Chapitre 1

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Mélanie regardait le paysage défiler derrière la fenêtre côté passager, ennuyée comme à chaque fin de journée. Elle regardait la forêt teintée des nuances d'automne courir sous ses yeux, essayait de temps à autre de suivre un sapin doré ou un pin ambré qui défilait à toute vitesse derrière sa portière. La jeune fille captait les regards furtifs de sa mère en pleine conduite, hésitant à lancer une question concernant sa journée de classe.

Cela faisait deux semaines que les cours avaient repris dans son nouveau collège, et un désert de solitude menaçait sa vie sociale si rien ne se passait dans les jours qui venaient. L'adolescente ne se démarquait pas vraiment auprès des nouvelles têtes de son école, qui semblaient à peine se tourner lors de ses passages. Par timidité, elle ne trouvait jamais quoi dire pour commencer une conversation, et par ennui ou par indifférence -au choix- ses camarades cherchaient quelqu'un de plus enjoué pour animer leur journée.

C'était sa dernière année avant le lycée, et elle avait espéré qu'un élan d'audace suffise à l'intégrer dans un groupe d'ami, même quelconque ; des personnes qu'elle pourrait retrouver tous les matins sans se poser de questions. Cela lui aurait permis d'enfin passer une année tranquille.

Pourtant, son expérience difficile la retenait toujours de se présenter à plus d'une personne à la fois, et les groupes ne l'attendaient pas pour se former...

Sa mère l'interpella après avoir passé une bonne partie du trajet dans un silence inconfortable: comment se passait sa journée ? Comment étaient les gens de ce côté-ci de la ville ? Mélanie s'appuya sur son coude, lui-même appuyé contre le renfort en plastique, devant la fenêtre. Ses cheveux bruns caressèrent son bras par mèches, et elle observa leurs ondulations hasardeuses, qui vibraient au rythme de la route.

— Tant qu'ils ne savent pas que je vis dans un vieux château, les choses ne devraient pas mal tourner.

— Tu as peur de te faire remarquer ?

Mélanie fronça des sourcils ; quel parent posait des questions aussi justes, de nos jours ? L'ego était facilement blessé, à 14 ans.

— Et puis quoi encore ? Qu'est-ce qu'ils ont de si spécial, de toute manière ? grogna-t-elle en s'enfonçant dans son siège.

— Tu n'es pas...enfin personne ne t'embête ici ?

— Maman !

— Je veux juste être sûre...commença-t-elle sur un ton désolé.

Mélanie sentit qu'elle s'en voulait légèrement de rappeler son harcèlement à sa fille, qui s'en voulut à son tour d'avoir été agressive.

— Personne ne m'embête ici, maman, la rassura-t-elle. Personne ne m'a remarquée, en fait, avoua-t-elle.

Alors que sa mère levait la main pour lui caresser la joue, laissant la route capricieuse de la forêt un instant sans surveillance, elle se ravisa l'instant d'après et soudain tout s'enchaîna à une vitesse surnaturelle pour Mélanie. Elle vit sa mère braquer son volant, elle vit les arbres défiler sous ses yeux, le brun et le rouge se mélangèrent comme si on avait versé de l'eau sur une aquarelle pourtant achevée. Une ombre passa juste sous sa fenêtre et un bruit métallique lui déchira les tympans, juste avant le violent choc qui lui écrasa l'épaule. Sa tête tapa contre la portière et elle fut brutalement plongée dans le noir.

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