DEAN.
Tard dans la nuit du samedi 13 octobre, Dean s'était installé dans son canapé de bonne humeur. Tout juste installé dans ce nouveau quartier dont on vantait les mérites à chaque coin de rue, il n'avait pas eu le temps de se forger un avis concret sur la question. Il avait accepté de quitter son vieil appartement en centre-ville pour emménager dans une maison en banlieue avec son petit ami, Clark. Et si celui-ci semblait adorer l'endroit, le jeune homme se laissait le temps de découvrir pour mieux juger. Il fallait cependant avouer que la gentillesse des voisins et la beauté des lieux commençaient à faire leur effet sur son esprit critique. Mais son avis allait définitivement pencher de l'autre côté après cette soirée.
Un livre dans les mains – il s'agissait de l'œuvre de Huxley, Le meilleur des mondes – il ne se concentrait pas assez pour le lire, réfléchissant à si l'endroit lui plaisait. Il commençait doucement à se dire que, oui, c'était plutôt pas mal. Clark était sur l'ordinateur, lunettes sur le nez, en train de surfer sur le net. Las, Dean posa son livre et se leva pour aller jeter un œil à ce qu'il faisait. Il se pencha doucement par dessus son épaule et lui dit :
– Qu'est-ce que tu regardes ?
Clark replaça ses lunettes sur son nez et souffla d'une voix concentrée, trop sérieuse pour ne pas éveiller en son ami un fond d'inquiétude :
– Des articles qui parlent de la recrudescence des violences et des cambriolages dans notre ville, rien de bien grave.
Peu convaincu, Dean jeta un œil à l'écran. Et quelques lignes suffirent à l'inquiéter. Lesdites violences étaient à l'encontre de couples du même sexe. Selon l'article il y avait un jeu en ville, un truc de gosse, le « knock and hide ». Le principe du jeu était de cibler des maisons, de toquer et d'attendre que les propriétaires ouvrent leur porte. Là, les gamins entraient et agressaient les gens vivant dans la maison, volant des affaires au passage, à moins que les propriétaires se soient cachés avant. Un cache-cache niveau expert. Si les agresseurs ne trouvaient pas les habitants de la maison, ils repartaient sans rien prendre. Mais cela n'arrivait jamais. On recensait plus de trente-trois violations de domicile avec agression. Et on comptait dans le tas six meurtres. Selon l'article le jeu serait revenu à la mode l'été dernier, ciblant cette fois-ci les couples de même sexe, les personnes de couleurs, les handicapés, les minorités.
Clark ferma brutalement l'écran et se retourna vers son compagnon.
– Tu tiens vraiment à te mettre des idées pareilles en tête avant de dormir, à te faire peur à coups d'articles débiles sur le net ?
Livide, Dean répliqua :
– Pourquoi tu regardes ça, tu m'expliques ?
– Je me documentais sur le quartier et je suis tombé dessus, c'est rien de sérieux, une petite blague pour les gamins du quartier.
Serrant les poings, Dean tourna les talons et se dirigea dans la cuisine. Et les six meurtres, ça aussi c'était une blague ? Il n'avait pas envie qu'on vienne toquer à sa porte pour l'agresser et le vider des organes sur le carrelage de sa salle de bain. Tout ce qu'il voulait maintenant c'était dormir, mais l'article n'arrangeait rien à tout ça. Des meurtres en ville, d'accord, il y en avait parfois et c'était quelque chose de flippant, mais raisonnablement flippant. Là on parlait d'événements dans le quartier, de cibles choisies et donc traquées, pistées, de meurtres dans un espace réduit. Et ils correspondaient parfaitement au profil des victimes. Couple gay, isolé. Ne manquait plus qu'une pancarte avec marqué dessus : « Victime prête à être égorgée ». Dean tâcha de chasser sa colère en se servant un verre d'eau qu'il but d'une traite. Être de mauvaise humeur pour sa première nuit ici, le rêve, merci Clark.
VOUS LISEZ
Those Stories That We Won't Tell
HorrorTrois personnes qui ne se sont jamais vues. Trois phénomènes étranges à la limite du paranormal. Et trois lourds secrets qu'il aurait mieux valu laisser enfouis dans l'ombre... Je m'appelle Sarah. Ce matin en me réveillant j'ai trouvé une cassette t...