Me laisse pas...

424 36 30
                                    

5h après, Guillaume revient assurer une garde. Pedro lui a demandé s'il pouvait l'assurer à sa place car il avait des choses à régler, alors bien entendu, Guillaume a accepté. Lorsqu'il arrive, il voit Aurélien, tête baissée, l'arcade en sang, l'air épuisé. Il dévisage Yacine qui lui sourit, l'air victorieux. Putain, il lui a fait payer sa tentative d'évasion quelques heures avant. Guillaume culpabilise d'avoir laissé son pote deviner ce qu'il s'était passé.

-C'est bon tu peux y'aller j'assure la garde de P. !

-Fais pas d'erreur cette fois-ci.

Guillaume hoche la tête pour que son collègue s'en aille. Une fois seul avec Aurélien, il soupire et place son masque pour enlever le bandeau des yeux aux plus jeune. Celui-ci ne daigne pas les ouvrir, son œil droit est bleu et son arcade enflée, remplit de sang séché.

-Ca va mec ?

Il lui enlève le bâillon et Aurélien a tout l'air d'un zombie sortant d'un mauvais film d'horreur.

-Pourquoi tu lui as dit ? Je... Je me suis excusé... J'aurai pas dû, je sais mais... Mais pourquoi tu lui as dit ?

-J'ai rien dit du tout, il a deviné putain, tu verrais l'état d'mon nez, il est pas con, mais j'aurai préféré qu'il le sache pas...

Aurélien verse une larme, complètement épuisé et désemparé face à ce qui lui arrive. Le cœur de Guillaume se brise en mille morceaux, il aimerait pouvoir faire quelque chose mais face à ses 3 collègues, il est totalement impuissant.

-J'vais te soigner ça...

Il s'approche de son visage avec du désinfectant et du coton et commence à s'occuper de sa plaie. Il le trouve étrangement beau, malgré ses cernes et son air terrifié. Il faut dire qu'Aurélien est un jeune homme qui prend soin de lui, qui aime être toujours présentable, bien habillé, bien coiffé, mais aujourd'hui, il ne ressemble pas au Aurélien habituel. Il a un charme supplémentaire, un air bien plus viril que d'habitude.

-Pourquoi il t'a fait ça...

C'était plus une question pour lui-même que pour Aurélien. Celui-ci se contente de baisser les yeux et de renifler bruyamment. Dans sa tête, un millier de question se posent, il ne pensait pas avoir affaire à ça un jour. Il pensait être protégé de toutes ces horreurs et de pouvoir vivre une vie normale. Mais le destin en a choisis autrement.

-Est-ce que je peux... Aller aux toilettes ?

-Il ne t'as pas laissé y aller aujourd'hui ?

-Non...

Guillaume soupire en fermant les yeux. Ses collègues sont vraiment des monstres. Comment peuvent-ils n'avoir aucune pitié pour ce jeune homme qui a l'air adorable ?

-Tu fais pas l'con hein ?

Aurélien secoue la tête activement, le cœur palpitant. Le plus grand se redresse et se penche au-dessus de son interlocuteur pour le détacher. Il scrute avec attention tous ses mouvements mais il n'en est rien. Aurélien se contente de caresser ses poignets et d'apprécier le peu de liberté qui lui a été accordé. Alors, le plus grand lui montre un seau de la main pour lui indiquer les « toilettes improvisées » dont il a le droit.

-Est-ce que tu peux... Te retourner... Ca me bloque sinon...

Sans réfléchir, Guillaume accepte sa requête et se tourne, gêné de la situation. C'est à ce moment là qu'Aurélien saute sur le flingue posé en face de sa chaise et le braque sur son kidnappeur. Celui-ci se retourne en entendant le bruit de pas et, d'instinct, lève les bras en l'air en écarquillant les yeux. Bordel de merde, qu'il est con...

StockholmOù les histoires vivent. Découvrez maintenant