celle d'avoir fait confiance à Rogue.

L'Ombre du Passé T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant