Chapitre 18

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La veille de son premier rendez-vous chez le psychologue, Mél angoissait à l'idée d'être envoyée chez les fous. La voiture de son père la ramenait chez eux, et malgré elle, la jeune fille sursautait à la moindre moto qui passait un peu trop proche de leur véhicule. Si ces dernières frôlaient la Mercedes de son père, alors des sueurs froides envahissaient sa nuque et nouaient son estomac. Sa mère n'était pas encore capable de reprendre le volant et elle comprenait entièrement sa réticence.

Arrivée chez elle, la jeune fille s'appliqua à compter les heures, qui s'écoulaient à une lenteur indécente. Le soir enfin venu, son dîner à peine touché, elle se glissa dans son lit aux draps bleus. Son regard se balada le long de ses hautes armoires blanches où des livres en tout genre s'entassaient — avec une préférence pour le fantastique, bien entendu. Peut-être était-il temps d'investir dans le paranormal.

L'épée de Damoclès du psychologue avait beau pendre au-dessus de sa tête, elle ne pouvait détacher son esprit du cas d'Arthur. Il n'était pas présent, ce qui lui laissait tout le loisir de réfléchir à leur situation.

Combien de personnes ce phénomène étrange avait touchées? Elle n'avait rien trouvé sur internet. Aucun témoignage d'une présence constante d'esprit à leurs côtés, ou pire, d'une présence s'adressant directement à eux en permanence.

Mais surtout, pourquoi est ce qu'Arthur ressassait sans cesse l'idée qu'il travaillait pour quelque chose? Pourquoi ressentait-elle cette peur, cette d'épouvante en le regardant à certains moments de la journée?

— Tu ne dors pas?

Les rayons de la Lune tapaient effectivement contre le parquet depuis une heure déjà. Un noir bleuté enveloppait chaque meuble alentour, flouait les objets placés dessus en une sombre masse informe.

Mélanie ne bougea pas, mais leva les yeux vers Arthur qui avait tilté sa tête pour mettre son visage dans la même position que la sienne. Il était debout à ses côtés, et lui souriait comme à son habitude.

— Est-ce que tu es...réel? hésita Mélanie.

Contre toute attente, il ria en regardant ailleurs.

— Tu aimerais que je ne le sois pas, pas vrai?

— Comment? Non... se précipita Mélanie en se redressant sur son lit.

— Ça, c'est vraiment étrange...Tu sais, la plupart des gens ne sont pas ravis de m'avoir dans leur vie, sembla se moquer Arthur. Les gens me fuient...parfois pendant des années.

— Pourquoi? Demanda Mél en fronçant les sourcils.

Arthur pivota sur ses talons. Il toisa l'adolescente et si un sourire en coin était toujours sur son visage, son regard s'était de nouveau assombri.

— Que tu fasses semblant ou que tu sois sincère...tu me devras quelque chose, déclara-t-il d'un ton presque menaçant.

— Mais pourquoi ? insista Mél, soudain angoissée.

— Tu n'as jamais peur lorsque je m'approche, ou quand je suis dans mes pensées?

Mél ne s'attendait pas à cette remarque. Elle interprétait cette inquiétude comme une simple vue de son esprit, pas comme une norme liée à Arthur.

— Je n'ai pas peur de toi, affirma-t-elle avec résolution.

L'esprit tourna son visage vers elle, et sans crier gare il se retrouva juste en face de la jeune fille, de nouveau; une téléportation express qui la fit sursauter. Sa main s'appuya contre le mur sur lequel reposait la tête de la jeune fille; elle se tassa sur son matelas.

Il leva le menton de Mél vers lui et elle le regarda dans les yeux. Leur iris était si noir qu'elle distinguait à peine ses pupilles, et elle était prise d'un véritable accès de tétanie, ou de panique; elle n'était pas sûre duquel était le plus prononcé.

— Tu devrais, conclut Arthur d'une voix suave, en lui souriant d'un rictus presque mauvais.

Il laissa sa main tomber, lui tourna le dos et marcha en direction du mur. C'était l'heure de la nuit où il repartait...chez lui, mais Mél n'assistait jamais à cette étape de ses visites; elle s'endormait toujours avant.

Mél le vit pour la première fois passer dans le mur, s'attarda à le regarder disparaître centimètre par centimètre, bouche bée. Il disparut, comme fondu dans les ténèbres en face. Elle demeura un instant seule et silencieuse dans le noir, incapable de réfléchir correctement à ce qui s'était passé.

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Salut tout le monde!  

Je laisse un petit message pour vous dire que je vais changer l'âge de Mélanie dans tous les chapitres. Elle a actuellement 14 ans, mais je trouve que ça rend les choses trop déséquilibrées dans l'histoire: Arthur a environ 20/21 ans, et le combat serait perdu d'avance si il y avait trop d'écart entre les deux! ;) Ne vous étonnez donc pas si je fais le switch dans les jours à venir.

Comme vous l'avez peut-être remarqué, pour ceux qui suivent mon compte, je ne me sens pas contrainte par le fait de publier sur Wattpad. J'essaye de poster les chapitres les plus définitifs possibles, mais je laisse toujours une marge au changement! J'essaye aussi d'expérimenter des choses ici, et vos retours m'aident beaucoup :) 

Je remercie tous les gens qui m'encouragent, particulièrement phoenisux et Rosilanna pour leurs messages et leur enthousiasme, et bien sûr iwritewonders qui m'a donné l'idée de m'inscrire (et à qui je dois encore répondre des heures d'enregistrement de messages vocaux...on va y arriver 😂) 

Voilà voilà, ça fait 1 mois que je suis ici et on est déjà plus de 100 ; merci à vous! :) ❤️

04.09.2019

Le Pacte des Ruines [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant