Fais un vœu

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-Tu veux faire quoi... Enfin, pendant ces prochaines heures... ? Y'a quelque chose que t'aimerais en particulier ? Regarder un film, jouer à un jeu, discuter, dormir...

Avant qu'il ne puisse terminer d'énumérer toutes les possibilités, Aurélien le coupe en prenant un air sûr de lui.

-Prendre l'air...

Il marque une pause devant l'air perdu de Guillaume, puis soupire en se justifiant.

-Juste 5min... Attache-moi si tu veux, mais s'il te plaît... J'aimerais seulement respirer l'air frais...

-Orel, tu sais très bien que c'est pas une question d'être attaché ou pas...

-Bah alors qu'est ce qui t'en empêche ? Dit-il en prenant la main de Guillaume dans la sienne. Si tu me fais confiance, tu viens avec moi, juste devant, on n'est pas obligé d'aller se promener, seulement s'assoir dans l'herbe...

Gringe soupire en caressant le dos de sa main à l'aide de son pouce. Comment peut-il lui refuser ça ? Impossible de lui résister, il est devenu son monde.

-D'accord...

Il se lève, suivit d'Aurélien qui ne peut s'empêcher de sourire. Lorsqu'ils ouvrent la porte du hangar, Orel s'arrête sous le cadrant de la porte pour observer son environnement. Devant l'entrée se trouve le scooter entièrement rayé de Gringe avec son casque posé sur la selle. Il fait nuit, le ciel est dégagé et les étoiles sont apparemment de sorties. Il ne fait pas spécialement froid, une petite brise vient caresser ses cheveux alors qu'il marche lentement dans l'herbe fraîche. Il n'y a rien autour, juste des arbres et des clôtures pour bétail. Le hangar dans lequel il est retenu devait sûrement être un abri pour du matériel agricole. Il hume l'odeur de la nature en fermant les yeux pour laisser ce parfum emplir ses narines et provoquer son ocytocine (hormone du bonheur). Guillaume le regarde, à la fois émerveillé par cet homme qui semble revivre, mais à la fois coupable de l'empêcher de profiter de l'air pur chaque seconde depuis quelques jours.

-Merci Gringe... On peut rester là... Un peu...

-Autant que tu veux Orel...

Aurélien lui sourit, un sourire sincère qui le rend divinement beau. Il s'assoit par terre, dans l'herbe haute, pour enfouir ses mains dans la terre humide et ressentir à nouveau le plaisir de la vie. Il s'émerveille ensuite devant une colonie de fourmis qui se suivent à la file indienne, portant chacune sur leur dos une trouvaille 10 fois plus grosse qu'elles. Guillaume le rejoint à terre, sans jamais le quitter des yeux, sûrement trop obnubilé par ce visage enfantin, marqué par les coups de Yacine, mais qui reste malgré tout le plus beau visage qu'il n'ait jamais vu.

-C'est demain que ton pote doit rappeler mon père... Non ?

Il se tourne vers Guillaume, légèrement inquiet, et celui-ci détourne le regard, espérant que le plus jeune n'ai pas remarqué le regard insistant qu'il avait posé sur lui.

-Oui... C'est demain...

-D'accord... Tu pourra me dire comment réagit mon père ? J'veux juste savoir s'il est inquiet pour moi...

-J'en suis sûr qu'il l'est Orel...

-J'veux juste... En être sûr...

-Je te le dirai

-Merci...

Aurélien se laisse alors tomber sur le dos, un sourire aux lèvres, s'étirant de tout son long pour profiter de la douceur de la nuit. Il observe les étoiles, fasciné par leurs nombres et leurs éclats. Gringe suit ses mouvements et s'allonge à son tour, à côté de l'homme qui fait vibrer son cœur. Leurs épaules se touchent et aucun des deux ne s'écarte pour se réapproprier son espace personnel. Non, ce contact est appréciable. Silencieusement, ils se laissent bercer par le silence apaisant de la nuit.

StockholmOù les histoires vivent. Découvrez maintenant