Aleisha Grey est une jeune chasseuse de démons. Mais quand sa sœur se fait tuer par sa faute au cours d'une mission, sa vie bascule.
Aujourd'hui, elle est confrontée à des visions démoniaques qui l'empêchent de tourner la page et de vivre normalemen...
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Cette nuit-là, un bruit ténu m'a réveillée. Une sorte de raclement. Rien que je puisse identifier. Je m'assis dans mon lit et frottai mon visage de mes mains. Je n'étais pas totalement réveillée, sentant encore les restes de sommeil ralentir mes sens et mon cerveau.
Ma chambre était plongée dans l'obscurité. Seule une lumière spectrale s'insinuait par quelques espaces laissés libres entre les rideaux et projetait une lumière morne et grise sur le sol.
Comme je me levai, le bruit reprit. Cela ressemblait à un ronronnement, à un bruit de machine lent et régulier. Je m'approchai lentement de la fenêtre et regardai au-dehors. Tout était calme. La rue était endormie. La lune et les éclairages donnaient une assez bonne vue sur les environs et à part une brume légère qui s'étirait entre les maisons, il n'y avait strictement rien à voir.
Le médaillon que je portait autour du cou frémit. Ce n'était pas normal. Je le touchai du bout des doigts. Ce médaillon, c'était le cadeau que Dan m'avait fait. J'ignore comment il a pu se le procurer. C'est un objet extrêmement rare qui a été fabriqué dans des temps très anciens. En fait, c'est une boussole de vérité. Je n'en avais jamais vue jusqu'à aujourd'hui et je n'arrive pas à croire que Dan ait non seulement pu en posséder une et encore moins qu'il me l'ai offerte. J'avoue que quand j'ai ouvert le petit paquet de papier qu'il avait laissé sur mon édredon, je m'étais attendue à tout sauf à cela.
Je n'ai eu aucune difficulté à reconnaître qu'il s'agissait d'une boussole de vérité. Des objets connus provenant de l'Ancien Monde, les boussoles sont les plus courantes, par contre il est très rare qu'elles soient encore en état de marche. Souvent, elles sont incomplètes ou irrémédiablement abîmées. Celle que m'avait offert Dan était impeccable. J'en avais conclu qu'il devait s'agir d'un bijou hérité dans sa famille depuis des générations et auquel plus personne ne s'intéressait aujourd'hui. À moins d'être versé dans les sciences occultes et démoniaques, ce genre d'objet n'avait aucune valeur. Il ressemblait à une imitation de bijou ouvragé taillé dans un métal sans valeur. Par contre, ce que je ne comprenais pas, c'est pourquoi Dan me l'avait donné.
Le médaillon vibrait par intermittence contre ma peau tout en dégageant une chaleur de plus en plus vive. Quelque chose devait rôder dehors. J'étais à présent parfaitement réveillée. Je scrutai une fois de plus la rue. Rien. Juste cette brume qui accrochait ses doigts aux portes et fenêtres des maisons. Ça et la clarté triste de la lune. Un instant. Je me concentrai sur la brume. Quelque chose clochait.
Tout d'abord, je n'avais jamais vu de brume dans les rues de Riverside, pas même au cours de mes patrouilles nocturnes. Ensuite, celle-ci s'étirait dans la rue comme une énorme chenille, occupant une seule part des environs tout en laissant l'autre part parfaitement intacte.
Le médaillon frémit une fois de plus, cette fois plus fortement. Je plissai les yeux, observant les filaments de brouillard qui s'accrochaient aux fenêtres. Et tout à coup, j'eus un mouvement de recul.
Ce que j'avais sous les yeux, ce n'était pas un brouillard nocturne, c'était de minuscules créatures vrombissantes, semblables à des insectes. Elles étaient des milliers, formant ce nuages gris sans cesse mouvant. Comme si elles étaient mues par une conscience unique, les créatures se tournèrent vers moi et s'agitèrent aussitôt dans ma direction, fondant à l'assaut de ma fenêtre. A présent, la boussole de vérité pulsait contre ma peau, faisant écho aux battements accélérés de mon coeur.
Les créatures étaient des milliers, grouillant les unes sur les autres. Certaines parvinrent à se glisser entre les interstices pourtant inexistants dans le châssis de la fenêtre. Et à partir du moment où quelques unes parvinrent à passer, toutes les autres se pressèrent. En moins d'une seconde, elles étaient des centaines, fondant sur moi. Je reculai vivement, mais c'était trop tard. Elles m'encerclaient, frappant mon corps de partout, tentant d'entrer dans mes yeux, mon nez et mes oreilles. Je me débattis, les arrachant par poignées alors qu'elles grouillaient sur mon visage. Mais d'autres revenaient, sans cesse plus nombreuses. Elles m'envahissaient.
Vaincue et effrayée, je me mis à hurler. Et tout devint noir. Mon dernier souvenir fut les milliers de pattes de ces créatures s'aventurant dans ma gorge alors que je m'asphyxiais.
— Aleisha ! J'ouvris les yeux et vis le visage de ma mère au-dessus de moi. Ses cheveux tombaient épars sur ses épaules, elle était en chemise de nuit. Je me trouvais dans ma chambre, il faisait nuit. Dans un sursaut d'horreur, je plaquai mes mains sur mon visage. J'avais encore le souvenir terrible de ces milliers d'insectes rampant sur ma peau. Rien. Je voulus parler, mais aucun son ne sortit de ma bouche. Ma gorge était sèche et me faisait mal. — Dieu merci, tu es revenue à toi. Tu as fait un cauchemar. Tu n'arrêtais pas d'hurler et j'avais beau te secouer tu ne te réveillais pas. Je me blottis alors entre ses bras. Je me sentais si fragile. — Aleisha, ma chérie. Tout va bien ? Sa voix était triste et fatiguée. — Il y avait des milliers de créatures, elles m'ont attaquées... Ma phrase mourut et je me forçai d'esquisser un sourire. Elle caressa mes cheveux de sa main. — C'était un mauvais rêve. — Ça paraissait si réel. — Mais ce ne l'était pas. Je m'écartai d'elle et la regardai dans les yeux. — Maman, est-ce que je suis en train de devenir folle ? Est-ce que ce poison va me changer totalement au point que je ne serai plus moi-même. Elle m'attira à nouveau contre elle. Je ne crois pas. Et la boussole de vérité pulsa contre ma poitrine.
