Chapitre XXX

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"Les départs donnent souvent l'illusion d'une renaissance" Jacques Languirand

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Nathanaël descendit les marches et s'enfonça dans l'obscurité. Il était près de quatre heures du matin et le parc, figé dans une immobilité mortelle, donnait l'impression de retenir son souffle en attendant de voir si le Survivant parviendrait à mener à bien ce qu'il devait accomplir.

Dans le parc, un essaim de Détraqueurs glissait parmi les arbres. Nathanaël sentit le froid se répandre en lui, glisser sur sa peau et parcourir ses veines. Comment pouvait-il passer alors que son âme était en peine ? Parfait pour nourrir ces infâmes créatures. Il ne parvenait pas à contrôler ses tremblements. Mourir n'était, finalement, pas si facile. Et pourtant, il l'avait tant de fois frôlée. 

La main tremblante, Nathanaël ouvrit l'écrin des lames de tarot et contempla les cartes. La plupart étaient sombres, sans magie, éteintes. Il ne lui en restait plus que cinq : l'empereur, le monde, le Jugement, le Mat... et la Mort. Longuement, il la contempla. 

- On va enfin se rencontrer, toi et moi, souffla-t'il avec un sourire sans joie. 

Soudain, il sentit l'une des cartes vibrer doucement entre ses mains. Et était-ce une musique qu'il percevait ? Lentement, il les fit défiler et son regard se figea devant la carte du monde, devant cette femme presque nue qui se livrait à une danse exotique, le visage radieux. Il pouvait entendre cette mélodie, douce, envoutante. Dans l'une de ses mains, elle tenait une baguette qui, quelque soit sa posture, était toujours à l'horizontale : équilibre. 

Apaisé... Être attentif au moment présent. Respirer. Calme. Laisser le vent dégager le ciel et révéler l'azur. 

L'enseignement de Jenkshi et ses sages paroles lui revenaient en mémoire. Quand il reposa les yeux sur la carte, cette dernière lui souriait. Alors Nathanaël sentit s'insuffler en lui le courage, la détermination. Son coeur battait à un rythme lent, doux. Il sentait son sang circuler dans ses veines. 

L'énergie. 

Toujours dissimulé sous la cape, Nathanaël sortit la baguette de Dumbledore et lança le sortilège de patronus. Un halo de lumière sortit du bout de sa baguette. Cependant, à sa grande surprise, ce ne fut pas un cerf qui s'en échappa mais un dragon à la forme serpentine, très allongé. Et au lieu de chasser les créatures, la créature serpenta autour de son corps comme un étau protecteur, un bouclier qui empêchait les détraqueurs de s'approcher de lui. 

Nathanaël, plus décidé et confiant que jamais, continua d'avancer. Le froid des Détraqueurs ne parvint pas à le submerger. Il le traversa avec son totem, son protecteur. Ils ne cherchèrent pas à le suivre ou à l'attaquer. Ils s'écartèrent et bientôt, Nathanaël se retrouva à nouveau seul. Le lac n'était plus très loin. 

Le patronus s'évanouit lentement et il n'y eut plus que l'obscurité. Seules quelques étoiles subsistaient sur le manteau obscur de la nuit. Fonçant les sourcils, Nathanaël crut apercevoir au loin une lueur. Il s'avança prudemment, toujours dissimulé sous la cape d'invisibilité. 

Le lac se détacha progressivement de l'horizon, reflétant le ciel noir, parsemé de nuages et d'étoiles. La lueur était en réalité un feu dont la lueur vacillante éclairait une foule de Mangemorts attentifs et totalement silencieux. Si certains portaient encore leur masque macabre, d'autres avaient le visage découvert. Il était à l'orée de la foret dans laquelle semblait attendre l'armée d'araignées. 

Il lui sembla reconnaître Draco mais en se rapprochant, il constata qu'il s'agissait en réalité de Lucius Malefoy dont les traits étaient plus jeunes, évidemment, qu'en son temps. 

L'Ombre du Passé T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant