Mélanie ouvrit lentement et difficilement les yeux : une migraine foudroyante lui rongeait le front. La lumière lui paraissait aussi intense qu'un spot braqué sur son visage. Murs blancs, sol jaune, bip constant, fenêtre avec vue sur les ruines médiévales dans la forêt et... infirmières en blouses impeccables.
Pas de doute, elle était dans un hôpital non loin de chez elle. Une docteur prit son pouls à l'aide de machines qu'elle n'avait vu que dans des séries. Elle se sentait légère, s'entendait raconter une flopée de non-sens à mesure qu'elle émergeait de son sommeil artificiel. Sans aucun doute anesthésiée, elle se demanda vaguement si elle sortait d'une opération. Elle se souvint un instant du choc alors qu'elle et sa mère se trouvaient dans la voiture. Une forte douleur la traversait, des côtes jusqu'à l'épaule droite. Le moindre mouvement de son cou lui arrachait un grognement, et une douleur martelait son crâne à en fermer les paupières.
La médecin, qui avait ri avec une autre infirmière de ce qu'elle leur racontait alors qu'elle divaguait, lui demanda de bouger ses orteils, puis ses doigts.
— Tout fonctionne...vous avez de la chance.
— Ma mère...bredouilla Mélanie.
Ils lui téléphonaient pour la prévenir que sa fille se réveillait.
Sa mère avait émergé la première, en panique. À partir de l'instant où elle s'était vue accorder une once de conscience, elle avait harcelé les médecins pour savoir si sa fille était encore vivante, alors que son anesthésie faisait encore effet.
Elle n'avait qu'une fracture à l'épaule et quelques côtes cassées ; sa fille avait subi le gros de l'accident. Par conséquent, une fois que les circonstances l'avaient permis, elle avait été renvoyée chez elle...ou plutôt forcée à rester chez elle, certainement surveillée par son mari, qui connaissait bien sa tendre inquiétude pour ses enfants.
Elle devina immédiatement que les séquelles physiques de sa mère devaient être le cadet des soucis, actuellement, et pria les médecins de la joindre rapidement. Ou plutôt elle l'articula difficilement, en ajoutant quelque chose ressemblant à « et dites à mon père de ne pas la laisser dans le jardin. ». On lui informa que c'était chose faite et elle bredouilla un « oui » en guise de réponse hasardeuse.
Le poignet de Mélanie était cassé, tout comme son épaule ; sa cheville, entaillée. Elle s'en était finalement sortie avec une opération, un plâtre et des points de suture. À cela s'ajoutait un sérieux traumatisme crânien, qui n'avait pourtant pas mis sa vie en danger, mais qui ne manquerait pas de lui provoquer des vertiges dans les jours à venir.
Elles avaient percuté un motard bien connu de la région. Le malheureux était passé sous leurs roues et avait été tué sur le coup. c'était un miracle que l'accident n'ait pas été plus grave pour les deux femmes, car le flanc côté passager avait presque été arraché... par chance, la voiture n'était pas tombée dans un ravin tout proche.
— Et dans un virage, bien sûr, souffla une nurse, qui s'affairait pour enrouler sa cheville dans des bandages neufs. C'est là que tous les motards finissent, dans cette forêt. C'est vraiment une aberration. Quand même, ce ne sont pas les pistes de rallye qui manquent dans la région!
Alors que l'infirmière rondelette continuait de maudire les motards, avant de plaindre leur pauvre âme, puis de les remaudire pour le mal qu'ils causaient, l'attention de Mélanie se porta à sa droite.
Là, à travers les vitres en plastique qui donnaient sur le couloir qui desservait la petite salle de son bloc, il lui semblait que quelqu'un l'observait.
Sa vision se flouait régulièrement. Mélanie ferma même un oeil, tentant d'aiguiser sa vue. À ce stade, elle se doutait de toute manière que la dignité serait un extra dans son attitude, étant donné la force de son anesthésie.
Un instant plus tard, elle ne vit plus personne, et resta perplexe quant au fait qu'elle se soit sentie aussi épiée ; elle hallucinait sûrement. Elle n'avait rien pu distinguer nettement de la silhouette dans le couloir, et le temps semblait saccadé, par moments. Le chirurgien en chef, qui avait suivi son cas et qui se trouvait dans la pièce, la rassura en voyant ses étranges mimiques:
— Il est normal que votre vue ne soit pas très performante dans les deux prochains jours. Vous n'aurez pas de séquelles sur le long terme, mais votre crâne a subi un gros choc...ménagez-vous, c'est d'accord ?
Mélanie approuva rapidement, et sourit au bonhomme d'une cinquantaine d'années qui pensait devoir la rassurer.
Sa mère et son père vinrent la chercher; sa mère pleura de voir sa fille vivante. Ou plutôt: elle fondit en larme et hurla à presque tout l'hôpital sa peine, tandis que son père, conscient que sa fille souhaitait sûrement rentrer rapidement pour pouvoir se reposer, prit son sac de cours resté à ses côtés et toucha le dos de sa femme, l'invitant à se diriger vers la voiture. Pendant le trajet, Mélanie se sentit mal, son père ralentit son allure. En arrivant elle s'allongea avec un visage pâle à l'extrême sur le canapé de leur salon, avant de monter à l'étage, dans sa chambre — lentement, très lentement. Le temps semblait découpé, la redescente après l'anesthésie frappait son esprit comme une lame de fond.
Sa soeur passa une tête dans sa chambre et lui demanda si ça allait, ce à quoi elle répondit qu'il fallait éteindre la lumière pour que ça aille — vu sa migraine d'enfer et sa vision capricieuse. Les nausées la guettaient, se tassèrent un peu avec la nuit qui tombait derrière sa fenêtre.
Le bleuté des murs la reposai. Elle ne put s'empêcher de penser qu'il y avait quelques heures encore, elle rentrait simplement de l'école. La jeune fille pensait alors se préparer quelque chose à manger, faire ses devoirs. Mélanie aurait passé la soirée à ruminer sur sa situation en écoutant de la musique nostalgique, songeant au jour où les choses s'amélioreraient pour elle. D'une seconde à l'autre, tout avait été chamboulé pour les semaines, voire les mois à venir.
Elle ferma lentement les yeux et tomba de sommeil, encore à moitié allongée dans son lit, les couettes toujours repliées sous ses jambes.
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Salut à tout les nouveaux! J'espère que vous avez aimé ce deuxième chapitre.
J'essaye de simplifier mon écriture au maximum pour que la lecture soit le plus agréable, si vous voyez des modifications régulières sur mes chapitres c'est uniquement pour cette raison 😙
Bon je suis pas la pro des outro type "j'espère que le suspens est à couper le souffle on se retrouve au chapitre suivant" mais j'en pense pas moins! 🤣
Bref profitez bien de la lecture, n'hésitez pas à commenter pour me dire ce que vous en avez pensé en commentaire ou en mp! ✨
Merci à tout ceux qui suivent l'histoire de A à Z, vous êtes adorables ❤️
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Le Pacte des Ruines [EN PAUSE]
ParanormalLa vie de Mélanie bascule le jour où, à la suite d'un accident, elle est suivie par un mystérieux jeune homme, qui semble tout connaître d'elle. Qui est cet étranger que personne ne voit en même temps qu'elle? Qui sont ces personnes qui rôdent dans...