Chapitre 10

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Marina s'était endormie dans mes bras. Je fixais le plafond, je revoyais Simon, cette fille et je me demandais si je devais en parler à ma mère ou non. J'en avais envie, rien que pour emmerder Simon, pour qu'il se sente con. Pour que tout le monde soit au courant, qu'il ne puisse plus faire semblant. Semblant d'être un bon père,un mari aimant. Semblant d'en avoir quelque chose à foutre de moi.

Tout tournait dans ma tête a m'en donner le vertige, je me suis endormi comme on tombe dans un puis sans fond. Je me suis réveillé en sursaut, Marina dormait toujours à côté de moi.

Je me suis frotté les yeux, j'avais vu mon père, même si je ne sais pas à quoi il ressemble, même si je ne l'ai jamais rencontré, je l'avais vu dans un rêve. Mon père, entouré de tant de mystères.

Plus je grandissait plus je me demandais pourquoi ma mère ne m'avait rien dit sur lui. À moins que j'ai été conçu lors d'une partouze dans les caves des quartiers Nord, elle devait bien savoir qui c'était. Même si ça expliquerait pas mal de choses, à commencé par la couleur des mes yeux et de ma peau, c'était peu probable.

Je me retournais et essayait de retrouver le sommeil. Je savais bien que c'était peine perdue. Je me suis levé sans réveiller Marina et je suis descendu dans le salon. J'ai allumé la télévision et essayé de faire le vide dans ma tête, mais une idée revenait sans cesse. Mon père.

D'ordinaire je n'y pense pas, ou alors juste un peu comme ça, ça ne m'obsède pas. Mais là je n'arrivais pas à me sortir cette idée de la tête. Retrouver mon père. Harceler ma mère pour connaître leur histoire, savoir pourquoi il n'avait pas voulu de moi.

C'est une question que je ne me suis jamais vraiment posée d'ailleurs. Pourquoi ma mère et mon père n'étaient pas restés ensembles? Est-ce que mon père l'avait quitté quand il avait appris qu'elle m'attendait. Ou est-ce que ma mère avait rompu avec lui avant de comprendre qu'elle était enceinte ? Après ? Est-ce qu'il savait au moins que j'existais ?

J'étais un enfant accident, ça je l'avais bien compris, ce que je ne comprenait pas c'est pourquoi ma mère n'avait pas avorter plutôt que de devoir trainer derrière elle un bâtard pour le reste de sa vie ? Je sais que Marina est contre l'avortement, mais je ne connais pas la position de ma mère sur la question, en même temps je ne suis pas du genre à faire la conversation.

— Asher, on regarde pas la télé Shabbat !

J'ai ouvert les yeux, j'avais dû finir par m'endormir sur le canapé de Marina.

— Je vais à la syna.

Elle a déposé un baiser sur mes lèvres et j'ai réalisé qu'elle était bien habillée, couvrant, enfin tsniout comme ils disent. Elle a claqué la porte, j'ai éteint la télé et terminé ma nuit sur le canapé.

— Marina ?

Elle était rentrée de la syna, on dégustait sa kémia sur la terrasse. Il faisait beau, de plus en plus chaud, le printemps progressait et l'été allait arriver à grands pas.

— Faut que je retrouve mon père...

Elle s'est arrêté de manger, m'a regardé.

— Ça te prends comme ça ?

J'ai hoché la tête, j'en avais jamais vraiment parlé, je n'y avais jamais vraiment pensé.

— C'est à cause de Simon, c'est ça ?

J'ai hoché la tête, oui et non. C'était une sensation bizarre, un peu comme quand on se réveille au milieu de la nuit avec une soif atroce. Comme si d'un coup il n'y avait que mon père qui comptait.

— T'es vraiment sûr de vouloir savoir ?

J'ai marqué un temps d'arrêt et Marina a précisé.

— Si ta mère n'en a jamais parlé c'est sûrement que ça ne s'est pas bien terminé...

Elle n'avait pas tort. Je me doutais bien que leur histoire n'était pas un conte de fée, que chacun devait avoir des torts, mais j'avais besoin de mettre un nom et un visage sur celui qui m'avait conçu. Au risque que ça soit un trou du cul.

— Tu vas m'aider ?

Marina a planté son regard dans le mien. J'ai vu qu'elle essayait de me sonder, de savoir ce que j'étais en train d'imaginer, d'espérer. Je ne sais pas ce qu'elle a vu, ce qu'elle a cru, mais a hoché la tête.

— Faut que tu parles à ta mère, Asher, c'est la seule qui sait qui est ton père.

Évidemment, l'étape que l'on ne pouvait pas sauter, c'était la conversation avec la madre. J'en avais aucune envie.

Dans mes souvenirs, quand j'étais petit, ma mère était pleine de vie. Aujourd'hui, c'est un robot flétri. Elle sourit pour faire plaisir à Simon, elle passe ses journées à essayer de faire plaisir à Simon, elle ne vit que pour Simon, au fond. Pour ce gros con qui s'envoie en l'air avec la première cagole venue.

— Je balance Simon et je lui pose la question.

Marina a grimacé, elle ne devait pas trouver que c'était une bonne idée.

— T'es sûr ? Ta mère est peut-être au courant mais si elle ne l'est pas ça risque de la détruire...

J'ai hoché la tête, la vie de ma mère était déjà bien assez pathétique comme ça pour ne pas en rajouter.

J'ai réfléchi un instant et je me suis dit que j'allais mettre la pression à Simon, j'allais lui dire que je l'avais vu avec sa pute, et que je voulais que ma mère me dise qui était mon père. Sinon, Simon, tout le quartier sera au courant que tu as fauté, bonjour la honte dans la communauté.

Si Dieu croit en toi... [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant