Stockholm

Señorita

-Gringe... ?

La voix rauque et bien trop familière de Pedro réveille Guillaume. Il ouvre les yeux d'un coup et se redresse si vite qu'un nuage de point tricolore se dessine devant ses yeux. Il les frotte activement avant de regarder autour de lui. Putain... Orel... Il tourne les yeux et le voit, debout, avec un petit sourire timide. Ouf. Pedro rigole et tape amicalement l'épaule de son ami.

-Alors comme ça on s'endort sans prendre la peine de rattacher son otage ?

Gringe comprend qu'il plaisante à l'intonation de sa voix et le regarde, complètement perdu. En voyant le regard qu'ils s'échangent, il comprend qu'ils ont dû discuter ensemble pendant qu'il dormait.

-J'ai dormit combien de temps ?

-Hm, 5h...

-Tu veux dire que... Je dormais... Alors que... Toi tu le gardais ?

-Ouais je sais que t'as besoin de repos et que chez toi c'est compliqué donc ouais j't'ai laissé dormir... Mais putain j'ai tellement eu peur quand je suis arrivé et que j'ai vu Aurélien détaché et toi allongé sur le lit... J'ai cru qu'il t'avait assommé ou un bail dans l'genre !

Il rigole et se lève doucement en regardant Aurélien qui rougit instantanément. Putain, il aurait pu s'enfuir, le tuer, se foutre une balle dans le crâne, mais non. Il a choisi de rester prêt de Guillaume. Mais pourquoi ?? En attendant, le visage d'Aurélien est plus lumineux, moins fermé et surtout, bien plus beau. Il a dû avoir une sacrée discussion avec Pedro pour être aussi détendu après ce qu'il a subi avec Yacine. Guillaume ne comprend toujours pas comment son pote a pu faire ça à quelqu'un d'aussi gentil et parfait qu'Aurélien. Mais même quelques heures après s'être fait violé, Aurélien reste fort et à l'air de s'en être presque remit. Incroyable.

-Enzo m'a demandé si je pouvais reprendre sa garde... J'ai dit oui mais peut être que tu voudrais la reprendre, toi, non ?

Sa phrase est remplie de sous-entendus, il a l'air d'avoir compris que Guillaume ressent une affection particulière envers le jeune Aurélien. Alors, Gringe acquiesce d'un hochement de tête avant de se lever et de fouiller dans son sac. Il n'a rien à lui offrir pour cette garde. Alors, il se redresse et adopte un air embarrassé.

-J'ai oublié un truc, je reviens !

Il s'empresse de sortir du hangar sous les regards interloqués des deux hommes. Lorsqu'il revient, essoufflé, il lance un mouvement de tête à Pedro en direction de la sortie en articulant quelques mots entre deux respirations bruyantes :

-Tu... (souffle), Tu peux y'aller... (Pose une main sur son cœur qui tambourine contre sa poitrine).

Pedro s'en amuse et, sans dire un mot, récupère son sac en lançant un regard rapide à Aurélien qui sourit timidement, avant de s'en aller. Guillaume a vu ce petit sourire et tente de deviner le genre de regard que Pedro lui a lancer pour réussir à faire rougir Aurélien de la sorte. Un regard méchant ? Non, Aurélien n'aurait pas souri. Un regard séducteur ? Pedro n'est pas gay à ce qu'il sache... Donc non... Un regard remplit de sous-entendus ? C'est la seule option possible mais... Des sous-entendus par rapport à quoi ?

-Ca va, ça s'est bien passé ?

-Oui... J'ai juste cru que ton pote allait faire une crise cardiaque quand il est arrivé...

-Tu m'étonne... Et du coup... Y'a un truc que j'pige pas Aurélien...

Guillaume s'assoit enfin sur sa chaise, face à Aurélien qui le regarde d'un air curieux.