Chapitre 19

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Quand le documentaire s'est terminé, Marina s'est levée du canapé pour aller mettre les restes au frigo. Moi, je somnolais déjà, la politique immigratoire de l'Allemagne ça me passionne pas.

— On va se coucher ?

J'ai baillé et je me suis levée. Je l'ai suivie et on s'est retrouvés allongés tous les deux l'un à côté de l'autre.

— Je me sens tellement coupable...

Je me suis tourné vers Marina.

— Arrête.

Je lui ai caressé doucement les cheveux, elle s'était remise à pleurer. Je l'ai serrée contre moi, je voyais pas vraiment ce que je pouvais faire d'autre.

— Asher, tu crois que je devrais voir un psy ?

Euh... Je savais pas quoi répondre ça.

— Si t'as envie, vas-y.

Pas terrible comme réponse... Mais les psy moi, j'y connais rien, j'y suis jamais allé et j'en ai aucune envie.

— J'ai pas envie, mais j'ai pas non plus envie de finir comme...

J'ai hoché la tête. J'étais pas à l'aise et je savais vraiment pas quoi lui dire pour l'aider. Elle a continué.

— Je peux faire une séance pour voir, et après je décide si j'y retourne ou pas.

C'était bien ça.

— Bonne idée.

Elle a soupiré et m'a regardé.

— Je t'aime Asher.

Puis.

— Tu crois que l'amour peut tout résoudre ?

Vous avez quatre heures...

C'était beaucoup trop philosophique pour moi, comme question.

— J'en sais rien...

Le lendemain matin Marina est partie à son IUT. En prenant le métro j'ai réalisé qu'on était mercredi et que l'après-midi j'avais pas cours. Je devais bien avoir une ou deux heures de colle, mais les colles ça m'agace alors j'y vais jamais. J'avais par contre super envie d'aller nager et il ne serait pas dur de convaincre Nolan et Quentin de me suivre dans les calanques, surtout qu'il faisait chaud.

Nolan était affalé sur la table et baillait à s'en décrocher la mâchoire. Derrière nous, Quentin était assoupis sur son cahier, bref un cours normal à 8h du matin...

La prof de droit-éco faisait son cours comme s'il n'y avait rien de plus passionnant au monde que ce qu'elle était en train de dire... La moitié de la classe devait terminer sa nuit, et l'autre moitié prenait placidement des notes, sûrement en rêvant à ce qu'ils allaient faire cet après midi.

J'ai poussé Nolan du coude.

— On va dans les calanques cet aprèm ?

Il a sourit.

— Dans les calanques avec la Porsche de ton beau père ?

— Ouais.

La prof nous lançait des regards réprobateur, Nolan parle fort, beaucoup trop fort.

— Vas-y !

— Nolan, taisez-vous.

Il a lancé à la prof un de ces sourires de mariole marseillais.

— Vous ? Je parle pas tout seul.

Il s'est retourné pour réveiller Quentin en ignorant le regard outré de la prof qui continuait son cours.

— Quentin, on va dans les calanques après, tu viens ?

Quentin s'est frotté les yeux. J'admire la capacité de ce type à s'endormir n'importe où. Il y a plus confortable qu'un cahier comme oreiller.

Il a secoué la tête.

— Après, j'ai foot.

— Bah sèche.

On savait tous les trois qu'il sécherais pas.

Après les cours on est partis dans les calanques avec Nolan, Ahmed et un de ses potes. Il faisait chaud. Les gars ont voulu jouer au ballon, moi j'avais qu'une envie. Plonger. Nager.

— T'es fada, c'est froid.

Je les ai pas écouté, j'ai escalader un peu les rochers et j'ai plongé. Ils ont du commencé leur partie de ballon sur la plage. J'ai même pas regardé, j'en avais rien à foutre. Je me concentrait sur mes mouvements. L'eau me portait, me massait, j'étais bien.

Quand, à bout de souffle, j'ai regardé vers la plage, Nolan et les autres fumaient et buvaient des bières. Je les ai rejoint. On m'a tendu un joint.

— T'es un poisson ou quoi ? Ça fait deux heures que tu nages...

J'ai regardé Nolan en me disant qu'il se foutait de moi. Après un bref coup d'oeil à ma montre, il disait vrai. J'ai bu une longue rasade de coca, mes lèvres avaient encore le goût du sel.

J'ai allumé une Marlboro. Les autres commençaient à être bien défoncés. Ils regardaient des photos de meufs, toujours le même genre. Des pacotilles. Des filles sans valeur, jetables, interchangeables.

— Ash, regarde, elle est bandante.

J'ai afficher une tête blasée. Il a insisté.

— T'as même pas regardé.

Les deux autres se marraient.

— T'es pédé ou quoi ?

J'ai lancé un regard noir à Ahmed qui s'est senti obligé de se justifier.

— On t'as jamais vu avec une meuf alors...

J'ai pas répondu. Nolan a approuvé.

— C'est vrai ça, Ash.

J'ai pas relevé. Il a insisté.

— La vérité, t'es pédé ?

J'ai soupiré. Les deux autres se lançaient des regards amusés.

— A ton avis ?

Il a sourit, de son sourire de mariole marseillais défoncé.

— Si je savais je te demanderais pas...

Les deux autres se sont esclaffés, comme si c'était la blague de l'année.

— Si je suis pédé vous rentrez à pied?

Ils ont arrêté de rire et ils se sont regardés. Ils avaient visiblement trop fumé. Nolan a continué.

— Le prend pas comme ça, Ash. C'est pour toi, regarde je peux t'arranger un coup avec elle.

Il m'a tendu son portable, j'ai pas regardé. Pas la peine.

— Elle est volontaire.

Les deux autres se sont marrés. Nolan m'agitait son portable sous le nez j'avais envie de le balancer dans la mer. Le portable... Et Nolan avec, histoire de lui remettre les idées en place.

— Mais regarde !

— C'est pas la peine, je sais déjà le genre de fille que c'est...

— Et ça te plaît pas ? Elle est super open et tout...

J'ai soupiré en attrapant un Kinder Bueno dans le sac de bouffe qu'on avait achetée en quittant Marseille. J'avais renoncé à expliquer à Nolan pourquoi les filles volontaires et open ne m'intéressait pas. Il aurait fallut parler de Marina. Et ça...

Le pote d'Ahmed m'a montré une photo d'une fille voilée et beaucoup trop maquillée.

— Tu préfères les meufs pures ?

Ahmed s'est marré, apparemment il avait déjà vu la pureté de la demoiselle. Ils se sont mis à raconter des conneries tous les trois et moi je pensais à Marina.

Si Dieu croit en toi... [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant