Chapitre 34

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Je me suis marré. Nolan a ruminé toute la matinée. Il devait se demander comment j'étais devenu pote avec le chef de son réseau, alors que lui n'était pas pris au sérieux.

Il savait pas pour Alméria.

Je m'inquiétais un peu. J'ai envoyé un message à Cindy. Histoire de savoir si elle ne s'était pas encore faite tabassée par son mac.

Ça va ?

Elle m'a répondu dix minutes après.

Nassim dort. Je m'emmerde. Ça va et toi?

J'ai pouffé. J'étais soulagé. J'ai essayé de me concentrer. De prendre des notes, de bosser.

Le bac était dans moins d'un mois, et je me doutais que je l'aurais pas. Tant pis. J'avais pas le temps de réviser en dehors du lycée. Je préférais miser sur la natation que sur l'éducation.

On mangeait le midi quand Nolan a lancé.

— Tu le connais d'où Nassim ?

— De toi.

Il m'a regardé sans comprendre.

— Tu lui parle cinq minutes et il te file sa pute ?

J'ai pas aimé comment il a parlé de Cindy. Comme si elle avait aucune importance, que c'était un objet... Je connaissais pas sa vie mais je me doutais que ça devait pas être un conte de fée.

Quentin s'est marré.

— Tu la voulais Nolan ?

Il a fait une tête chelou.

— Nan mais Cindy les gars.

Quentin et moi on s'est marré. Il faut mieux rire que pleurer...

Il a continué.

— Ash qui baise Cindy...

Ça m'a soulé.

— Et donc ?

Il a pas répondu. Quentin a changé de sujet.

***

Cindy avait suivi Nassim dans son appartement, elle n'avait pas le choix.

Il l'a poussa sans ménagement sur son lit.

— Tu me refais pas ça, Cindy.

Elle hocha la tête, docile. La veille, elle avait refusé une pipe à l'un des associés de Nassim. Elle en avait assez d'être pelotée, échangée, refilée comme un trophée. Ça avait mis Nassim hors de lui. C'était la honte, même pas capable de se faire obéir par sa pute. Deux de ses types avaient coincé Cindy dans un coin du bar à chicha. L'avaient rouée de coups. Elle s'attendait à se faire violer, ils avaient visiblement mieux à faire. Elle avait fuit les quartiers Nord, sans penser aux conséquences.

Nassim se déshabilla rapidement, exhortant Cindy de faire de même.

— Suce moi.

Il marqua une fois de plus son territoire. La domina. La soumis. Cindy se laissa faire. A vrai dire, elle ne pouvait rien faire. Il s'endormit juste après. Cindy, elle, n'avait pas sommeil. Elle pensait à Asher. Si tous les hommes pouvaient être comme lui... Elle avait de la chance, Marina.

Aussi loin qu'elle se souvienne, Cindy n'avait jamais fréquenté de garçon bien, respectueux. Tous ses amoureux l'avait toujours vue comme une terre de Cocagne à conquérir, à posséder. Le premier, elle n'avait pas 13 ans, un minot de quartier plus âgé, lui avait fait goûter des trucs auxquels elle n'aurait jamais dû toucher. Tous s'était enchaîné. Il l'avait fait coucher avec ses copains, avec ses associés, avec tout le quartier.

Cindy savait que ça durerait encore des années. Elle était incapable de décrocher. Ça durerait jusqu'à ce que son corps n'excite plus les mâles, trop abîmé, trop utilisé.

Pour l'instant, elle était encore belle, l'une des plus belles même. Alors Nassim en avait fait son territoire autoproclamé. Cindy était un prix que tous les minots qui bossaient pour lui voulais gagner, toucher, posséder.

Le téléphone de Cindy vibra. Un message. Asher.

Ça va ?

Elle sourit, et tapa une réponse.

***

Le bac était passé et je m'étais foiré. Je savais que je l'aurais pas, même pas aux rattrapages. Nolan n'était pas allé à la moitié des épreuves. Il tentait de devenir un gros poisson parmis les maqueraux marseillais.

Quentin, par contre, avait bossé comme un fou. Il avait pas vraiment choix, s'il se foirait, il devrait aller bosser avec son père. Et ça... Je me faisais pas de soucis pour lui.

Marina, elle, avait finit son DUT de journalisme. Reçue mention très bien.

J'étais allé racketter Simon de 5 000 balles. Ça le faisait chier mais il n'était pas en position de refuser. Marina avait gueulé. D'où tu le fais chanter ? J'avais même eut le droit à un "c'est péché".

Je l'avais pas écoutée et j'avais réservé un hôtel à Tel Aviv. Ca coûtait une blinde mais j'avais aucune envie de dormir chez son oncle.

J'avais prévenu Angeli que je partais deux semaines en vacances. Il n'avais rien dit, à part de m'entraîner tout les jours, abdos, cardio et de nager si j'avais une piscine à proximité. Ça, et de bien profiter.

Pas besoin de piscine, à Tel Aviv il y a la mer.

On avait fait les valises, ça faisait des années que j'avais pas pris l'avion. Marina non plus. On s'est levé tôt, et j'ai conduit jusqu'à l'aéroport de Marignane. Marina avait vérifié quinze fois si on avait bien les passeports, les valises, les billets d'avion.

Ça me faisait super bizarre de me dire que ce soir là je m'endormirais dans un autre pays, à trois mille kilomètres de là. Ça m'angoissait pas plus que ça. Ce qui me flippait déjà alors qu'on avait même pas décollé, c'était de me retrouver dans un pays dont je parlais pas la langue. Mes compétences en hébreu se limitaient à Shalom, todah et eifo shiroutim ? Heureusement, j'avais Marina. Première de sa classe en hébreu pendant six ans à Yavné.

On a enregistré les bagages. L'agent de sécurité nous a demandé si on les avait fais nous même. Il croit quoi ? Qu'on a Alfred le majordome qui fait nos valises à notre place ?

On a passé la sécurité où il faut se déssaper, enlever les chaussures, les vestes. Sortir les portables, les clés. Ça m'énervait. En plus j'ai sonné et un type est arrivé avec des gants pour me palper. J'étais pas bien. Marina me regardait en mode fait pas d'histoires Asher.

J'ai pas fait d'histoire, je me suis crispé. Heureusement, ça n'a pas duré longtemps. On est entré dans le royaume du duty free, et là, j'ai perdu Marina. Elle regardait les parfums, les crèmes, les vernis à ongles.

— Regarde Asher, c'est pas cher.

Même si c'est gratuit, c'est toujours inutile...

— Tu veux pas un parfum?

Je sens mauvais ? J'avais aucune envie d'acheter un parfum dans un aéroport à à peine neuf heures du matin...

Si Dieu croit en toi... [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant