Pourquoi tu me regardes comme ça ?

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-Nu... Je préfère...

Gringe écarquille alors soudainement les yeux alors que son cœur démarre un sprint. Il beugue littéralement puis en voyant le regard sérieux d'Orel, il retire son t-shirt pour ne pas vexer son acolyte. Aurélien ne pensait pas que Guillaume accepterait, et alors qu'il découvre son torse, nu, il sent une douce chaleur se loger au creux de ses reins. Il n'ose rien dire, hypnotisé par les gestes de son aîné qui s'est maintenant relevé pour ôter lentement ses chaussures. Bordel de merde, il va vraiment se foutre à poil, pense Orel. Son jogging adidas se retrouve par terre et leurs regards se croisent. Aurélien sent monter une vague de frisson lorsque, d'un mouvement assuré, Gringe retire son dernier vêtement. Nu comme un ver, sa cage thoracique ne cesse de monter et descendre rapidement, indiquant une légère gêne mais surtout, une panique que le plus jeune ne le trouve pas à son goût. D'ailleurs, celui-ci a mis son cerveau sur pause pour observer ce corps devant lui, de haut en bas, s'attardant sur les moindres détails. Ses yeux se posent d'abord sur le haut de son torse, retraçant de loin ses muscles finement dessinés. Puis il regarde ses abdominaux, se contractant à chaque expiration. Puis lorsqu'il s'attarde sur son entre-jambe, son cœur s'arrête de battre momentanément. Error 404. S'en est trop pour lui, il se mord la lèvre et plante son regard dans celui de Guillaume, qui balbutie :

-P-Pourquoi tu me regardes c-comme ça... ? Demande Gringe d'une petite voix qui fait frissonner son otage.

-Je... Gringe... C'était... C'était une blague...

Gringe écarquille les yeux et se mordille la lèvre d'embarras, d'avoir pris au premier degré les paroles d'Aurélien.

-T'aurait pas pu me le dire avant que je me foute à poil, non ?

-Hum... Non... Enfin... Si... J'aurai pu... Mais... Tu es... Beau... Vraiment beau...

Guillaume se sent alors flatté mais mort de honte d'être aussi nu devant la personne qui fait chavirer son cœur. Il se dépêche de se rhabiller, et en enfilant son t-shirt, il peut lire dans le regard d'Aurélien une pointe de déception d'avoir perdu ce visuel apparemment plaisant.

-D-Désolé... J'aurai pas dû... Je... Je vais préparer la... Euh... Le matériel...

Orel installe alors sa toile et prépare ses pinceaux, ses mélanges de couleur, et indique à Guillaume comment il doit se positionner. Assit sur la chaise, le regard fixé dans celui de son peintre, comme s'il posait pour une photo.

Il commence alors à dessiner les contours du visage, puis le corps au crayon à papier. Aucun des deux ne parlent, trop concentrés et trop gênés par leurs sentiments naissants. Guillaume profite de ce silence pour retracer les traits du visage de son peintre, en commençant par ses yeux en amende qu'il trouve magnifiques. Il pourrait se noyer dedans durant des siècles tant son regard est profond et remplit d'émotions. Il tente de déchiffrer ce à quoi il pense, puis se perd dans la contemplation de ses lèvres. Ces lèvres qu'il a tant aimé goûter et qu'il aimerait regoûter a nouveau, juste pour confirmer encore une fois qu'il les adore. Sa mâchoire carrée le rend charismatique, viril, mais toujours avec une pointe de fragilité et de tendresse.

A le regarder, il a l'air d'être l'homme le plus doux de cette planète, l'homme qui a conquis le cœur du plus vieux pour la toute première fois de sa vie.

Aurélien se concentre mais ne peut s'empêcher de couvrir le visage de Gringe par de longs regards d'admiration. Il prend plaisir à dessiner et à rendre hommage à la beauté de son amant sur une toile qu'il espère pouvoir garder toute sa vie. S'ils ne se revoient pas après sa libération, il gardera ce souvenir pour se rappeler à quel point cette période de sa vie l'a bouleversé, tant par l'anxiété de la prise d'otage que par les forts sentiments qu'il éprouve envers son kidnappeur.

StockholmOù les histoires vivent. Découvrez maintenant