seize

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J'observe cette maison avec dédain, c'est là que je vais passer douze longs mois afin de conquérir le cœur de ma fille que son père m'a privée. J'avance suivie par l'un de mes gardes qui tenaient mes valises, le vigile me salue avant de se dégager pour me frayer un chemin. Je me dirige à l'intérieur et remarque quelques-uns des membres de ma famille au salon, la maman de Moussa et des invités. Je salue chacun d'entre eux et m'assois pour discuter un bon moment, j'échange de temps en temps avec ma mère sur le sujet d'Ahmad, la nourriture circulait de partout et la boisson aussi. Le voyage a été long et je ne suis pas d'humeur à faire la fête mais je fais quand même l'effort de rester et afficher un beau sourire pour le plaisir des gens. Des femmes de mon âge à peu près et mes cousines, belles soeurs me prennent en retrait pour me parler de ma nuit de noce. J'essaie d'être courtois en leur disant que c'était pas de mon habitude de parler des choses intimes qui ne concernent que mon mari et moi, elles rigolent me traitant de timide et épouse discrète.

_on est entre nous raconte! S'excite l'une d'elle

_il y'a rien à raconter! Je réponds puis m'en vais saluer d'autres invités.

_sa woudjou bi khana dafay teudiou rek( ta coépouse là elle ne fait que s'enfermer tout le temps dis moi?) me demande une femme du club des vipères, je la dévisage impassible

_guisseugou mako, té khamoumako legui lay sôgueu dôr seuy bi nekkoumafi wône( je ne l'ai pas encore vue, ni rencontrée ! Je viens de débuter le ménage je reviens d'un voyage) je réponds avec un sourire forcé

_wa deugeu leu( oui c'est vrai) ! Sinon diappal seuy bi bou baakh( sois endurante dans ce ménage) ta coépouse m'a l'air d'une paumé, les rumeurs disent qu'elle s'occupe pas d'elle ni de son beau mari que Dieu lui a donné, c'est pourquoi il est allé en trouver une plus belle et sophistiquée. Vraiment tu es la femme parfaite pour Moussa!

_merci! Je réponds agacée, j'avais qu'une seule envie c'est d'aller me couché pour calmer mes migraines, je sors de mon sac la parure en or que j'avais acheté pour ma belle sœur Rokhaya qui avait insisté la dernière fois pour que je lui en amène et la remets à la dame, elle l'avait remarqué dans mon sac entre ouvert et n'a pas arrêté d'y jeter un coup d'œil depuis notre discussion, alors je lui ai offert.

_diarama niarèl kharitou dieukeureum! Kène dou ioe machallah( louages) elle crie en chantonnant, les invités applaudissent puis elle se mit à danser.

Moussa ne m'avais pas dit qu'il y'aurait des gens à mon retour de Los Angeles, c'est sûre qu'il les a prévenus dans le but de m'embêter et de dépenser de l'argent dans le néant. Je ne vois ni ma fille, ni Astou à l'horizon, cette fois ci je suis sûre que je vais rencontrer ma Noor de plus près par rapport à la dernière fois. Au bout de quelques heures les invités s'en vont petit à petit, je continue de discuter avec ma mère sur l'avancée des travaux de sa maison à Sicap.

La maison s'est vidée, je reste seul au salon pouvant pas me lever pour rejoindre ma chambre à cause de la fatigue et l'histoire avec Fama qui sature mon esprit. William est retourné à Londres au près de sa famille histoire de renouer les liens et oublier pendant quelques temps son histoire avec elle. On s'était sévèrement disputé à propos du fait qu'il ait couché avec Fama ce soir là, j'en reviens toujours pas qu'il se soit rabaisser au même niveau qu'elle, mais je comprends sa détresse et sa déception Fama était l'amour de sa vie.

_maman, j'arrive ! Je pars te chercher de l'eau, les envahisseurs sont enfin partis! Disait une petite voix depuis le deuxième étage, je me cambre aussitôt lorsque j'entends ses pas se rapprocher. Une petite silhouette passa à côté de moi en m'adressant un regard glaciale au passage, j'étais comme pétrifiée sur place ne pouvant piper mots, j'arrivais ni à bouger ni à respirer tant le coque était brutal en découvrant le visage de ma Noor, elle ressemblait à deux gouttes d'eau à sa tante Mia mais ses yeux sont pareils que les miens. Elle récupère une bouteille d'eau dans le frigo puis repars la haut, c'était passé si vite que j'ai pas eu le temps de l'arrêter. Elle était trop mignonne et précoce, je souris comme une folle avec quelques larmes qui s'échappaient de mes yeux. Il se fait tard alors je regagne ma chambre manquant de tomber car aveuglé par le visage de ma fille qui ne quittait plus mon esprit. J'ai revu ma Noor après tant d'années, c'est juste extraordinaire, je me jette sur le lit les yeux remplis d'étoiles fixant le plafond.

Laïla Dieynaba Fall: La roue tourneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant