L'éternité dans tes bras

12 Square Grimmaurd

Remus avait transplané juste devant la porte du 12 Square Grimmaurd, sur la dernière marche. Il donna deux coups sur le bois noir écaillé, avec le heurtoir en forme de serpent. Il entendit des pas sur le marbre du hall, derrière la porte et resserra sa cape autour de lui. Le froid était vif et lui piquait la peau : il frissonna.

Le vantail s'écarta doucement et une tête hagarde, à la maigre barbe non entretenue et aux cheveux pas coiffés depuis plusieurs jours, apparut. Remus remarqua les cernes et les yeux rouges, ainsi que l'haleine chargée de whisky Pur Feu bon marché. Il soupira.

— Ce n'est que moi, vieux frère ! Tu m'laisses entrer ? Ça caille !

— Remus... depuis le temps... T'as pas eu trop de mal à retrouver l'adresse ? grinça le maître des lieux.

Le loup-garou eut une grimace fugace. Il avait en effet abandonné son ami, depuis la rentrée. Tous les évènements qu'il y avait eu à Poudlard l'avaient détourné momentanément du 12 Square Grimmaurd.

— Pleure pas ! J'suis overbooké. D'ailleurs, je suis venu te raconter !

Sirius Black ouvrit la porte en grand, pour laisser entrer son plus vieil ami dans la maison sinistre. Il mit un index sur ses lèvres et donna un coup de menton en direction du portrait, caché sous un rideau au fond du couloir. Remus hocha la tête d'un air entendu. Il suivit Sirius dans la cuisine. Dans un coin de la pièce sombre, il vit Kreattur, l'Elfe de Sirius, occupé on ne savait à quoi, qui marmonnait à voix haute ses pensées. Remus perçut « Traître à son sang » et « Sale loup-garou ». L'ambiance devait être joyeuse ici. Ce n'était pas étonnant que Sirius se laisse aller ainsi. Il se mit à penser à ce qu'il savait du futur par Teddy, et se dit que si Hermione voyait celui qui en pinçait pour elle dans cet état, elle partirait en courant.

° Va y avoir du boulot, mon vieux Remus. °

Sirius, sans un mot, retourna s'asseoir à sa place habituelle, une bouteille et un verre devant lui. Remus poussa un soupir et d'un coup de baguette volatilisa la bouteille d'un Evanesco rageur et mit le verre dans l'évier. Il entreprit ensuite de faire du thé. Sirius le regardait sans rien dire, mais Remus, ses sens de loup-garou en éveil, savait que son ami ne le quittait pas des yeux et attendait qu'il parle.

— Sirius... dit-il enfin. Il s'est passé des tas de truc dingues à Poudlard. Tu veux les bonnes nouvelles en premier ? Les plus bizarres ? Ou les plus improbables ? Au fait, tu as lu la Gazette du Sorcier, ces temps-ci ?

Sirius hocha la tête.

— Attentivement ? insista le loup-garou, en posant une grosse théière de fonte sur la table et deux tasses. Le carnet mondain par exemple...

— Non... j'en ai rien à foutre du carnet mondain, pesta Sirius, en se servant un thé brûlant.

— Harry ne t'a pas écrit, récemment ? demanda le professeur.

— Si, mais juste pour me dire qu'il va bien. Tu sais bien qu'on ne peut pas s'éterniser dans les lettres, ni dire des choses trop précises, au cas où les hiboux seraient interceptés.

— Bon. Tu ne sais donc rien.

— Rien de quoi ?

— Rogue s'est marié à Poudlard, y a quinze jours, annonça Remus, en surveillant du coin de l'œil la réaction que ne manquerait pas d'avoir son ami.

— QUOI ? cria-t-il, en se levant d'un mouvement brusque. ROGUE ? MARIÉ ? ON PARLE BIEN DE SERVILUS, LÀ ?

Remus avait soulevé la tasse d'un geste vif, avant que Sirius ne l'envoie voler en sursautant.