Mélanie attendit le bus sans regarder une seule fois Arthur. La question du psychologue agitait sa réflexion. N'importe qui aurait pu appeler l'hôpital; pourtant, elle avait un mauvais pressentiment. Ils effectuèrent le trajet en silence; jusqu'au milieu du chemin qu'effectuait le bus, et qu'Arthur se sente d'humeur bavarde.
— J'ai étudié ce truc, là, les réseaux sociaux. Ça a l'air utile. Il va falloir que tu sois plus active sur ces...tu sais, le nom que vous donnez aux carrés sur vos téléphones.
Des applications. Mélanie ne prit pas la peine de le préciser à l'esprit. Son instinct lui chuchotait qu'il n'avait peut-être pas exagéré en disant qu'il était dangereux, la dernière fois. Elle jeta un œil à son attelle, bougea ses doigts engourdis après être restés immobiles pendant plusieurs minutes.
Pourquoi aurait-il fait une chose pareille? Quel était son intérêt? Elle niait l'idée de lui avoir demandé quoi que ce soit.
L'arrêt en contrebas de son jardin fut annoncé et elle descendit avec précaution du bus. Elle gravit la petite côte qui menait à sa porte d'entrée; le soleil déclinait plus tôt, ces derniers jours, mais n'était plus un signe de l'arrivée de son père. Une lumière rougeâtre teintait la porte et l'herbe à ses pieds. Il lui restait encore deux bonnes heures avant l'arrivée de ses parents; sa mère étant partie en ville avec une amie, elle arriverait en même temps que son père, qui la ramenait.
— Maman? héla Mélanie, pour être certaine d'être seule.
Aucune réponse. Elle appela sa sœur et son père: toujours rien. Elle posa sèchement son sac sur le sol, derrière le canapé, et fit volte-face pour confronter Arthur, qui était encore au bout de la petite allée menant à la cuisine. Il releva sa tête d'étonnement et abaissa son livre.
— Qui a appelé quand moi et ma mère étions inconscientes? fulmina la jeune fille.
— C'est moi, répondit l'esprit, comme si cela coulait de source.
Mélanie eut un mouvement de recul.
— Est-ce que c'est toi qui as provoqué cet accident?! demanda-t-elle, effarée.
— Oui, enchaîna simplement Arthur sans montrer la moindre trace de remords.
Mélanie était abasourdie. Comment pouvait-il affirmer de telles horreurs sans même sourciller?
— Tu te rends compte...enfin tu te rends bien compte que ça aurait pu nous tuer?
— Je me rends surtout compte que le coup de l'accident est parfait. Et, voyant que Mélanie allait le couper il poursuivit: on te remarque à l'école, non? Regarde ce pauvre Maxime qui ne t'intéresse pas pour deux francs. Depuis que tu as besoin d'aide, il croit devoir te sauver comme une princesse en détresse...pouffa de rire Arthur, ce qui renforça la colère de son interlocutrice.
— Tu te souviens du concept de mourir? tempêta Mel, ce qui arracha un sourire à l'esprit.
— ...Oui? Fit il remarquer en se désignant de la tranche de la main.
— Je ne t'ai rien demandé. Je veux que tu partes d'ici tout de suite!
— Tu m'as demandé de te faire remarquer.
— Je n'ai...
Melanie s'interrompit au milieu de sa phrase. Soudain, elle pâlit, réalisant que Arthur avait peut-être raison. Avant son accident, elle discutait avec sa mère...mais ça n'était pas réellement une demande qu'elle avait formulée...
— C'est mon job. Si je suis appelé, je ne pars pas tant que ton souhait n'est pas accompli.
— Il est accompli. J'ai été remarquée...ça me suffit, affirma Mel, un peu à contrecœur.
— Tu mens, ça se voit sur ton visage.
— Non, c'est terminé. Je veux que tu partes.
Alors l'adolescente remarqua quelque chose d'étrange: Arthur ne cessait de dévier ses pupilles légèrement derrière elle. Il se focalisa de nouveau sur elle après quelques secondes. Mel se retourna automatiquement et scruta la cuisine.
— Il y a un problème? hésita-t-elle, à mi-chemin entre la colère et la méfiance.
— Aucun. Je ne partirais pas tant que ma tâche ici ne sera pas terminée et je t'assure que tu n'as pas envie qu'elle se termine de si tôt. Cette discussion est close.
Mélanie n'avait pas prévu un arrêt aussi brutal de la conversation; alors qu'elle allait protester, l'esprit avait déjà décampé à l'étage, et c'est Mélanie qui courut presque après lui cette fois-ci:
— Cette discussion n'est pas du tout close! cria-t-elle presque dans les escaliers. Et ARRÊTE de toucher à mes affaires!
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Le Pacte des Ruines [EN PAUSE]
ParanormalLa vie de Mélanie bascule le jour où, à la suite d'un accident, elle est suivie par un mystérieux jeune homme, qui semble tout connaître d'elle. Qui est cet étranger que personne ne voit en même temps qu'elle? Qui sont ces personnes qui rôdent dans...