Chapitre 14

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Après une pause prolongée de presque un mois, des médicaments et des nuits de moins en moins agitées au fils de sa guérison, Mélanie était fin prête à reprendre les cours. La limite où elle prenait plaisir à se prélasser chez elle arrivait à expiration, et désormais elle s'ennuyait à mourir, avait besoin d'action; autres que celle de voir Arthur déambuler partout entre ses murs.

La veille de sa seconde rentrée, il s'avachissait encore sur sa chaise de bureau, une jambe croisée sur l'autre. Un de ses bras pendait dans le vide tandis que l'autre tenait un téléphone rectangulaire hors d'usage, dont il analysait l'écran noir rayé — ou peut-être s'en servait-il comme d'un miroir.

Mélanie alignait ses vêtements sur une malle moderne, collée au bout de son lit. Elle assemblait mentalement les tenues entre elles, tentait de se représenter son allure sans avoir à n'en porter aucune. Elle avait déjà fait une dizaine d'allers-retours entre son armoire blanche, dans son dos, dont les piles détruites tombaient désormais à chaque ouverture de ses battants, et le pied de son lit qui n'était pas en meilleur état.

Rien ne lui convenait, comme elle pouvait s'y attendre. Alors qu'elle angoissait à l'idée d'avoir l'air banale et invisible une nouvelle fois, Arthur fit pivoter sa chaise d'une impulsion du pied, l'air absorbé par le vieux téléphone qu'il tenait entre ses doigts.

— Tu savais que ces trucs étaient inutilisables, de là où je viens?

— J'imagine que tu ne parles pas de la surface de la Terre? répliqua Mél en entamant un nouvel aller vers sa penderie.

— Je n'ai pas le droit de te le dire...mais je me demande bien comment vous allez tous vous en passer, là-bas.

— Je pense qu'on s'adaptera...est-ce que c'est interdit?

— Ça n'est pas interdit. Ça marche, même. Mais personne ne pourra prévoir qui essaiera de te joindre avec ces trucs...Tu comptes porter ça demain?

Mélanie fronça les sourcils et baissa les yeux sur son choix de vêtements.

— Je fais avec ce que j'ai...

— Dans le doute, fais simple; tu ne vas pas me rendre la tâche facile en te prenant pour une styliste.

— Tu peux parler, tu ne mets qu'un seul pull depuis que je te connais!

— Rectification: je mets le même pull que j'ai en plusieurs exemplaires, ce qui fait de moi un styliste bien plus malin que toi.

Mélanie leva les yeux au ciel et, vexée par la projection de son propre esprit, décida de rouler ses vêtements en boule et les mettre en vrac dans une de ses étagères, avant de s'allonger sur ses draps, toujours en prenant soin de ne pas atterrir sur son épaule immobilisée. Elle réalisa alors ce que venait de dire son partenaire spirituel et se releva pour lui demander ce qu'il entendait par "tu ne vas pas me rendre la tâche facile". Malheureusement, les bruits de pas de sa mère retentirent dans les escaliers, et au moment où elle se redressa pour lui poser la question, Arthur s'était volatilisé.

Le Pacte des Ruines [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant