Chapitre 10

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Alors que l'apparition disparaissait de la vue de Mélanie, Nelly, qui n'avait rien compris de cette situation invisible, continuait sa recherche.

— Celui ci? Pointa sa soeur du doigt, et elle visa la forêt au lieu de se tourner vers le garçon en question, désormais bien loin d'elle.

— Non...

— Mélanie, intervint son père, qui guettait lui aussi quelque chose à travers une des trois fenêtres. Je ne pense pas que tu mentes. Mais à mon avis, appeler la directrice de ton ancienne école sera inutile.

— Comment ça ? S'inquiéta Mél. Elle savait qu'elle venait de déranger toute sa famille pour une fausse alerte et se sentait couverte de honte.

— Tu t'es cogné la tête extrêmement fort l'autre jour, et l'hôpital n'a pas été fichu de remarquer que ton cerveau avait pris un choc, aussi.

Et voyant que Mélanie allait protester il s'expliqua :

— Si quelqu'un était rentré, il se serait forcément échappé par ici et on l'aurait entendu sauter, et il se serait au moins cassé une cheville à cette hauteur...tu comprends? — Je ne suis pas folle... Dépitée, fatiguée et effrayée, elle éclata en pleurs, pas à cause du jeune homme, mais bien à cause de la situation surnaturelle dans laquelle elle se trouvait. Sa mère lui frotta les épaules et son père soupira en déclarant qu'il valait mieux que tout le monde retourne dormir. Mélanie retourna dans sa chambre, enfouie son visage dans son oreiller. Elle commença à s'endormir, mais jeta un ultime coup d'oeil à l'endroit où elle avait vu cette apparition cauchemardesque, à son réveil. Désormais plus personne ne se tenait devant les rideaux et elle sut qu'aucune présence n'apparaîtrait de nouveau devant ses carreaux. La nuit se levait et l'aurore enflammait lentement l'horizon vert à sa fenêtre, brisait seconde après seconde l'aura de cette effrayante nuit.

Quelques jours plus tard, Mélanie, encore en vacances scolaires prolongées, fut conduite à l'hôpital d'une grande ville voisine par sa mère. Après auscultation, on estima qu'aucune séquelle physique ne pouvait expliquer son état, alors on lui passa la carte d'un...psychologue.

— Votre fille doit certainement être légèrement traumatisée par l'accident. Puis, se tournant vers la fille en question: c'est tout à fait normal. Il vaut mieux en parler immédiatement après l'accident en question, pour que cela vous embête le moins possible... Vous comprenez?

Elle comprenait. Alors qu'elle répondait au docteur en blouse de coton qui prenait le temps d'être aussi avenant que possible, elle se concentra pour ne pas regarder le garçon de la nuit de l'incident, qu'elle voyait observer avec intérêt une immense réplique de Monet accrochée derrière le bureau du médecin.

Le Pacte des Ruines [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant