Chapitre 8

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S'en était trop. Mélanie s'entendit hurler, elle tomba de son lit à la renverse, manqua de se fracturer l'épaule une seconde fois et courut jusqu'à sa porte. Elle joua frénétiquement avec la poignée, qui mit trois interminables secondes à s'enclencher. Quelque chose lui frôla le dos et elle tomba presque lorsque le battant s'ouvrît, avant qu'il percute le mur avec un bruit de fracas. Elle appela ses deux parents à l'aide, courut jusqu'à leur chambre, et fondit en larme en les voyant apparaître au bout du couloir.

Elle bredouilla que quelqu'un était entré par la fenêtre, que c'était le type de la journée précédente, qu'il était encore dans sa chambre. Sa mère se pencha pour attraper le bras de Nelly, qui venait d'apparaître au pas de sa porte de chambre et qui se frottait encore les yeux de sommeil, les cheveux en bataille à l'arrière de sa tête. La chambre de la grande soeur donnait juste en face de celle de sa cadette, et elle eut peur que sa fille aînée ne soit dans le champ de vision d'un fou. Nelly demanda ce qui se passait d'une voix groggy, et sa mère lui fit signe de se taire, un doigt sur la bouche.

Elle serra ses deux filles contre elle; son père, entièrement réveillé et alerte, prit les devants. Il s'approcha prudemment de la porte entrouverte de la chambre de Mélanie. Il avança sa tête en premier, comme le font les animaux qui jaugent le danger avant de se lancer tous crocs dehors.

— Qui est là? gronda-t-il de sa voix la plus grave. Nous avons appelé la police. Je vous conseille de sortir.

Son père saisit une lampe à grand manche à une main en menaçant l'intrus, débrancha doucement la prise pour ne pas attirer l'attention. Sa femme se retint de chuchoter son nom en guise d'avertissement, le laissa s'avancer le premier vers la porte qui faisait encore barrage entre eux et le garçon. Le battant de la chambre de sa fille était entrouvert, et après une seconde de pause, la main posée sur le bois lisse de la porte, il se jeta dans la chambre. Des bruits de bruissement de vêtements, de placards qu'on ouvre, de grincement de gonds et de pas pressés se firent entendre. Mélanie, ne sachant pas si elle entendait une ou deux personnes s'agiter, se libéra de l'emprise de sa mère avant de se lancer dans la pièce à son tour.

Le Pacte des Ruines [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant