Chapitre 11

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Le soir, je suis arrivé chez Simon avec la ferme intention de lui mettre la pression. Je ne pensais plus qu'à ça, qui était mon père, d'où il venait, comment il s'appelait...

Quand je suis rentré dans la maison, ma mère était dans la cuisine, je lui ai demandé où était Simon, elle a eut l'air surprise mais elle a répondu.

- Dans son bureau.

Simon se croit tellement important qu'il a une pièce réservée dans la maison portant le pompeux nom de "bureau de Simon". Il était assis et lisait un dossier même si il était 22 heures passées. Je suis entré sans frapper et il a sursauté.

- Asher ?

J'ai claqué la porte et je me suis planté face à lui.

- Je suis au courant pour ta pute.

J'avais pas réfléchi à ce que j'allais dire exactement. C'était sorti tout seul et Simon m'a lancé un regard qui m'a semblé désespéré. Il n'a même pas nié, ses épaules se sont affaissées comme croulant sous le poids de la culpabilité et de ses péchés. J'ai embrayé.

- C'est qui, mon père ?

Pendant 30 secondes j'ai cru qu'il allait me répondre que c'était lui, que c'était lui qui m'avait élevé. Comme quand j'avais 13 ans et que je lui rappellais que même si il sautait ma mère il n'avait rien à voir avec ma venue au monde. Il a dû remarquer que j'avais plus 13 ans et qu'il n'était pas en position de jouer au con...

- Répond, sinon...

- Sinon ? a-t-il lancé avec l'espoir de conserver un semblant d'autorité.

Autorité qu'il n'a bien sûr jamais eu, pas sur moi en tout cas.

- Je lui raconte ce que j'ai vu vendredi.

J'ai montrer le plancher, le rez-de-chaussée, ma mère qui était dans la cuisine en train de ranger.

Simon a soupiré, sûrement le genre de soupire que pousse un condamné. Il était coincé. Je l'ai vu hésité. Je me suis approché de lui, mon visage à quelques centimètres seulement du sien.

- Me dit pas que tu sais pas, je te croirais pas.

Il a hoché la tête. Puis il a lancé comme si ça n'avait aucune importance.

- Un israélien.

La surprise a dû se lire sur mon visage parce qu'il a ajouté.

- Ta mère a vécu là-bas. Elle voulait faire son Alyah.

Je ne le savais pas. Je crois que je n'ai jamais vraiment discuté avec elle. Simon a tripoté son dossier pour tenter de se sentir moins con.

- Son nom ?

Il a secoué la tête, s'imaginant en position de faire de la rétention d'information.

- Simon...

Un regard noir de ma part à suffit pour le faire piquer du fard, il a soupiré avant d'avouer.

- Asher.

J'ai cru qu'il se foutait de moi mais le reflet fadasse de ses yeux bleus m'a fait comprendre qu'il avait trop peur de moi pour ça.

- Nom de famille ?

- J'en sais rien... Un truc yéménite.

J'ai pas insisté et je me suis cassé. J'en savais assez. Mon père s'appellait Asher, il était yéménite israélien, ma mère l'avais connu là-bas, à Tel Aviv, Jérusalem ou Eilat...

J'ai essayé de me souvenir de mes séjours en Israël. J'avais 7 ans la première fois, 12 la dernière. En enlevant l'année où ma mère était enceinte de Yaelle, j'y suis allée 4 fois. Toujours en août. Je me rappelle qu'il faisait chaud, encore plus qu'à Marseille, que la bouffe était bonne. Je me revois avec Simon devant le Mur des Lamentations, le Kotel, comme ils disent. J'avais écrit je ne sais plus quoi sur un bout de papier et je flippais d'avoir fait des fautes d'orthographe. J'ai pensé que Dieu allait m'engueuler. Finalement il s'est rien passé.

J'ai aussi des vagues souvenirs de salles obscures où Simon me parlait à voix basse
Il y avait un grand wagon rouillé et je me demandais ce qu'il faisait là. Faudrait que j'en parle à Marina.

Mon téléphone a sonné. Nolan. Il veut que j'aille avec lui et d'autres types du lycée en boite. J'ai pas envie, mais j'ai quand même dit oui. Il n'y a rien qui m'angoisse plus que de rester allongé dans un lit à attendre le sommeil. Surtout aujourd'hui.

5 heures. On sort de boîte avec Quentin. Nolan a disparu avec l'une de ses blondes décolorés interchangeables. Quentin était plutôt bien bourré et il a pris le premier métro pour rentrer décuver. Moi, j'avais bu que du coca et j'avais qu'une envie, aller nager. Même si l'eau était encore froide. J'avais transpiré, je me sentais sale.

Il était à peine 6 heures quand je suis arrivé au bord de l'eau. Le ciel commençait tout juste à devenir orangé. Je me suis desappé et j'ai plongé. L'eau était glacé mais c'était vivifiant, je me suis senti vivant. J'ai nagé sans m'arrêter pendant une heure avant de réaliser que j'avais rien pour me sécher. Le soleil venait de se lever, je me suis affalé sur les rochers. J'ai somnolé une demie heure avant de me rhabiller.

Je suis rentré dans la première boulangerie que j'ai croisé et j'ai acheté deux religieuses au chocolat, la pâtisserie préférée de Marina.

Je suis monté chez Marina, j'ai posé les religieuses au chocolat dans la cuisine et je suis entré dans sa chambre. Un dimanche matin à huit heures Marina dormait. Je ne suis déshabillé et je me suis couché contre elle. Elle a soupiré dans son sommeil. Je l'ai embrassé doucement et elle a ouvert les yeux, en mode Belle au Bois Dormant.

- Qu'est-ce que tu fais là ?

Je l'ai serrée un peu plus dans mes bras.

- Je t'ai apporté une religieuse au chocolat.

Elle a rigolé et elle m'a embrassé. Mes mains sont parties à la découverte de ses courbes. Je ne suis pas religieux mais si il y a bien quelque chose que je vénère c'est le corps de Marina. C'est comme si ses seins avaient été modelés à la taille exacte de mes mains. Elle a lové sa tête dans mon cou avant de demander.

- Pourquoi tu sens la mer ?

Je me suis marré et je lui ai raconté comment j'avais eut envie d'aller nager.

- T'es malade, elle doit être glacée.

Si Dieu croit en toi... [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant