Strip poker

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Après de longues minutes à discuter, Pedro doit s'en aller. Il laisse aux deux hommes un sac, comme ce matin, avec ce dont ils auront besoin pour manger, se laver, se changer, et même jouer grâce au jeu de carte qu'il a dérobé à sa mère.

-Je repasse demain matin... Préviens moi à quelle heure je dois venir pour l'argent demain soir...

Guillaume hoche la tête et l'allié s'en va après une bref accolade amicale. Son départ laisse un silence loin d'être agréable entre les deux amants qui n'ont pas pu finir leur discussion. Guillaume se passe une main lascive sur le visage pour traduire sa gêne devant la situation et Aurélien préfère simplement s'assoir devant la rivière, à observer ce flux d'eau pure glisser devant ses pieds.

-Orel... Souffle Gringe en s'approchant de lui.

-On devrait peut-être... Arrêter ce qu'on est en train de faire... Toi et moi...

-C'est vraiment c'que tu veux ? Demande Guillaume en s'asseyant à ses côtés, les genoux repliés contre son torse.

-Non... Mais j'veux pas m'attacher encore plus à toi si c'est pour te dire adieu demain...

Gringe a un peu de mal à encaisser ces paroles. Il a l'impression qu'un couteau s'amuse à découper son cœur en fines lamelles. Il a du mal à respirer et sent sa tête tourner, comme si une crise de panique commençait à se déclarer. Aurélien tourne la tête vers lui et s'aperçoit de la pâleur de son visage.

-Ca va Gringe ?

-Ouais... Ca va... J'vais... J'vais aller marcher 5min...

Il tente de se relever mais des vertiges le prennent d'assaut, le faisant basculer en arrière.

-Gringe !

Aurélien se penche au-dessus de lui en glissant sa main sur son front pour examiner sa température. Il n'a pas l'air d'avoir de fièvre mais sa mine décomposée indique que quelque chose ne va pas.

-Ca va j't'ai dit... Tout va bien...

Il réussit à se redresser pour s'assoir et c'est la gorge nouée qu'il se lève pour s'éloigner. Aurélien se lève à son tour pour le rattraper, pieds nu, les cheveux en vrac.

-M'en veux pas putain... Gringe !

Il attrape son bras pour le forcer à lui faire face. Ce qu'il voit, c'est seulement des larmes maculant ses joues barbues. D'un coup, son cœur se brise. Son comportement change du tout au tout et il s'adoucit immédiatement en glissant une main sur son torse.

-Tu voulais que j'te dise quoi... ? Si tu veux pas qu'on se revoit après ça, moi j'peux pas te promettre une jolie histoire d'amour le temps de 24h... J'en suis incapable Gringe...

-Je sais... J'comprends... J't'en veux pas, j't'assure...

-Mais ?

-Mais j'aurai aimé que ça s'passe autrement... entre nous... j'aurai aimé pouvoir t'offrir une vie différente...

Aurélien se perd dans la contemplation de ce visage si triste qu'il ne connaissait pas. Il glisse sa main sur sa joue et finit par le prendre dans ses bras dans un élan presque compulsif d'amour.

-Hey... Tu te compliques tellement la vie Gringe... Je vois vraiment pas ce qui nous empêcherait d'être ensemble après tout ça...

-Tu vois pas ? Vraiment ? On s'est rencontré parce que je t'ai kidnappé putain... Tu veux vraiment qu'on ait une relation basée sur de la peur, de la souffrance, et tout ce que je t'ai fait endurer ?

-Je t'ai pardonné putain... Je m'en fou de tout ça, j'veux être avec toi... On peut au moins essayer... ?

-C'est trop dangereux... Yassine s'arrêtera jamais de nous chercher...

StockholmOù les histoires vivent. Découvrez maintenant