Chapitre 21 : Je ne joue plus

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BRIAN.


Assis dans son salon, confortablement installé dans un fauteuil qu'il n'avait pas quitté depuis plusieurs heures, la tête remplie de questions et la gorge serrée par la peur, Brian observait un calme et un silence religieux tandis que ses yeux fixaient inlassablement la jeune femme endormie dans son canapé. En quittant le Full Vibes, terrorisé par la voix qui avait éjecté la blonde par la fenêtre, il avait emporté Sarah mais abandonné Gareth, lui souhaitant bien du courage. Il avait jeté la jeune femme dans sa propre voiture, lui avait pris les clés et avait roulé jusqu'à chez lui pour s'occuper d'elle. Et depuis hier, elle dormait comme une princesse dans son divan, les blessures bandées au mieux par le docteur Mitchell qu'il avait fait venir. Ce dernier avait accepté de ne pas insister pour l'emmener à l'hôpital, à condition que Brian lui donne une invitation à une soirée sur la côte Ouest pour sa femme et lui. Le blond s'était arrangé avec sa tante Edna et lui avait obtenu deux invitations dans l'heure, ce qui avait sauvé Sarah.

Cette dernière reprit conscience quelques instants de réflexions plus tard, gémissant et tirant une tête affreuse à cause de la douleur. Il la vit s'agiter, regarder de droite à gauche l'air paniqué, avant de se détendre en le voyant lui, un sourire amical sur le visage. Brian avait gardé son laptop sur les genoux, ayant fait des recherches quelques heures auparavant, sur cette mystérieuse secte des Fils de Sabbeth, s'aidant au passage des livres fournis par Lilian Holmes. Rien sur Daphné, rien sur la Gare Centrale.

– Bien dormi ?, demanda-t-il d'un sourire chargé de compassion. Je suppose que oui, après le vol plané que tu as fait...

Sarah répondit en un soupir et retomba mollement sur le dos, visiblement épuisée. Brian se forçait à prendre les choses sur le ton de l'humour, mais il n'en riait pas vraiment. Il avait vu cette fille voler dans les airs et passer à travers une vitre sans qu'aucune force visible ne l'y contraigne. De la magie, purement et simplement. C'était irréel. Impensable. Sarah finit par se redresser et elle lui demanda, inquiète.

– Et ta blessure ? La voix a dit que tu perdais du sang...

– Je vais bien, la rassura-t-il en relevant son t-shirt pour lui montrer le bandage neuf. Le médecin qui s'est occupé de toi s'est aussi chargé de mon cas, ne t'en fais pas pour ça..., mais face à l'air incrédule de la jeune femme, il se sentit obligé de compléter. Une femme m'a poignardé chez moi il y a quelques jours. Et j'ai toutes les raisons de croire qu'elle fait partie de la même secte que ton cher Gareth...

Elle leva les sourcils, agacée :

– Où est-il ?

– Je n'en sais rien, avoua Brian. Quand je t'ai amenée ici, je l'ai laissé au studio sans oublier d'appeler la police. Je leur ai donné l'enregistrement, mais quand ils sont allés sur les lieux, Gareth n'y était plus. En fouillant la police a trouvé des corps, plus qu'on en avait vu, mais aussi des empreintes sur l'arme du crime et... et une main, pendant mollement dans le vide, menottée à un radiateur... Je crois qu'il s'est tiré.

La blonde étouffa un cri de stupeur doublé d'un juron, vraisemblablement dégoûtée par ce récit, ou bien par le psychopathe. Celui-ci courait donc encore dans la nature, une main en moins. Il ne serait pas difficile à retrouver ceci dit. Les policiers s'étaient déjà mis en chasse, interrogeant madame Fetcher au sujet de la disparition de son petit-fils. Le nom de Gareth Fetcher passait déjà dans les journaux du mardi matin. Sarah eut un sourire satisfait. Ce n'était qu'une question de temps avant qu'on ne l'attrape. Elle ne risquait plus rien. Nancy ne risquait plus rien. Ceci dit si Brian avait été poignardé par une femme, femme appartenant au groupe de Gareth, il fallait la retrouver elle aussi, et la mettre hors d'état de nuire.

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