Those Stories That We Won't Tell

Chapitre 11 : Je rêve de terreurs noires

DEAN.

L'amphithéâtre du lycée de Northwood Highway était bondé d'étudiants, surprenant pour un vendredi après-midi. L'après-midi touchait à sa fin et les cours également, pourtant les élèves les plus âgés s'étaient rassemblés parmi les visiteurs curieux et assistaient à un dernier séminaire qui, bien que facultatif, semblait les intéresser. De temps à autres le lycée autorisait certains auteurs ou autres professionnels à donner un cours sur le sujet de leur choix. Et ce vendredi, le cours portait sur la sorcellerie et la démonologie. Tout naturellement, en apprenant cette nouvelle, Dean s'y était rendu plein d'espoir.

Assis au sommet des gradins, perdu au milieu de plusieurs étudiants isolés sur leurs mobiles et des vieillards baillant à l'approche de la fin du cours, il attendait les mains sur les genoux, buvant les paroles de l'intervenant, un homme grand au crâne en état de calvitie avancée, frisant l'aube de la soixantaine, vêtu à la mode du siècle dernier. Un livre ouvert sur son pupitre, micro à porté de bouche, il lisait prétentieusement des passages de son œuvre comme s'il voyait en cela la vérité absolue. Dean n'avait écouté que distraitement la première partie sur l'histoire du mouvement sataniste, mais avait attentivement prêté l'oreille lorsque le sujet avait dévié sur la magie noire, la sorcellerie et les démons.

– Il y a deux types de sorcières : les êtres surnaturels possédant des pouvoirs dus à un pacte avec le Diable... et les fous évadés de Saint Swithin qui prétendent être des sorcières sous prétexte qu'ils adorent Satan. Et je ne parle même pas de la branche bâtarde des sorcières, celle composée de gamines en manquent d'attention et qui se proclament sorcières sous prétexte qu'elles ont regardé une série en streaming. Pour conclure ce cours nous allons parler des sorcières de la première catégorie, celles qui fascinent et terrifient le plus nos contemporains, ou les font rire, tout dépend comment vous voyez une sorcière de nos jours !, il s'arrêta un instant tandis que des ricanements s'élevèrent dans la salle. Bien, aujourd'hui je vais imager mon exemple avec une demoiselle locale, j'ai nommé Jeanne de Beaulevois.

Le sang de Dean se figea dans ses veines et il se pencha plus en avant pour écouter. Tout d'abord l'intervenant fit une sommaire biographie de la sorcière, correspondant à peu près à celle qu'il avait lu dans le livre trouvé dans la librairie de Lilian Holmes. Il se concentra davantage lorsqu'il en vint à la suite.

– Plus connue sous le sinistre nom de Sabbeth, Jeanne de Beaulevois disposerait de dons maléfiques accordés par son époux le démon Zagan. En lui prêtant allégeance, elle aurait acquis de nombreuses capacités surnaturelles dont certaines sont à démentir. Ceci dit on lui attribue toujours la faculté de tromper son monde, il se mit à citer son œuvre. « Le mensonge et l'illusion, voilà les armes de Sabbeth. Elle ne prend ni lance, ni poignard pour frapper, seulement ses mots et sa langue bifide pour manipuler et abuser de son ennemi ». Sabbeth est une menteuse vous l'aurez compris, lorsqu'elle dit une chose, elle pense son contraire. Gare à quiconque aurait l'imprudence de la croire ou ne serait-ce de l'écouter.

Un étudiant encore réveillé leva la main vivement. L'intervenant l'autorisa à parler d'un signe de tête approbateur. Regardant ses notes l'étudiant demanda :

– A quoi ressemble-t-elle ?

– Sabbeth, contrairement à ses disciples dont j'évoquais l'apparence tout à l'heure, possède bien un visage. Ceci dit elle masque constamment ses yeux, ce que vous comprendrez si vous avez bien écouté ce que je viens de dire. Les yeux sont les fenêtres de l'âme. On peut voir si quelqu'un ment en le regardant dans les yeux. Et comme Sabbeth méprise l'idée même de vérité, à moins que celle-ci soit pervertie pour servir sa cause, elle dérobe son regard aux yeux avertis. On la décrit de bien des façons, mais le masque revient toujours.