Chapitre 3

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On avait quatorze ans la première fois que l'on s'est retrouvés tous les deux dans le lit de Marina.

On s'est rencontrés dans le bureau des surveillants de Yavné. Elle avait une crise de larmes et je m'étais une fois de plus fait viré de cours, enfin j'avais décidé de partir en plein milieu mais le prof n'était pas d'accord. On avait discuté en attendant que le CPE me fasse une énième lecon de morale dont j'en avait rien à foutre.

Après ça, on se disait bonjour quand on se croisait, on mangeait ensemble alors que mes potes de l'époque me tapaient sur les nerfs et ses amies ne la comprenaient plus.

Un soir, à la sortie du collège, alors que l'on marchait vers le métro, Marina m'a pris la main et, à ma grande surprise , ça m'a plu. On s'est arrêtés et elle a planté son regard dans le mien, on s'est sourit, j'avais un peu chaud mais je ne m'étais jamais senti aussi bien. Elle a posé ses lèvres sur les miennes et ça a été notre premier baiser. Elle m'a emmené chez elle et c'est là qu'elle m'a raconté ce qui était arrivé à son père. Elle m'a fait jurer de ne rien dire à personne concernant l'état de sa mère.

Quelques semaines plus tard, je me suis battu avec un mec au collège. Le directeur, qui avait déjà fait savoir à Simon qu'il ne m'accepterait pas l'année suivante, m'a mis dehors un petit moi avant les vacances d'été.

Simon m'a passé un savon, ca devait être la plus grosse larshouma de sa vie, mais j'en avait rien à foutre. J'étais viré de Yavné ? Tant mieux, je ne supportait plus personne dans ce bahut. Sauf que Simon, lui il était vraiment vénère et il a fini par m'attraper le bras. J'ai rien controlé et, pour la première fois, mon poing a fini dans son nez. Ma mère a hurlé et je me suis barré. J'ai trainé un peu dans la rue et finalement je suis arrivé chez Marina. Il était onze heures du soir, la nuit commençait à tomber. Marina m'a ouvert et elle a tout de suite su qu'il s'était passé quelque chose. Je lui ai tout raconté, que j'étais viré de Yavné, que j'avais frappé Simon, que ma mère avait hurlé, que je m'étais barré. Elle a secoué la tête et je lui ai demandé :

- Je peux dormir chez toi ?

On s'est retrouvés dans son lit, l'un contre l'autre. J'avais l'impression qu'elle savait exactement ce que je ressentais. Elle me caressait doucement les cheveux et je sentais la haine que j'avais dans le ventre se transformer en autre chose. J'avais envie de l'embrasser, elle aussi visiblement parce qu'elle ne m'a pas repoussé. Au contraire, Marina s'accrochait à moins et pressait encore davantage son corps contre le mien. Moi qui ne supporte pas le contact physique, je n'avais encore jamais ete aussi proche de quelqu'un. Même ma mère ne me prend plus dans ses bras depuis que j'ai dix ou onze ans.

J'avais quatorze ans, et pour moi, le sexe c'était pour les autres. Mes potes à Yavné en parlaient des que les profs avaient le dos tourné, c'était à celui qui le ferait le premier.

Marina a cessé de m'embrasser et s'est levée. Elle est revenue presque tout de suite avec une boite de preservatifs qu'elle a posé sur la table de chevet à côté de moi.

- Au cas où, a-t-elle dit.

Marina s'est rallongée contre moi. J'avais de plus en plus chaud et elle aussi.

On était deux gamins, personne ne nous surveillait. Avec le recul, je me dis qu'on était super jeunes, mais qu'elle comme moi, on en avait besoin. Meme si ca n'a pas duré longtemps. On s'était endormis dans les bras l'un de l'autre et j'ai su à cet instant que Marina allait faire partie de ma vie.

Six ans plus tard, la chambre de Marina était toujours la même, mais nous, on avait grandi. Elle a mûrit, moi, je ne crois pas. J'ai toujours cette haine au fond du ventre que Marina transforme en désir en me caressant doucement les cheveux, en me disant que si je continue mes conneries je finirais aux Baumettes et que venir me voir serait au dessus de ses forces. C'est peut-être pour ça que j'ai toujours gardé mes distances avec le mileu, comme on dit à Marseille.

J'ai déjà dealé un peu avec Nolan pour me faire de l'argent de poche, mais je me suis toujours tenu à l'écart de ceux qui faisaient plus que de refourguer de l'herbe au minots du quartier. A force de trainer dehors avec des gens pas fréquentables (selon Simon), j'ai entendu des mecs qui parlaient de faire des casses, des bracos, ce genre de trucs. Jamais on ne me prendra à faire ça, je pourrais le jurer à Marina.

J'adore dormir avec Marina. N'importe où ailleurs je dors très mal. Sauf bien sûr quand il faut que je me lève pour aller au lycée , mais en général à sept heures du matin je dors depuis moins de trois heures.

Ce matin là, comme tous les jours où j'ai dormis avec elle, Marina a dû me tirer du lit.

- Tu vas au lycée, m'a-t-elle lancé en se levant.

Marina habillée est ravissante, nue c'est une déesse. Je connais son corps par coeur, je l'ai vu finir de se transformer: ses seins s'étoffer, ses jambes se galber, et son ventre se muscler.

Si Dieu croit en toi... [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant