Chapitre 2

88 12 7
                                    

Marina était dans sa cuisine. Je n'avais prononcé aucun mot qu'elle était déjà au courant qu'il s'était passé quelque chose.

- Asher...

Quand ma mère le dit, je m'en fous, mais quand c'est Marina, ca me fait presque regretter ce que j'ai fait. Je lui ai raconté. Je suis un très mauvais menteur, en général, et avec Marina encore plus.

- Faut que tu arrête de taper sur Simon, m'a-t-elle lancé, il va finir par porter plainte et tu vas aller en taule. Je fais quoi, moi, sans toi ?

Marina a visé juste, Marina vise toujours juste. C'est la seule personne sur cette planète que j'écoute quand elle parle. Avec les autres, Simon, ma mère, mes profs, je fais semblant, ou je leur montre carrément que j'en ai rien à foutre.

Elle venait de finir de manger mais comme elle s'est douté que ce n'était pas mon cas, elle s'est remise au fourneau pour moi. Marina adore cuisiner et ce n'est pas pour me déplaire. Contrairement à ma mère qui fait toujours les mêmes recettes, que faisait sa mère, Marina innove, Marina ne suis jamais une recette, elle s'inspire et elle teste, ce qui donne parfois quelques loupés mais elle ne s'en formalise pas.

Elle m'a tendu une assiette de ce qui sera mon diner et s'est installée face à moi. Elle a planté son regard dans le mien. En général, je ne supporte pas que l'on me fixe, et ça a donné lieu à plusieurs des bagarres dans lesquelles j'ai été impliqué. Mais avec Marina, c'est différent, son regard m'hypnotise.

- C'est bon ? m'a-t-elle demandé.

J'ai hoché la tête. C'était délicieux, Marina est vraiment douée.

L'appartement de Marina a toujours été impeccablement tenu. Depuis ses quatorze ans, depuis la mort de son père, elle fait tout. Sa mère reste dans son lit toute la journée, shootée aux anxiolytiques. Marina lui fait à manger, l'aide à se laver, la rassure quand elle revit pour la énième fois le braquage qui lui a pris son mari.

Marina n'a jamais voulu d'aide, même si c'est très dur de gérer un foyer et sa mère quand on a à peine quinze ans. Je suis le seul à savoir ce qui se passe réellement chez elle. Elle savait très bien que si elle en parlait, elle allait être placée en famille d'acceuil et sa mère en institution. Une assistante sociale était allée chez Marina, peu après la mort de son père. Sa mère était déjà complètement annéantie, mais comme Marina repoussait son chagrin en faisant le ménage, elle a réussit à convaincre l'assistante sociale que sa mère était mal juste ce jour là, parce que c'était l'anniversaire de rencontre de ses parents (c'était un mensonge mais Marina ment très bien) et qu'elles avaient besoin l'une de l'autres après ce qui venaient de leur arriver. Ça avait fonctionné.

On est montés se coucher. L'appartement de Marina se trouve au dernier étage de l'immeuble, sa chambre est juste sous les toits, c'était un grenier mais le père de Marina l'a transformé en une chambre et une salle de bains. Je me retrouve allongé dans les draps roses de Marina pendant qu'elle va vérifier que sa mère dort et n'a besoin de rien pour la nuit. Marina adore le rose, ses ongles sont roses, ses draps sont roses, ses affaires de cours sont roses. Le rose, sur les autres filles je trouve que ça fait cagole, mais sur Marina, j'aime bien.

Je consulte rapidement mon portable avant que Marina ne revienne, j'ai six appels en absence de ma mère, mais, pour changer, je m'en fout. Marina entre dans la chambre et referme la porte derrière elle. Elle a détaché ses cheveux, je dois etre le seul à voir Marina les cheveux détachés. Elle a toujours une queue de cheval, une tresse, un chignon, quelque chose qui lui dégage le visage. Toujours, sauf quand elle va se coucher.

Elle vient s'allonger a côté de moi, juste vêtue de son t-shirt Pocahontas et de sa petite culotte rose. Marina adore Pocahontas, c'est son Disney préféré. Elle connait toutes les chansons par coeur, du un et du deux. Et si l'un d'entre eux passe à la télé, je peux être sûr que je vais passer la soirée sur le canapé de Marina, qu'elle s'affalera à moitié sur moi et fixera l'écran avec les yeux d'une gamine qui se retrouve à Disneyland pour la première fois de sa vie. Enfin, j'imagine, parce que Disneyland, j'y ai jamais mis les pieds.

Marina, un jour où l'on regardait Pocahontas, m'a dit que quand elle était petite, elle voulait sortir avec un blond comme John Smith. Je me suis marré, je suis aussi brun que Smith est blond. J'ai les yeux noirs, pas marrons comme la plupart des gens, noirs. Ça fascine mes potes d'ailleurs, Nolan m'a dit plusieurs fois après avoir fumé un peu trop  de beuh que je devais être possédé pour avoir des yeux comme ça. J'ai aussi la peau super foncée, en été on me prend pour un Indien, pas les Indiens de Pocahontas, les Indiens d'Inde. Bref, si il y a un opposé à cet Angliche de John Smith, c'est bien moi.

Marina me caressait les cheveux, c'est la seule qui peut me toucher sans que ca ne réveille en moi des envies de meurtres. Au contraire, quand elle se love contre moi, ça me calme et ça m'apaise. 

Si Dieu croit en toi... [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant