Chapitre 24

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Cindy m'a regardé sans comprendre.

- Pourquoi tu fais tout ce que Nassim te dis...

Elle a soupiré. J'ai continué. J'avais aucune idée de pourquoi je lui disais tout ça.

- Tu pourrais faire mieux, Cindy.

Elle a tourné la tête et m'a fixé.

- T'as mieux à me proposer ?

- Euh...

- Alors demande pas !

J'avais rien à répondre. Ça m'a fait de la peine, je sais pas pourquoi. Elle avait quelque chose de bouleversant.

On est arrivés à Marseille à 11h00 du matin, crevés. On a croisé aucun flic sur la route. L'Europe. Schengen. La libre circulation des biens et des personnes. J'allais pas m'en plaindre.

J'ai juste compris pourquoi on fait plus de films sur le go fast entre le Mexique et la Californie qu'entre la France et l'Espagne. Question de suspens à la douane.

Nassim était super content. Je sais pas pour combien de shit il y avait mais ça devait représenter un bon paquet de billets.

Il a claqué les fesses de Cindy.

- T'as été gentille avec lui ?

Elle a acquiescé. J'ai pas commenté. Pas la peine d'en rajouter.

Il m'a filé une enveloppe et je me suis barré. J'ai finis par m'arrêter pour compter. Les billets défilaient entre les doigts. Tout ça. Juste pour un aller retour à Alméria...

J'avoue que là ça m'a un peu tourner la tête. J'avais jamais eut autant d'argent. Je me suis senti vivant.

J'ai commencé à comprendre Nolan. Tant d'argent, d'un coup, sans trop d'efforts. De l'argent facile, faut bien le dire. Un SMIC pour un aller en retour en Espagne, ça donne envie de tout claquer. Et de recommencer.

J'ai tout de suite pensé à Marina. Je ne lui avait jamais rien offert, même pas pour son anniversaire. Rien de matériel du moins. Juste une présence, des baisers, des nuits serrés l'un contre l'autre...

Je suis allé chez elle, elle révisait ses cours sur la table du salon. Elle a tourné la tête quand je suis entré.

- T'étais où ?

J'ai pas répondu et je lui ai donné le paquet que j'avais acheté quelques instants plus tôt. Elle l'a pris, l'air suspicieux.

- C'est quoi ?

- Pour toi ?

- Pourquoi ?

Juste ouvre Marina.

J'étais crevé, deux nuits blanches ou presque. J'avais qu'une seule envie, faire une sieste, la tête posée sur ses genoux.

Elle a ouvert le sac, en a tiré un écrin de bijouterie et l'a ouvert.

- Asher !

Bah quoi ?

- Ça te plaît pas ?

Elle m'a regardé, pas du tout le genre de regard qu'on lance à quelqu'un qui vient de nous faire un cadeau. Même un cadeau pourri qui ressemble à rien.

- Où est-ce que t'as piqué ça ?

Piquer...

- Je l'ai acheté.

Elle a secoué la tête, elle me croyais pas. Ça m'a énervé.

- Tu crois quoi ? Que j'ai braqué une bijouterie en prenant le temps de prendre la boîte, le sac, et la garantie ?

J'ai vu dans son regard qu'elle s'était arrêté à "braquer une bijouterie".

- T'étais où ?

- Avec des potes, pourquoi ?

Elle a planter ses yeux dans les miens. Détecteur de mensonges infaillible.

- Tu mens.

J'ai soupiré. Je sais pas mentir, autant lui dire la vérité même si je savais que j'allais me faire engueuler.

- J'ai rendu service à quelqu'un.

Elle a regardé l'écrin, puis moi, puis l'écrin avant de le fermer et de me le tendre.

- Quel service ?

- Des trucs à aller chercher, à Alméria.

Son visage s'est crispé.

- Des trucs ?

J'ai hoché la tête.

- De la drogue, c'est ça ?

J'ai pas répondu. Elle s'est énervée.

- T'as fait du go fast pour ton débile de pote, Dylan là !

Nolan.

- Tu te rend compte que si tu t'étais fait arrêter tu serais en prison ? En prison en Espagne !

À défaut des châteaux en Espagne...

- Tu m'écoute Asher ?

J'ai pas eu le temps de répondre.

- En fait, m'écoute pas, juste casse toi.

Elle m'a balancé l'écrin à la figure.

- Et reprend ta merde. Je garde pas ça. Tu sais comment ça s'appelle ?

Un collier...

- Du recèle.

J'ai fait deux pas vers la porte. J'y croyais pas.

- Mes clés !

Je me suis retournée.

- Quoi ?

- Mes clés.

Elle tendait sa main. J'ai compris que j'avais vraiment merdé.

Elle a lancé, les larmes au yeux.

- C'est fini Asher.

Fini...

J'ai décroché la clé de mon porte-clés sans argumenter. J'avais pas la force. J'étais comme sonné.

Ça allait beaucoup trop vite.

Finis.

Je me suis retrouvé dans la rue, crevé, saoulé. Paumé. J'ai laissé la Porsche de Simon devant chez Marina, je sais pas vraiment pourquoi. J'ai pris un taxi pour la Corniche.

J'ai ignoré ma mère qui avait l'air contente de me voir et je me suis enfermé dans ma chambre. J'ai dormis, longtemps. J'en avais besoin.

Ensuite, c'est assez confus dans ma tête. Je me suis réveillé, la bouche pâteuse, j'ai pris une douche. Je me suis changé. Je me suis barré. J'ai appelé Nolan, on s'est retrouvés dans un bar. Un bar de nuit, plutôt mal fréquenté. Quentin est arrivé, puis l'une des nombreuses meufs de Nolan. Une blonde décolorée. Je me rappelle qu'il l'a galochée, pelotée. Ils se marraient, ça m'énervait. Je buvais.

J'ai commencé au coca, j'ai fini à la vodka. J'ai fumé aussi. D'ordinaire je déteste ça. Là plus rien n'avait d'importance. Un moment Cindy est arrivé, j'étais déjà bourré, défoncé. Elle s'est assise sur les genoux. Je l'ai pas repoussée, enfin je crois pas. J'avais l'impression d'être anesthésié. Chaque contact de ses doigts sur ma peau me donnait des frissons. J'avais trop fumé.

Je ne sais plus comment, mais on s'est retrouvés au bord de l'eau. Elle m'embrassais, enfin je crois. Quand ses mains ont commencé à se balader sur moi, j'ai eu comme un électrochoc. Marina.

D'un coup je me suis senti sale, j'avais besoin de me rafraîchir. J'ai fait deux pas en arrière. Cindy me regardait avec son petit sourire de chatte. Je me suis dessapé et sans lui laisser le temps de réagir j'ai plongé.

Je pensais plonger dans la Méditerranée. J'ai plongé dans un trou noir. J'ai cru voir des bulles blanches, de l'écume. Puis plus rien.

Un trou noir.

Si Dieu croit en toi... [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant