Chapitre 24 - L'arche morte

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Nous traversions un énième couloir. J'essayais de rester concentrée même si l'adrénaline pulsait dans mes veines.

Kathy me précédait. Cela faisait une heure qu'elle me faisait visiter Green Point.

- Et par là, il y a quelque chose ?

- Rien de plus que ce qu'on a déjà pu voir, dit-elle en haussant les épaules.

Je cherchais désespérément à me repérer dans le centre.

J'en étais venue à la conclusion qu'il me fallait retrouver l'endroit où se trouvait Jennifer. Au cas où les choses tourneraient mal, je pourrais encore envisager de fuir avec elle.

Bien sûr, j'ignorais encore comment je ferais la prouesse de m'enfuir avec une personne plongée dans le coma ni comment je ferais pour préserver mes parents d'une contre-attaque de la part de l'Ordre. Si je m'enfuyais, jamais je ne les rejoindrais à temps pour les prévenir du danger.

Je n'avais eu aucun mal à convaincre Kathy de me faire visiter les lieux. Mais je pouvais voir à présent que son enthousiasme était retombé depuis longtemps. J'avais refusé de quitter les murs, restant à l'affût d'un moyen de la convaincre d'essayer des portes que je soupçonnais pouvoir mener au sous-sol.

- Si nous allions dehors, je pourrais te montrer quelques endroits intéressants. Il y en a même un que l'on appelle l'Arche morte.

Je capitulai. Rien ne servait d'insister, je risquais de la pousser à bout, voire pire : éveiller ses soupçons.

Or la dernière chose que je souhaitais était qu'elle en parle à Anton ou à Marcus.

- C'est par ici.

Nous venions de quitter les murs du bâtiment principal et déjà Kathy se faufilait dans la végétation qui entourait le centre.

Je n'étais pas certaine que nous pouvions nous aventurer par là, mais mieux connaître les environs serait pour moi un avantage. Et puis, Kathy semblait avoir retrouvé tout son enthousiasme.

Nous avançâmes droit devant pendant un long moment. Je crus même qu'elle s'était moquée de moi, que tout ceci ne pouvait rimer qu'à une chose : j'allais me faire purement et simplement bizuter par mes camarades de dortoir.

Puis tout à coup, je perçu quelque chose dans l'air, comme une vague ou un frémissement.

- Qu'est-ce que...

Mais Kathy me fit signe de me taire.

Elle avançait à présent prudemment en direction de l'orée d'un bois. Sous ses pas, les feuilles mortes et les brindilles séchées craquaient.

Je la suivis sans faire de bruit.

La vibration qui secouait l'air était plus forte à présent. C'était une sensation bizarre, comme une onde, un frottement désagréable et continu. Une chose impossible à décrire.

Arrivée au niveau d'un buisson qui marquait la limite d'une clairière, Kathy s'accroupit. Je la rejoignis et vit alors une des choses les plus bizarres que j'ai jamais vu.

- C'est l'Arche morte.

Il s'agissait d'une construction en pierre noire, fragile comme du verre fumé. Peut-être était-ce de l'obsidienne. Elle semblait d'un autre âge, et tout en elle inspirait le malaise. Elle consistait en deux colonnes qui se rejoignaient pour former une sorte de porte vide.

A distance d'un mètre autour d'elle, aucune végétation, le sol était dur et poussiéreux. Stérile.

Des signes étranges y avaient été taillés.

- On ne sait pas pourquoi cela se trouve ici. Avec les filles, nous sommes un jour tombées dessus par hasard. Personne ne veut me croire, mais je pense que c'est un vestige maléfique de l'Ancien monde.

Je regardai à nouveau la construction en frissonnant.

Le bourdonnement qui flottait autour de nous se fit plus pressant.

Je savais pourquoi personne ne voulait croire Kathy. Tous les objets maléfiques de l'Ancien monde avaient été détruit par l'Ordre. Il était impensable que l'un d'eux puisse avoir subsisté au sein même de l'un des centre de l'Ordre.

Pourtant, au fond de moi, je savais que Kathy avait raison.

Et tout à coup, quelque chose d'étrange se produisit. Je sentis quelque chose remuer au fond de moi et mon sang se mit à pulser violemment au niveau de mes tempes.

J'agrippai l'épaule de Kathy.

- Est-ce qu'on peut partir ?

Elle tourna son minuscule visage vers moi. Elle avait des traits de poupée.

- Ca va ? Tu es toute pâle.

Non, cela n'allait pas.

- C'est ce bruit...

- Bruit ? Quel bruit ?

- Ce bourdonnement, je... Ca...

Elle inspecta les environs.

- Je n'entends rien. De quel bourdonnement...

Je n'entendis pas la suite, je sentis mes jambes se dérober sous moi et je tombai dans un abîme aussi noir qu'infini.

Aleisha Grey - Démons intérieurs - Tome 1 - Wattys2019Où les histoires vivent. Découvrez maintenant