Chapitre 8 : Danse avec moi

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DEAN.


– Je veux déménager.

Dean observait son compagnon depuis un bon quart d'heure déjà, et cette phrase constituait le fruit d'infernales heures d'intense réflexion. Trois petits mots, si lourds de sens. Clark était sorti de l'hôpital il y a deux jours, et c'était la première fois qu'ils avaient une réelle discussion sur les événements du 13 Octobre. Et quoi de mieux pour commencer les hostilités que de demander de déménager ? Aussi invraisemblable que la demande pouvait paraître, Dean était on ne peut plus sérieux, ne lâchant pas des yeux son compagnon, guettant une réaction. C'était la solution la plus sensée, la plus logique. Dans les films d'horreurs, où la plupart des personnages sont dépourvus de cerveau, personne ne pense à déménager, à quitter la maison hantée. Dean, lui, y pensait. Et il y pensait fermement.

Mais Clark n'était pas de cet avis.

– Pourquoi ?, dit-il en retirant ses lunettes d'un ton las, se massant les paupières. Parce que des hommes sont venus nous agresser chez nous, qu'ils ont gravé des dessins incompréhensibles sur nos meubles et qu'une vieille dame t'a échappé des yeux l'espace d'un instant ? Dean, toi qui te targues d'être le plus malin de nous deux, pourquoi tu ne réfléchis pas une seconde avec ton cerveau juste histoire d'essayer ?

L'intéressé plongea son visage dans ses mains et se massa les tempes, tentant de rassembler tout son calme. Il aimait Clark, et il avait besoin de l'avoir de son côté. Pourquoi était-ce à lui que toutes les merdes arrivaient, et pas l'inverse ? Si Clark avait été confronté à cette voix inhumaine, à cette mamie de cire ou à ces symboles occultes, l'aurait-il seulement cru ? Il pouvait être si sceptique parfois... Il joignit élégamment les mains et regarda Clark droit dans les yeux. Ce dernier replaça ses lunettes carrées sur son nez, se terrant dans un mutisme imperturbable, en attendant une réponse. Dean serra les dents puis tâcha de se détendre davantage.

– Je réfléchis justement. Et plus j'y pense, plus je me dis que cette histoire m'effraie au plus au point, à un point tel que--

– C'est justement ce qu'ils veulent faire !, s'exclama Clark en le coupant. Nous effrayer. Ils veulent qu'on se tire d'ici parce qu'on a eu l'audace de dire au monde entier qu'il pouvait aller se faire foutre, parce qu'on a eu le courage de nous dire « jet'aime ». Moi je ne cède pas face à des provocations d'abrutis dégénérés.

Des provocations ? Ces hommes l'avaient passé à tabac dans la rue, c'était bien plus que de la provocation, c'était des violences intolérables. Même en mettant de côté l'histoire de sorcière, tout le délire sur Sabbeth et Zagan le démon, même en omettant les événements étranges qui s'étaient produits depuis leur arrivée, se faire agresser chez soi était un motif suffisant pour avoir peur. Clark s'était fait tabasser dans la rue par des inconnus le jour de leur emménagement, ces connards l'avaient envoyé à l'hôpital ! Et la police n'avait rien fait mis-à-part dire qu'ils allaient chercher d'éventuels agresseurs. D'éventuels ! C'était largement assez pour justifier un déménagement aux yeux de Dean. Alors si par dessus on rajoutait sorcellerie, pacte avec le diable et téléportation de grand-mère avec dessins en prime...

– Écoute, reprit Clark d'un ton plus doux en lui prenant une main, je sais que ces premiers jours ici n'ont pas été les plus faciles de notre vie, mais on a vu pire. Tu te souviens du Nouvel An de 2011 ? Ces types qui nous étaient tombés dessus à la sortie du bar, avec Matt et Jessica ? On a connu pire, ne t'en fais pas.

Dean serra la main de Clark et sa mâchoire se contracta. Les yeux emplis de larmes, il siffla entre ses dents.

– Ces monstres t'ont passé à tabac. Ils étaient armés. Ils sont entrés par effraction chez--

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