Chapitre 15

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Des nuages douillets et délicatement ouateux enveloppent encore mon cerveau quand j'entrouvre mes paupières...

Ma première constatation s'avère particulièrement évidente. Je suis toute seule dans un endroit inconnu. Je balaye d'un œil hagard l'enchevêtrement quasi infernal de canettes vides, tee-shirts aux couleurs des RiverHawks, chaussettes solitaires à la recherche de leurs jumelles, et plein d'autres trucs improbables.

La chambre de Jay ! 

L'antre du diable... en quelque sorte.

Je tâtonne l'espace à côté de moi. C'est froid... et pas la moindre pliure sur le drap pour témoigner de la récente présence de Jay. Je me suis pourtant assoupie entre ses bras... quelques instants après nos fantastiques prouesses dignes du Kâmasûtra.

Visiblement, mon splendide Amérindien a préféré se tirer en douce dès que je me suis engouffrée au pays des rêves langoureux. Et ce n'est vraiment pas bon signe.

Je rejoins malgré moi le club maudit où gisent, exsangues, toutes les nénettes qui ont vécu ça. Jeunes ou veilles, belles ou moches, riches ou pauvres... mes très chères compagnes de misère. Je me sens décrassée à la pisse de chat, frottée à l'ortie sauvage, piquée au venin de crotale.

En bref... Jay m'a sans doute larguée, avant même que je puisse prononcer le moindre OUFFF!

Ce magnifique connard aurait dû prévenir qu'il m'offrait un unique ticket aller-retour pour le paradis. J'aurais sûrement réfléchi, quoique ?

On toque légèrement à la porte, et mon cœur bondit dans ma poitrine. C'est peut-être lui. Il est simplement allé acheter des donuts. Je me suis déroulé tout un film d'horreur pour rien. Je lance un timide :

— Entrez !

La petite bouille de Tayanita s'engage dans l'entrebâillement de la porte :

— Tu es visible, Sterenn ?

Ben non, justement... je suis encore à poil !

Elle déboule dans la pièce bien avant la réponse, à peine le temps de rabattre la couette jusqu'au menton. Tayanita me fixe des pieds à la tête. Surprise, effarée, inquiète...

— Merde ! Sterenn ! Tu as dormi nue ?

Je balbutie de mon mieux :

— Euh... ouais... ben...

Elle vient de capter et me lance un long regard peiné :

— Ma pauvre petite Sterenn, toi et Jay ! C'est terrible.

Mince, on dirait que je me suis tapé un mix de Freddy Krueger et de Michael Mayers. Tayanita secoue négativement la tête, d'un air désabusé...

— Jay est un frère adorable, mais je ne le recommande à personne comme copain.

Elle finit par s'offusquer un peu...

— Je me demande bien à quoi tu pensais ?

À rien, justement... je ne voyais que les beaux yeux noisette et les lèvres sensuelles de ton abruti de frangin. Je pourrais aussi te préciser qu'il gère comme un dieu du sexe. Et que j'ai encore des frissons rien qu'à l'idée de ses exploits.

Bon sang ! J'ai envie de pleurer ! Je suis trop malheureuse !

Tayanita a l'excellente idée de changer de sujet...

— J'étais venue parler de Charlie, mais ce n'est pas vraiment le bon moment.

Je rétorque avec énergie :

Danse dans mon coeurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant