Chapitre 23 : Je prierai pour toi

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NANCY.


Lorsqu'elle avait repris ses esprits dans son lit d'hôpital, et qu'on lui avait annoncé que l'on recherchait activement son présumé agresseur, Nancy n'avait pas ressenti le soulagement que l'on aurait cru lui apporter en lui annonçant pareille nouvelle. Elle avait au contraire ressenti une forme de crainte en entendant son assaillant être nommé « Gareth Fetcher », le nom de son collègue, celui-ci ne ressemblant en rien à l'homme qui avait essayé de l'étouffer avec ses mains. Mais lorsqu'elle avait appris qu'il était inculpé pour plusieurs meurtres et que c'était un ami de Sarah qui leur avait fourni la preuve par enregistrement, là seulement elle s'autorisa un peu de calme, sans pour autant être complètement rassurée.

Les médecins avaient finalement accepté de laisser repartir la jeune femme chez elle après quelques jours passée en observation, histoire de vérifier qu'il n'y avait aucun traumatisme physique décelable pouvant mettre en danger leur patiente. Physique, non il n'y en avait aucun. Mais pour ce qui était du traumatisme psychologique, c'était une autre histoire. Pour ne plus rester un jour de plus dans cet horrible hôpital aseptisé, Nancy avait menti lors des questionnaires de routine des docteurs servant à évaluer sa stabilité mentale, et avait dit aux policiers qu'elle se sentirait parfaitement à l'aise dans son appartement, ce qui d'une certaine manière était vrai, puisqu'elle se sentirait mieux chez elle qu'ici. La vérité, elle, était toute autre. La demoiselle avait fait ses affaires, drapant son cou fragile d'un léger foulard pour masquer les contusions, et était rentrée chez elle en taxi. Le parking sous-terrain lui donnant la chair de poule, elle se félicita de ne pas avoir dû s'y garer seule. Elle y aurait sûrement fait un malaise.

Nancy resta un instant devant la porte de son appartement, clés en main, fixant d'un regard vague le symbole qui restait gravé dans le bois. La jeune femme décida qu'il fallait, à défaut d'être apte à faire autre chose, tâcher d'en apprendre davantage sur ce symbole, ce qu'il représentait, ce qu'il voulait dire. Elle déverrouilla puis poussa la porte d'entrée, restant dans l'embrasure de la porte, fixant son appartement. Il restait des rubans de police, derniers signes du passage des forces de l'ordre chez elle. La jeune femme referma la porte et la verrouilla derrière elle, prenant une profonde inspiration, expirant pour relâcher stress et tension. Elle devait prendre une douche. Jetant ses clés et son manteau sur le comptoir de sa cuisine, elle se dirigea vers sa salle de bain, attrapant couteau de cuisine au passage.

On ne l'aurait pas deux fois.

Les bienfaits d'une bonne douche se montrèrent instantanément, tandis que Nancy tirait le rideau plastifié pour s'observer dans la glace embuée, nouant sa serviette autour de sa poitrine. Ses longs cheveux noirs frisés dégringolaient sur ses épaules avec éclat et son teint reprenait une vitalité encourageante. Seules les marques violacées autour de son cou et ses yeux anxieux témoignaient encore de son agression. La jeune femme s'habilla d'un chemisier jaune et d'un jean noir et partit chercher son ordinateur, commençant ses recherches sur le symbole. Et les résultats ne se firent pas attendre, tous la menant vers un seul nom : Sabbeth.

– Qu'est-ce que c'est que cette histoire encore ?, marmonna-t-elle en attachant ses cheveux mouillés d'un chignon.

Nancy n'avait jamais été une grande fan des sorcières, des histoires d'horreurs ou même des jeux stupides comme le knock and hide. Elle était ce genre de personnes qui avait peur de tout et de pas grand chose en même temps, paradoxal. Cumulant des petites phobies, ses peurs n'atteignaient jamais un niveau extrême, et souvent parce que justement, elle évitait d'avoir trop peur, qualifiant de phobie un simple dégoût ou une petite frayeur. Et ces histoires sur Sabbeth et son ami à tête de buffle la mettait mal à l'aise. Le symbole y était bien, il représentait son bûcher, soit. Mais pourquoi le type qui l'avait gravé sur sa porte cherchait Sarah ?

Those Stories That We Won't TellOù les histoires vivent. Découvrez maintenant