Chapitre 20 : Éclaire-moi de ta flamme

3 2 0
                                    

DEAN.


C'est un lundi matin grisâtre qui s'annonçait, le ciel étant chargé de nuages, tout comme l'état d'esprit de Dean qui avait dû supporter les questions et reproches de ses parents, l'obligeant à leur donner une partie de la vérité, ne leur relatant que l'agression de la nuit de leur emménagement. Et ensuite, il avait simplement été auprès de Clark, dormant à son chevet, ce dernier n'ayant pas repris conscience, dormant le dimanche entier. Sortant de la douche, ce lundi donc, Dean passa une main sur le miroir chargé de buée et fit face à quelqu'un d'autre. Son regard s'était durci, sa haine pour Sabbeth et sa frayeur du samedi soir aidant à transformer ces doux yeux bleus en une arme bien aiguisée. Sa mâchoire avait laissé naître une barbe de trois jours, barbe qu'il essayait d'éliminer d'ordinaire, car d'après Clark ça ne lui allait pas. Ses cheveux châtains foncés, à la limite du brun, étaient à moitié secs, épars. Il avait l'air d'être une autre personne. S'habillant simplement, il quitta la salle de bain et descendit les marches. Aujourd'hui ils partaient tous les deux. Clark s'était levé ce matin, sans aucun souvenir.

Dean serra sa mère dans ses bras, essayant d'ignorer les discussions en bruit de fond de ses parents qu'il avait entendu à propos de Clark et de sa soit-disant folie. Il serra sobrement la main de son père, ajustant la lanière de son sac, et descendit les marches du perron. Il traversa la cour à grands-pas, passant devant la zone d'herbe carbonisée, dernière trace du bûcher que les pompiers avaient dû éteindre. Ils étaient venus le plus vite possible et avaient passé la journée du dimanche à éteindre les flammes, comme si une force prenait un malin plaisir à raviver le feu pour leur compliquer la tâche.

– Mon père leur a dit que c'était rien d'autre qu'une soirée barbecue qui avait mal tourné, dit froidement Dean après avoir claqué la portière de la voiture, mains sur le volant. Je ne t'en veux pas, même si j'en ai l'air, c'est juste...

Juste qu'il avait failli être brûlé vif comme une sorcière et que c'était ces mêmes mains qui d'ordinaire le caressaient qui avaient essayer de le balancer dans les flammes. Il ne lui en voulait pas puisqu'il avait reconnu la présence de la sorcière dans les paroles de Clark. Non, il avait simplement peur, parce qu'il se disait que maintenant vivre avec lui allait être très compliqué, voire impossible. Peut-être même qu'ils finiraient par se séparer... C'était le plus judicieux, sans doute. Dean mit le contact et démarra au quart de tour, quittant la maison de son enfance. Revenir ici avait été une très mauvaise idée et il n'était pas mécontent de repartir. Trois heures de route s'annonçaient, trois heures de silence, de réflexion.

Et la route fut longue. Très longue.

Lorsqu'il se gara enfin dans l'allée de leur maison, Dean eut un frisson dans le dos, lâchant le volant et détachant sa ceinture. Un mauvais pressentiment. Le jeune homme jeta un œil anxieux à la porte d'entrée. Elle était encore marquée par le sceau de Sabbeth, normal puisqu'ils n'avaient pas vraiment eu l'occasion de changer de porte mais aussi, et c'était plus inquiétant déjà, la porte était légèrement entrouverte. Clark ouvrit sa portière, déjà détaché, et sorti. Dean l'imita et claqua vivement sa portière, se plantant comme un piquet devant lui, l'air on ne peut plus sérieux. Clark leva un sourcil sous ses lunettes :

– Qu'est-ce que tu fais ?

– Reste dans la voiture, ordonna sèchement Dean en posant sa main à plat sur son torse. Tu ne sais pas à quoi tu as affaire, moi oui. Je me suis suffisamment renseigné sur ces choses pour être compétent, toi non.

Clark ignora sa main, rétorquant que si c'était un voleur il aurait davantage peur de lui que d'un conservateur de musée. Il le repoussa sur le côté, complétant que s'il s'agissait d'un fantôme ou autre truc bizarre, son endurance pourrait lui sauver la vie, contrairement à lui.

Those Stories That We Won't TellOù les histoires vivent. Découvrez maintenant