Aurélien s'aventure un peu plus loin, dans de sombres ruelles, dans l'espoir d'y trouver Gringe. Est-il parti ? L'a-t-il laissé là, au beau milieu du 8ème arrondissement de Paris, à 2h du matin ? A-t-il voulu le libérer de cette prise d'otage ? Aurélien ne comprend plus rien. Ce dernier baiser rapide était-il la signature d'un adieu bien trop court ?
-Lâche moi putain !
Cette voix... Il l'a reconnaîtrais entre mille. Il se met à courir vers cette voix, à deux rues plus loin, et la scène qu'il découvre lui glace le sang. Guillaume, allongé par terre, un flingue sur la tempe, tenu par Yassine. Les yeux de celui-ci se posent sur Aurélien qui sent son cœur s'arrêter. Guillaume le remarque aussi, bien qu'il ait le visage couvert de sang.
-COURT AURELIEN, COURT !!!!
Enzo, aux côtés de Yassine, commence à sprinter en direction d'Orel qui prend la fuite aussi vite que ses jambes tremblantes lui permettent. Un bruit sourd l'arrête dans sa course. *PAN*. Il se retourne, dans l'espoir de voir ce qu'il se passe, priant tous les dieux pour que ce bruit ne soit pas ce qu'il pense. Puis un deuxième bruit. *PAN*. Silence. Juste les pas d'Enzo à sa poursuite brisent ce calme insupportable. Alors Aurélien se remet à courir, des larmes ruisselant le long de ses joues rougies par l'effort. C'est un cauchemar, demain je me réveillerai dans les bras de Gringe, se dit-il. Mais l'auto-persuasion ne fonctionne pas, c'est bien trop réel pour que ça ne soit qu'un simple rêve. Son cœur se déchire, son monde s'écroule, la douleur qu'il ressent va certainement le tuer. Non, non, NON ! Pourquoi ai-je voulu venir en ville, pourquoi n'ai-je pas tus cette envie de sortir de notre cocon ?
Il se réfugie dans un hôtel, la gorge nouée, le cœur battant, et supplie l'hôtelier de commander un uber pour lui. En l'attendant, il a tout le temps de se faire des milliers de scénarios dans sa tête. Ses pensées sont coupées par le chant des sirènes de police et d'ambulance au loin, et tout devient clair. Gringe est mort. Après ce constat, il sait qu'il n'éprouvera plus jamais ne serait-ce qu'un soupçon de sentiment, d'émotion, de bonheur, et à quoi bon vivre désormais ? Le uber arrive et en partant, il passe devant la scène. Les pompiers portent un brancard dans lequel un corps y est allongé, recouvert d'un drap blanc taché de sang. Alors c'est bien réel, Gringe est définitivement parti... ? Il aurait préféré qu'il l'abandonne au lieu qu'il rejoigne les étoiles. Ces étoiles qu'ils ont regardé ensemble maintes et maintes fois, murmurant leurs vœux lorsqu'une étoile filante éclaircissait soudain le ciel, s'embrassant jusqu'à en perdre haleine, caressant leurs corps comme si eux deux, c'était une évidence. Gringe est mort en essayant de me sauver la vie, alors que c'est moi qui ai insisté pour sortir cette nuit. Gringe est mort par ma faute. Gringe est mort. Gringe est mort. Gringe est mort. Cette phrase tourne en boucle et c'est avec un cœur détruit qu'il rentre chez lui, dans son petit studio à la décoration douteuse. Tout lui fait penser à lui. Ses figurines des chevaliers du Zodiaque, ses Dvd rangés par préférences qu'il avait promis à Gringe de visionner ensemble, quand tout ça serait finit. Et c'est fini. Mais pas comme il l'aurait voulu.
Il ne parvient pas à trouver le sommeil, son cœur lui fait mal, ses larmes irritent ses joues rougies d'avoir trop pleuré, ses yeux gonflés et humides l'empêchent de voir quoi que ce soit. La seule chose matérielle qui lui reste de Gringe, c'est cette chaîne en or qu'il a adoré voir se balancer autour du cou de son bien aimé lorsqu'il s'occupait de son plaisir, la gorge emplit de tout son amour. Ce souvenir, c'est trop peu pour calmer le torrent de larme qui dévale sur son visage, il a besoin de plus, de sa peau, de son odeur, de sa voix. La dernière fois qu'il aura entendu cette voix, c'était pour lui sauver la vie. Quelle belle preuve d'amour. Si Aurélien doutait encore des sentiments que Gringe entretenait à son égard, maintenant il est convaincu que c'était réel. Guillaume l'aimait. Plus que tout. Au point de mourir pour lui.
Soudain, il se souvient de toutes les affaires que Gringe a laissé au hangar, puis à la cabane. Son cœur se serre et il se relève d'un coup afin de se précipiter à l'extérieur, vers sa vieille voiture cabossée. Son cerveau surchauffe afin d'essayer de se remémorer de la route qui mène au premier lieu, tentant de cacher sa peur d'y croiser Yassine. Mais au fond, l'idée de mourir le charme de plus en plus. Lorsqu'il arrive sur les lieux, il s'empresse d'ouvrir la porte et les mauvais souvenirs le frappent de plein fouet. Ce matelas sale, cette chaise, ces cordes, ce sceau, cette odeur... Mais son cœur s'apaise directement lorsque ses yeux se posent sur la toile, ce portrait de lui qu'il avait pris plaisir à peindre. Il s'en approche et son rythme cardiaque semble s'arrêter. Ce visage... Plus jamais il ne le verra. Même s'il en était déjà conscient, cette constatation lui retourne l'estomac et des larmes dévalent à nouveau ses joues. Il s'empare du tableau et file à la cabane, où il espère y retrouver quelques souvenirs laissés il y a quelques heures, lorsque Gringe était toujours là.
Et effectivement, rien n'a bougé. Le sac de Pedro est toujours nonchalamment avachi sur le sol, leur lit à côté des braises du feu... Il a l'impression que Gringe va revenir, qu'en l'attendant ici, en se réveillant demain matin, il sera là, à ses côtés. Le matelas accueille alors son corps, la couverture le recouvrant, son visage enfouit dans les coussins à la recherche de la moindre odeur qui lui rappellerai lui.
Le soleil daigne enfin pointer le bout de son nez, Aurélien n'a pas dormi et il sait qu'il ne doit pas rester seul aujourd'hui. De mauvaises pensées ont traversé son esprit toute la nuit, alors, ce soir, il mettra fin à ses jours, c'est décidé. Mais pour cela, il doit rentrer chez lui, impossible de faire ça ici, il salirait l'image de cet endroit merveilleux. En rentrant chez lui, le tableau dans les mains, il se sent vide. Rien ne lui ramènera Gringe, alors autant le rejoindre dans l'au-delà. Vivre sans lui n'est pas une option, sa vie n'aurait aucun sens s'il est privé d'amour. De son amour. Tout s'est passé très vite entre eux, pourtant, il a l'impression de l'avoir toujours connu. Ses yeux le brûlent d'avoir versé tant de larme, alors c'est avec le t-shirt de Gringe serré contre sa poitrine qu'il s'endort sur son canapé, son corps tremblant de douleur d'avoir tout perdu.
Il erre durant 2 jours dans son studio, sans rien avaler, sans prendre la peine de se laver car, à quoi bon être propre si ce n'est pas pour sentir les mains baladeuses de Gringe sur son corps ? Est-ce possible de mourir de tristesse ? Il n'a pas eu le courage de se foutre en l'air car, est-ce que Gringe aurait voulu ça pour lui ?
Ce soir, alors qu'il est allongé dans son canapé, il entend deux petits coups discrets contre sa porte. Est-ce un mirage ? Est-ce que le fait d'avoir rêvé entendre sa porte toquer lui fait entendre certains bruits ? C'est d'un pas nonchalant qu'il se dirige vers son entrée, des cernes noirs floquées sur sa peau claire, bordant ses yeux en amande, un air éperdument triste sur le visage. Qui vient l'emmerder à cette heure-ci ? Il déverrouille la porte sans prendre la peine de regarder dans le judas, et lorsqu'il l'ouvre, son cœur s'arrête.
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Stockholm
FanfictionUne rencontre plus qu'éprouvante et émouvante entre deux hommes qui n'ont rien en commun. Sauf un coeur en or. Je vous laisse découvrir Orel et Gringe dans un univers ou la musique n'est pas le leur.