Chapitre 31

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— Cinquante quatre secondes.

J'avais aucune idée si c'était bien ou pas. Le maître nageur s'est approché. Il m'a regardé comme si il cherchait à se souvenir d'où il m'avait vu. Marina en a profité.

— Bonjour, cinquante quatre secondes au cent mètres c'est bien ou pas ?

Il l'a regardée chelou.

— 54 secondes ?

— Oui.

Il s'est tourné vers moi.

— Vous faites 54 secondes au cent mètres ?

— Apparemment.

Il a halluciné, Marina lui a montré le chrono. Il a sorti sien et m'a lancé.

— Vous pouvez recommencer ?

Si tu veux... Je suis monté sur le plot, il a dit go et j'ai plongé, cette fois j'ai forcé. Ce type devait s'y connaître, j'avais pas envie de passer pour un con.

J'ai terminé, haletant. Il regardait son chrono comme si c'était une relique extraterrestre.

— 51 secondes...

Marina a demandé.

— C'est bien ou pas ?

Il l'a ignorée.

— Vous vous entraînez où d'habitude ?

— Dans la mer.

— Qui vous entraîne ?

C'est un interrogatoire ? Marina a répondu à ma place, plutôt vexée qu'il l'ait ignorée.

— Personne ! 51 secondes c'est bien ou pas ?

Il s'est tourné vers elle, un petit sourire au lèvres.

— 51 secondes, au 100 mètres nage libre, c'est un résultat de jeux olympiques.

Marina et moi on s'est regardé. J'allais lui demandé s'il se foutait de nous, mais il a ajouté.

— Vous devriez trouver un entraîneur, vous avez un potentiel énorme. 51 secondes au 100 mètres, sans entraînement sérieux, c'est incroyable.

— Merci.

J'ai rien trouvé de mieux à répondre. J'étais sur le cul. Un chrono de jeux olympiques. J'aurais jamais pensé valoir quelque chose en natation.

On est rentré chez Marina, sonnés. Le gars m'avait donné le numéro de l'entraîneur de leur piscine. Je l'avais pris, même si je savais que je l'appellerai pas.

J'ai réveillé Mardochée qui était sorti en boîte la veille et je lui ai raconté. Il halluciné.

— 51 secondes ? Florent Manaudou il fait 47 secondes au cent mètres.

— C'est mieux que moi.

Il s'est marré.

— Asher, il s'entraîne tous les jours, depuis des années, toi je sais même pas comment t'as appris à nager.

Je me suis marré, mais la vérité, je savais pas non plus comment j'avais appris à nager.

— Je parle à mon père et je te rappelle.

— Ça marche.

— Salut, frérot.

J'ai souris, frérot, j'avais l'impression d'être de retour à Yavné, presque dix ans plus tôt. Ça m'a fait pensé aux bons moments que j'avais oublié. La sixième, où j'étais presque un élève normal. Pas le premier de la classe, bien sûr. Mais j'avais des potes, Mardochée et Edmond. On jouait à qui serait le plus con. Je gagnait souvent. C'est avec eux que j'ai fumé ma première clope, que j'avais piquée à Simon.

Si Dieu croit en toi... [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant