Chapitre 32

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Je l'ai rejoint au bord du bassin.

— T'as du potentiel, c'est certain. Mais le potentiel sans travail, ça sert à rien.

J'ai hoché la tête.

— T'es près à bosser ? Trois heures par jour, tous les jours.

J'étais largué.

— Ouais...

— Pas de retard ni d'insolence. J'ai pas de temps à perdre. Il est où ton lycée ?

Je lui ai dit. Il a réfléchi quelques secondes.

— Demain, 17h30. Et n'espère pas rentrer chez toi avant 21h.

Je suis reparti dans les vestiaires, sonné. J'ai pas eu le temps de prendre une douche, je me suis précipité dans les chiottes et j'ai vomi.

La chaleur, l'effort, le stress, j'en savais rien.

Après, j'ai réalisé que je m'étais pas foiré.

J'aurais du appelé Marina, Mardochée, tout leur raconter. Mais je l'ai pas fait. J'avais peur que ça soit un rêve et que la sonnerie du téléphone me réveille.

J'ai pris la Porsche de Simon et je suis allé attendre Marina devant son IUT.

Elle a halluciné. Après, elle m'a lancé.

— Tu m'oublieras pas quand tu seras une star ?

Je me suis marré, oublier Marina ? C'est juste pas possible.

— Je peux vivre sans toi.

Le lendemain, après les cours, Nolan a voulu aller prendre une bière et il m'a engueulé parce que j'ai pas voulu y aller.

— T'as une meuf pour nous nexter comme ça tout le temps.

C'est vrai qu'entre les verres avec Mardochée et la natation, je passais plus trop de temps avec lui. En plus j'essayais d'arrêter de sécher.

Je me suis marré et je me suis barré. J'allais pas lui raconter que j'allais nager dans la piscine la plus sélecte de Marseille.

Je suis arrivé à l'heure, je me suis changé. Angeli n'était pas là mais une meuf m'a fait faire des échauffement. Elle était beaucoup plus sympa qu'Angeli, mais je sais pas pourquoi, j'avais l'impression qu'elle était moins efficace que lui.

Angeli est arrivé et l'entraînement à proprement parler a commencé. J'ai tout donné.

À 20h45 il m'a dit de sortir de l'eau.

— Pas mal, Asher, pas mal. Mais tu peux mieux faire. Allonge tes mouvements. Et niveau cardio t'as encore des progrès à faire. À demain, même heure.

Je me suis douché, rhabillé. Je suis rentré chez Marina et je me suis écroulé sur le canapé. J'avais jamais été aussi fatigué.

Elle avait préparé le dîner, et m'attendait pour manger.

— Ça c'est bien passé ?

— Super.

Je sens plus mes bras ni mes jambes, mais super.

On a mangé, après on est allé se coucher. Marina m'a un peu allumé. D'habitude j'adore ça, je m'en prive pas, mais là, j'avais pas la force. Je pouvais plus bouger, alors...

— Je suis désolé, je suis claqué.

Elle s'est marrée. Je me suis endormi d'un coup, comme une masse. Aussi loin que je me souvienne ça m'était jamais arrivé. Il était même pas minuit.

Les jours et les entraînements se sont enchaînés. J'étais super fatigué, mais j'avais l'impression d'avoir moins de mal à me concentrer. Je réussissait presque à suivre en cours. J'avais arrêté de sécher et ça faisait bien chier Nolan.

J'avais finit par téléphoner à Mardochée pour lui annoncer qu'Angeli m'entraînait. Il était super content pour moi. Ça m'a touché. Il a voulu aller boire un verre mais j'avais plus de temps pour ça.

Marina s'occupait de moi, me préparait mon dîner et mon petit déjeuner. Mes affaires de natation aussi. Quand je lui disais de laisser, que je pouvais m'en occuper, elle me répondais de me reposer. Et de pas déconner.

C'était assez bizarre, j'avais aucune envie de déconner. Je passais mes soirées à me faire engueuler par Angeli. Allonge tes mouvements. Respire, c'est de la natation pas de l'apnée. Recommence. Recommence. Recommence.

D'habitude quand on m'engueule, je m'en vais. Mais là je continuais d'aller volontairement me faire engueuler. Ça me pesait pas, au contraire je me sentais bien. Je me sentais libre. Motivé. Déterminé.

Comme si j'étais à ma place. Pour la première fois de ma vie.

Un soir, à l'entraînement, pendant que je faisais mes longueurs, Angeli parlait avec un type bien sapé qui s'était posé dans les gradins. Le genre dont est peuplé le bar où j'étais allé quelques fois avec Mardochée.

— Asher.

Angeli m'a fait signe de le rejoindre. Je suis sorti de l'eau. J'étais un peu essoufflé. Le gars m'a regardé comme un cheval de course qu'il aurait voulu acheter.

— Il a l'air essoufflé ton champion...

Il a tendu la main vers moi, m'a touché le cou. Instantanement, tout mon corps s'est contracté et j'ai eu un mouvement de recul. J'ai lutté pour pas lui envoyer mon poing à travers la figure.

Il s'est marré.

— Je voulais prendre ton pouls pas te violer.

Angeli m'a dit de prendre mon poul. Il était beaucoup trop rapide. A cause de l'autre con, pas de la natation...

Je suis retourné nager. À la fin de l'entraînement, Angeli voulais me parler, l'autre était déjà parti.

— Qu'est-ce qu'il t'es arrivé ?

Je me suis mordu la lèvre.

— Asher, je te parle !

— J'aime pas qu'on me touche.

Il a hoché la tête. Avant d'ajouter.

— C'était le recruteur de l'équipe de France.

L'équipe de France ?

Il a continué.

— De toute façon t'es pas encore prêt, l'année prochaine, peut-être.

J'étais complètement largué.

— Allez.

Il m'a tapé sur l'épaule. Je me suis contracté. Il s'est marré.

— T'es un enfant battu ou quoi ?

— J'aime juste pas qu'on me touche.

— Tes potes, tu leur serrent pas la main ?

— Nan...

Il s'est marré et m'a dit que j'étais un savauge. Je suis allé me doucher et me rhabiller.

Angeli m'avait rien dit mais il avait parlé de moi au recruteur de l'équipe de France. Ça me paraissait bizarre, il passait son temps à me dire que je nageais comme un Yorkshire...

Non, le recruteur avait du venir pour quelqu'un d'autre. S'il il m'avait vu nager, c'était par hasard.

Quand je suis arrivé chez Marina, elle m'a annoncé qu'elle avait pris les billets. On partait le premier juillet. J'avais récupéré mon passeport à la mairie la veille.

Quand j'ai fermé les yeux ce soir là, j'ai vu Jaffa.

Si Dieu croit en toi... [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant