Premiers mots

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Dimanche, 5h du matin, Guillaume arrive au hangar pour sa relève. Enzo se tient face à Aurélien, les mains reposant sur une batte de baseball perpendiculaire au sol, tel un mac.
Guillaume s'avance et fais signe à son collègue qu'il peut aller se reposer, qu'il va assurer sa garde.

Une fois seul avec Aurélien, Guillaume s'installe en face de lui et jette la batte loin de lui, dans un soupir de regret. N'ayant pas de 4G ni d'occupation, il détaille le visage de son prisonnier, prenant le temps de s'attarder sur chaque parcelle de peau. Mais avec le bandeau et le bâillon, difficile de se faire une idée exacte.

Il passe alors 1h à réfléchir à comment il aurait pu éviter tout ça, à comment cette histoire à commencer, à pourquoi il a accepté ce coup. Aucune réponse, seulement des questions qui amènent à de nouvelles questions. C'est long... Encore 4h... Va falloir trouver une occupation...

Il se rappelle alors de la façon dont il a été assommé et se rend compte qu'il est peut-être blessé. Il se lève et passe derrière lui afin d'inspecter son cuir chevelu. En effet, il a des bouts de verre encore planté dans le crâne et une plaie ouverte qui s'est arrêté de saigner.

-Je vais m'occuper de ta blessure, évite de bouger.

Il attrape alors le kit de secours qu'il avait ramené juste au cas où. A l'aide d'une pince à épiler, il lui retire les bouts de verre en maintenant sa tête d'une main sur le front. Il peut donc sentir la fièvre que le plus jeune a développé cette nuit sûrement à cause du stress. Une fois le verre retiré, il désinfecte la plaie avec du coton et de l'alcool pur. Aurélien se crispe sous la douleur mais n'ose pas bouger, il est totalement paralysé.

Pour apaiser sa fièvre, Guillaume trempe dans le seau d'eau un foulard pour le poser délicatement sur son front. Le plus jeune tremble et sursaute au contact, tout est terrifiant, chaque bruit, chaque sensation, il n'a plus aucune notion du temps, il risque de devenir fou si ça continue.

Les soins finis, Guillaume se rassoit à sa place et tente de détendre son prisonnier comme il peut malgré les circonstances.

-T'as faim ? Je t'ai ramené des sandwichs triangle... J'espère que tu aimes, c'est la seule chose que j'ai...

Aurélien tremble à ces mots et sa respiration s'accélère. Guillaume sent son cœur se serrer, alors il se lève et retire le bâillon.

-Tu peux parler tu sais...

Aucune réponse, seulement une respiration saccadée et des sanglots qu'il tente de camoufler. Guillaume soupire, triste de devoir jouer le bourreau. Il enfile son masque et retire le bandeau des yeux de son prisonnier.

Aurélien voit flou, il cligne des yeux rapidement pour améliorer sa vue et lorsqu'il voit Guillaume, il panique. Fallait s'y attendre. Voir un homme masqué en face de vous lorsque vous êtes ligoté dans un hangar, c'est pas très rassurant.

-Eh tout va bien mec... T'as faim ?

Il commence à sortir les sandwichs de son sac et les montre à Orel. Thon mayonnaise ou poulet crudité. Aurélien considère un instant la nourriture puis le masque de son kidnappeur avant d'hocher la tête d'un mouvement peu confiant.

-Tu veux lequel ?

-Poulet... S'il te plaît...

Guillaume sourit, rassuré que son interlocuteur commence à lui faire confiance. Il déballe le sandwich puis se rend compte qu'il est attaché et que ça risque d'être compliqué pour manger.

-Si je te détache pour manger... Tu fais pas le con hein ?

Orel secoue la tête, les yeux écarquillé, heureux d'avoir la possibilité de se sentir libre. Guillaume soupire et se lève pour détacher le plus jeune. Il se rassoit en face de lui et lui tend à nouveau le sandwich. D'un coup, Aurélien attrape le poignet de son bourreau et lui assène un coup de poing en pleine figure avant de commencer à courir dans la direction inverse de la sortie. Lorsqu'il s'en rend compte, Guillaume est derrière lui, munit du flingue ramené par Pedro. Merci Pedro d'avoir pensé à toutes les éventualités...

StockholmOù les histoires vivent. Découvrez maintenant