DEAN.
– Brian !
Le coup de feu parti, le blond s'écrasa au sol tandis que les jambes de Dean écoutèrent leur instinct et se mirent à courir dans la direction opposée, comme si elles avaient débranché le cerveau du conservateur de musée. L'air froid lui glaçait le visage et condensait son souffle saccadé en une buée sinistre. Courir, fuir pour rester en vie. Ne pas s'arrêter. Tant pis pour Brian. Tant pis pour Sarah. Tant pis pour Sabbeth. Il abandonnait tout, laissait tout tomber dans cette ville de merde. Il déménagerait avec Clark. De toute façon Dean n'avait jamais voulu emménager dans cet endroit, un lieu qui leur en avait fait voir de toutes les couleurs dès leur première nuit. Il s'arrêta de courir, à bout de souffle, les mains prenant sur ses genoux, plié en deux. Les yeux humides, la bouche grande ouverte pour inspirer, il resta ainsi un temps. Il jeta un regard en arrière, terrifié. Brian était encore avec Gareth. En danger.
Il se sentit coupable, ressentant l'ascension sournoise de la culpabilité en lui, grimper le long de son être, lui tordre les entrailles. Il venait de l'abandonner. Dean cracha par terre un excès de salive et fixa du regard le cabanon se dessinant au loin. Putain de lâche. Voilà ce qu'il était. Il avait abandonné Clark aux mains de ces fous furieux le soir de leur arrivée, et maintenant il laissait tomber Brian, pris au piège entre les griffes de ce psychopathe. Le jeune homme se redressa avec lenteur, tâchant de respirer par le nez et de se calmer. Après un temps de réflexion durant lequel son regard hésita entre le grillage fendu et le cabanon, il soupira, tout son corps se relâchant. Il passa une main sur son visage et grogna.
– Tu vas te faire tuer...
Le jeune homme repartit en sens inverse, ignorant son instinct de survie qui lui hurlait de faire demi-tour, et se mit à courir vers Brian. Alors que le vent commençait à nouveau à lui fouetter le visage tandis qu'il gagnait en vitesse, quelque chose vint se saisir de sa cheville et le fit tomber en avant sans crier gare. Il s'effondra brutalement étouffant un cri de stupeur, heurtant le solde plein fouet. Face contre terre, il se raidit en sentant qu'on lui tenait encore la cheville. Il se retourna vers l'entrave et ses yeux s'écarquillèrent d'horreur, au moment où sa gorge laissait échapper un grand cri d'épouvante. On lui tenait la cheville.
Une main, sortie de terre, de sa tombe, s'agrippait fermement à sa botte. Se retournant sur le dos, il rampa en arrière au mieux, tirant sur la main qui refusait de le lâcher. Il hurla de plus belle en voyant le bras entier émerger de la terre granuleuse, puis l'épaule et le sommet du crâne. Le visage d'un homme en décomposition ne tarda pas à apparaître, couvert de terre et de chair en putréfaction, dents et os à l'air.
– Lâche-moi saloperie !, hurla-t-il en envoyant son pied dans la figure du mort à répétition. Dégage putain !
Un coup de pied supplémentaire décrocha la tête du cadavre qui vola plus loin, heurtant son épitaphe et roulant sur quelques mètres. Dean tira d'un coup sec sur la main qui se résigna enfin à le laisser repartir et, aussitôt libre, il se releva maladroitement et déguerpit le plus vite possible. Au moins Gareth était un être humain, quelque chose de concret que l'on pouvait neutraliser. Il n'en était pas aussi sûr avec ces... choses, sorties de terre. Il se refusait à les appeler « morts-vivants », parce que cela reviendrait à les identifier à ces créatures de séries Z, dans lesquelles maquillage et manque de réalisme étouffaient la peur. Il ne pouvait pas comparer un figurant maquillé à l'horreur qu'il venait de voir.
Ne cessant de courir, les poumons en feu et les joues rouges, Dean poursuivit inlassablement sa route jusqu'à réaliser quelque chose. Il ralentit l'allure, son regard traversé d'une légère pointe d'inquiétude. Le cabanon n'était pas aussi loin, normalement...
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Those Stories That We Won't Tell
HorrorTrois personnes qui ne se sont jamais vues. Trois phénomènes étranges à la limite du paranormal. Et trois lourds secrets qu'il aurait mieux valu laisser enfouis dans l'ombre... Je m'appelle Sarah. Ce matin en me réveillant j'ai trouvé une cassette t...