Chapitre 4 : Mes vieilles photos de lycée

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SARAH.

Claquant la portière de sa voiture, Sarah soupira pour relâcher la tension qui s'était installée en elle durant le trajet. Elle n'avait pas la moindre idée de ce qu'elle comptait dire à ce Gareth, ou même de ce qu'elle comptait faire. Le parking désert du magasin était surplombé d'un ciel grisâtre qui inspirait peu confiance. La façade du magasin en elle-même était affreuse. Des murs gris en béton, des vitres sales et un panneau lumineux indiquant sobrement : Market. L'endroit parfait pour se faire braquer et voler son portefeuille. Comment Nancy pouvait-elle travailler ici, elle qui était si parfaite ? Est-ce que le magasin reflétait le caractère de Gareth ? Difficile à croire vu la tête qu'il avait sur la photo, mais après s'être vue se menacer en vidéo, Sarah ne savait plus vraiment ce qu'elle devait croire ou non.

Elle traversa le parking d'un pas rapide et entra dans le magasin, faisant sonner de ce fait une petite cloche annonçant son arrivée. Pour un magasin ouvert même le dimanche, il n'y avait pas grand monde. Un vendeur arriva au comptoir et fit son plus beau sourire à la jeune femme, sûrement heureux de pouvoir vendre enfin quelque chose. Sarah aurait aussi eu la haine si on l'avait forcée à travailler un dimanche et qu'il n'y avait pas de clients. Elle se détacha les cheveux les ébouriffant légèrement et rendit un sourire en tirant sur les manches de son manteau nerveusement.

– Mademoiselle, demanda le commerçant dont l'énergie prenait Sarah de court, que puis-je faire pour vous aider ?

La blonde jeta un regard autour d'elle. Si elle se mettait à dire la vérité à tout le monde, on finirait par la prendre pour une folle, et elle se retrouverait avec des problèmes plus grands encore qu'un simple DVD. Elle eut un sourire gêné :

– Oui, vous voyez je cherche mon petit ami, Gareth. Tenez, elle sortit son téléphone et lui montra la photo de la soirée que Nancy avait eu la bonté de lui envoyer, c'est lui. Je lui ai prêté un double de mes clés mais j'ai perdu les miennes, donc j'aimerais savoir si vous l'avez vu aujourd'hui. Il... il travaille bien aujourd'hui, n'est-ce pas ?

L'homme derrière le comptoir prit un air goguenard :

– Le cachottier ! Il ne m'avait pas dit qu'il avait une amoureuse, et qui plus est plutôt jolie. Gareth est parti tôt ce matin, il n'est pas venu ici. Il ne vous a pas envoyé de message ?

Pour réponse, Sarah haussa les épaules.

– Ce n'est pas grave, vous pouvez toujours allez chercher vos clés dans ses affaires. Il les entrepose dans un casier dans l'arrière boutique.

Il termina sa phrase en tendant un jeu de clé, sans doute pour ouvrir le cadenas du casier. Un dernier sourire de Sarah mit fin à la conversation et la jeune femme passa derrière le comptoir, se dirigeant vers l'arrière boutique. Juste avant de pousser la porte, elle se retourna vers le vendeur et lui demanda, d'un ton qui se voulait détaché :

– Vous êtes sûr qu'il n'y a pas de trucs bizarres là-dedans, je veux dire, dans les affaires de Gareth... On vient de se rencontrer, précisa-t-elle d'un sourire faussement niais face à l'air perplexe du commerçant.

– J'en sais rien moi, d'après certains clients il agit bizarrement, ça m'étonnerait pas qu'il ait des choses bizarres dans ses affaires. Après moi je l'aime bien et les collègues aussi, il est juste un peu timide je pense.

Elle le remercia d'un mouvement de tête et entra dans l'arrière boutique. Selon des clients, Gareth agissait bizarrement.Qu'entendaient-ils par « bizarrement » ? Suffisamment glauque pour entrer par effraction chez une jeune femme et lui fourguer un DVD trafiqué ? Ou suffisamment étrange pour avoir des poupées vaudoues dans ses affaires ? Elle ne tarderait pas à le savoir. Elle alluma la lampe de son téléphone et avança dans le noir, à la recherche d'un interrupteur.

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