Chapitre 19 : J'attire les mauvais garçons

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SARAH.


Le corps de Gareth bascula sur le côté et Sarah, libérée du poids de lutteur du psychopathe, remplit ses poumons d'air frais en toussant. Elle pivota sur le flanc, se redressant sur ses coudes, ses longs cheveux blonds ternes lui brouillant la vue, déjà peu claire avec l'obscurité environnante. Elle toussa et cracha, essayant de reprendre une respiration normale. En s'évanouissant Gareth lui avait comprimé la poitrine de tout son poids, vidant d'un bloc tout l'air dans sa cage thoracique. La jeune femme essaya de se relever quand deux mains s'emparèrent d'elle par les bras pour l'y aider. Criant de panique, la blonde ramassa aussitôt sa matraque télescopique et asséna un coup sec et brutal sur l'avant-bras de l'inconnu.

– Ne me touchez pas !, hurla-t-elle.

La jeune femme recula tout en repoussant brusquement l'intrus, le croyant un ami de Gareth, sans doute celui qui avait attaqué Nancy. Elle manqua de trébucher sur le corps inanimé reposant là derrière, mais elle l'enjamba maladroitement, récupérant son téléphone éclaté au sol au passage. La blonde braqua la lampe sur le nouveau venu et l'examina d'un regard méfiant. La douleur dans sa cuisse s'intensifiait et elle tenait difficilement debout. L'homme en face n'avait pas l'air méchant, tout du moins il avait l'air perdu. Il tirait une sale tête à cause de son bras meurtri par la matraque, mais il semblait aussi avoir mal au ventre. Un côté de sa tête avait été privée de cheveux blonds, marqué par une cicatrice.

– Vous allez bien ?, demanda-t-il en grimaçant de plus belle. Ce type vous a attaqué... Je ne suis pas sûr de tout comprendre.

– Il m'a sauté dessus avec un couteau, elle désigna l'arme blanche du pied. Je n'ai fait que me défendre, il n'y a rien à comprendre. Et vous, vous sortez d'où avec votre cicatrice sur la tête et votre air paumé ?

L'homme lui expliqua dans les grandes lignes qu'il s'appelait Brian Ashner, qu'il travaillait dans un fast-food en ville et que depuis un moment il vivait des choses étranges avec une histoire de téléphone portable perdu, d'un parc et d'une fille avec un couteau. Sarah se détendit légèrement en comprenant que, comme elle, il avait un truc avec les psychopathes. Soit cette maudite ville était pourrie jusqu'à la moelle, soit ils avaient tous deux un mauvais karma pour se retrouver dans une situation similaire. À moins que ce ne soit leurs fréquentations qui en soient la cause ? Le Full Vibes n'était pas un endroit fréquentable, loin de là. Sarah resta là à l'écouter. Lorsqu'il parla de Gareth Fetcher et du fait qu'il avait besoin de lui parler, elle s'effaça sur le côté, dévoilant le corps et le montra du doigt.

– Voilà votre homme, Brian. De quoi vouliez-vous parler avec un psychopathe pareil ? Je ne crois pas qu'il ait la conversation intéressante, non. J'irai même à dire qu'il est plutôt l'inverse, flippant et silencieux.

– Cet homme est... Gareth Fetcher ?, murmura-t-il incrédule, ses yeux s'écarquillant tandis que Sarah hochait la tête. Il vit avec sa grand-mère au 36 avenue Albertine ?, à nouveau Sarah fit oui de la tête. Et il a essayé de vous tuer, vous ? À l'instant ? Avec ce couteau ? Mais... mais je croyais que c'était...

Quelqu'un de normal, se retint d'achever Sarah. Oui au premier abord, Gareth avait l'air tout ce qu'il y a de banal, ou du moins normal dans le sens d'un esprit sain dans un corps sain. Elle leva un sourcil, amusée. Ce type paraissait débarquer de Mars, complètement ahuri de tout, posant plus de questions qu'il ne trouvait de réponses. Lorsqu'il lui demanda ce qu'elle comptait faire, Sarah pensa d'abord à appeler la police, mais le souvenir agaçant de l'inspecteur Buchanan et de son effrayante incompétence l'y fit renoncer. Au lieu de ça elle jeta un œil autour d'elle, réfléchissant à un moyen d'obtenir des réponses.

Il fallait qu'elle en obtienne, sans quoi elle allait devenir folle. Qui était cette femme qu'elle l'avait entendu appeler « dame Sabbeth » et ce Zagan, qui était-il ? Et surtout quel était le lien entre ces gens et la cassette qu'elle avait reçu, à supposer qu'il y avait un lien, ce qui n'était pas sûr non plus. Non, elle devait avoir des explications de la voix de Gareth. Le dénommé Brian Ashner n'avait pas l'air de vouloir appeler la police pour autant, tétanisé par tout le sang qui maculait les lieux et le corps inerte de Gareth. Peut-être que lui aussi avait besoin de réponses. Il devait l'aider à l'installer quelque part, à l'attacher et à le réveiller. Ensuite, une fois que toutes les dispositions auraient été prises, ils en discuteraient.

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