• prologue

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Des crissements de pneus résonnèrent en bas de l'immeuble en construction. Les travaux avaient été interrompus deux semaines auparavant, une aubaine pour les sbires d'Arnold Ferrell. Il avait choisi le lieu où il fallait en finir. Les portes avant des deux véhicules s'ouvrirent. Deux hommes sortirent de chaque voiture pour se diriger vers les coffres respectifs.


- Qu'ils restent muets jusqu'à ce que nous soyons en haut.

- Entendu, lancèrent trois des hommes.


Du premier coffre, ils débarquèrent une jeune femme dont les cheveux blonds lui barraient le visage. Elle tenait à peine sur ses jambes et l'énorme morceau d'adhésif gris apposé sur sa bouche soulignait davantage la peur dans son regard. Du second coffre, les hommes sortirent un homme plus âgé et plus vif que la prisonnière. Il tenta de s'enfuir mais les colosses ne lui laissèrent pas le temps de parcourir trois mètres. Ils placèrent les deux otages l'un à côté de l'autre et les obligèrent à avancer vers le gouffre noir du bâtiment face à eux. Il n'y avait pas de lieu plus lugubre pour en finir, c'est ce que constata Arnold en observant autour de lui, un sourire aux lèvres. C'était parfait. Ils entrèrent tous ensemble dans la cage du monte-charge qui grinça quand elle s'éleva du sol. Les escaliers du bâtiments étaient déjà existants, mais Arnold trouvait que ce moyen d'élévation n'était pas aussi théâtral que le monte-charge. L'arrêt brutal au quatrième étage leur arracha un sursaut à tous. L'un des hommes poussa la grille et les autres se chargèrent de faire avancer les otages. La blonde et l'homme échangèrent un regard compatissant mais celui-ci fut interrompu par leur séparation. Alors que trois des hommes éloignèrent le premier otage, Arnold Ferrell chargea son arme à feu. La jeune femme face à lui recula de quelques pas mais il ne tarda pas à la rejoindre. Il retira l'adhésif sur les lèvres de la blonde avant de la pousser et de la faire tomber au sol. Arnold vit l'autre otage s'agiter à sa droite.


- Dernières paroles.


A ces mots, les hommes retirèrent à leur tour l'adhésif qui barrait le visage de leur proie.


- Je vous en prie, ne la tuez pas ! lança-t-il.

- Ce sera très rapide. Pour vous deux.


Arnold prit le temps d'observer le Colt M1911 qu'il tenait entre les mains.


- Tuez-moi en premier.

- Assommez-le, je ne veux plus l'entendre !


Les trois hommes cognèrent le crâne de leur otage contre le bloc de béton derrière eux. Il s'écroula à terre et le sang coula de la plaie sur son front. Satisfait, Arnold posa de nouveau ses yeux sur la jeune femme qui était restée au sol et tentait de contenir ses sanglots. Son corps tremblait, ses yeux étaient embués de larmes. Chaque seconde la rapprochait de sa mort, elle ne se faisait aucune illusion sur le sujet. Arnold n'avait jamais eu d'autre objectif que de les tuer. Enfin, il pointa son arme sur elle.


- J'ai essayé de te réparer, d'effacer cet affront. Dieu nous a façonné selon son désir et il n'est pas...Il n'est pas concevable que son oeuvre soit remise en cause ! Puisque tu n'es pas conforme à son souhait et que tu ne le seras jamais plus, tu dois mourir. J'ai pourtant essayé de ne pas en arriver là, mais Il me pardonnera car je suis celui qui a été choisi pour supprimer ces abominations que vous êtes et ne garder que ses véritables oeuvres.


La respiration de la blonde s'accéléra tandis qu'Arnold se pencha au-dessus d'elle. Il tendit la main vers la chaîne en or qui dépassait du col de son tee-shirt noir. Arnold tira d'un coup sec arrachant un minuscule cri emprunt de surprise et de douleur à la jeune femme. Il laissa le médaillon tournoyer au bout de la chaîne.


- Jollyjay n'est plus.


Sans même un regard pour elle, Arnold tira un premier coup de feu. Le manque de précision dirigea la balle dans le flan gauche de l'otage. Le choc du projectile déchirant ses vêtements et entrant sa chair lui coupa la respiration, il lui était impossible de hurler. Pour le second coup, Arnold se montra bien plus radical. Une balle au milieu du front. Le tir n'aurait pas pu être plus juste. L'homme s'accroupit près du corps inanimé et prit le poult de la blonde. Il passa une main sur son visage avant de se relever et d'adresser un signe de tête à ses hommes. Il regarda une dernière fois sa victime et jeta le médaillon doré près du corps inerte, avant de suivre ses trois alliés. Le sang s'étalait lentement sur le béton froid. Le silence qui régnait dans le bâtiment trahissait sans mal la présence de la Mort.

Jollyjay n'était plus.

Jollyjay - T2: what kind of superhero are you? [terminé - version non corrigée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant